La finale 100 % féminine de La voix a été longue (2 h 30 min !) et terne, dimanche soir à TVA. Rien pour guérir nos dépressions saisonnière et covidienne, qui nous minent le moral. Heureusement, c’est la pétillante Josiane Comeau, 19 ans, qui a été couronnée reine du populaire télé-crochet, probablement la dernière de sa lignée, car l’émission musicale cédera son trône à Star Académie en janvier, après un règne ininterrompu de huit saisons.

Avec sa queue de cheval portée très haute, ses yeux félins et son timbre de voix cristallin, Josiane Comeau ressemble beaucoup à Ariana Grande. Elle possède ce petit quelque chose qui la fait ressortir du lot. Aussi, elle s’émerveille encore et dégage un enthousiasme contagieux, qui n’existe plus chez des artistes « vétérans » comme Suzie Villeneuve et autres Geneviève Jodoin.

SAISIE D’ÉCRAN DU SITE DE LA VOIX

Josiane Comeau, à la finale de La voix

Pour un téléspectateur qui paie un vote à La voix, voir sa protégée rayonner autant sur la scène, ça n’a pas de prix.

Amplement méritée, la victoire de la popstar Josiane Comeau n’a étonné personne, surtout pas Nostradumas. La jeune Acadienne, qui souhaite entamer des études universitaires en médecine, a récolté 59 % du vote des téléspectateurs, soit plus que toutes ses adversaires réunies.

À l’annonce du triomphe de Josiane, son papa, Jacques Comeau, demi-finaliste à La voix l’an passé, a éclaté en sanglots. Le déluge de confettis a ensuite obstrué le visage de la gagnante, originaire de Dieppe, au Nouveau-Brunswick, pendant de longues secondes. Encore plus étrange, les mesures sanitaires empêchaient les candidates de s’étreindre. Quelle époque bizarre nous vivons, vraiment. Personne ne criait dans le studio, vidé par la pandémie.

La coach de Josiane, Béatrice Martin, a bien résumé l’absurdité de la situation : « C’est de la torture, je veux juste te prendre dans mes bras. »

Depuis le premier épisode de La voix, diffusé en février, Josiane Comeau n’a cessé de progresser. Rappelez-vous. Pendant son audition à l’aveugle, seule Cœur de pirate a enfoncé le bouton rouge pour Josiane Comeau, qui avait repris Si t’étais là, de Louane.

C’est lors du premier quart de finale que le pouvoir d’attraction de Josiane Comeau a été révélé : son Stronger, de Kelly Clarkson, lui a valu l’appui de 89 % du public. Même Cœur de pirate, qui avait accordé plus de points à ses adversaires Beth Cossette et Laurie Drolet, avait paru surprise par l’ampleur de l’amour dirigé envers sa protégée.

Dimanche soir, Josiane Comeau a chanté Lonely, de Noah Cyrus, sœur cadette de Miley Cyrus. Un choix risqué. C’était une chanson en anglais (ce qui déplaît généralement aux fans) et peu connue ici. Mais Josiane a été solide et en maîtrise.

Suzie Villeneuve, 37 ans, a décroché la deuxième place (19 %) avec Le blues du businessman, mais la version au « tu » – au lieu de celle au « je » de Claude Dubois – popularisée par Nicole Croisille. Performance correcte, mais pas renversante.

La troisième, Michaela Cahill (17 %), 26 ans, a livré un Imagine, de John Lennon, tout en douceur. C’était joli, moins criard qu’à l’habitude. Je n’ai pas aimé Nos souvenirs, de Flora Stein (5 %), soit la version française de Memory, de Barbra Streisand. La comparaison avec l’originale faisait mal.

Après huit saisons régulières, et deux éditions « junior », La voix de TVA s’éteint. Officiellement, c’est une « pause ». On s’entend que si Star Académie pétarade dans les palmarès, c’est ce format qui s’incrustera dans nos téléviseurs.

À la toute fin de l’épisode de dimanche, nous avons vu défiler d’anciens participants de La voix, dont les excellents Matt Holubowski et Dominique Fils-Aimé. J’aurais tellement aimé que Charlotte Cardin y participe, d’autant qu’elle vient de lancer une nouvelle pièce.

En excluant Ariane Moffatt et Mike Clay sur Sunshine, les numéros n’ont pas cassé la baraque. En ouverture, il y avait du mou. Mais chapeau à Josiane Comeau d’avoir enfilé la tenue de cowgirl de Cœur de pirate qui avait tant fait jaser cet hiver.

Half Moon Run, c’était très bien, j’avais presque oublié. Le plafond n’a cependant pas levé avec Paul Piché, Tyler Shaw et 2Frères par la suite. Même la tenante du titre, Geneviève Jodoin, a été ordinaire.

En même temps, le virus limite les possibilités d’attirer de gros noms à La voix. C’est déjà beau que tous ces artistes aient pu fouler la scène dans ce contexte difficile.

Très chic dans son veston couleur bordeaux, Charles Lafortune a de nouveau effectué un parcours sans faute. C’est un rôle ingrat que d’animer La voix. Les vedettes y sont les coachs et les candidats. Le maître de cérémonie ne doit pas prendre trop de place et s’assurer que les autres brillent.

En fait, c’est comme le passeur dans une équipe de volleyball. Il est essentiel aux victoires, mais c’est rarement lui qui marque les points les plus spectaculaires.