C’est de l’évasion superficielle garantie à 100 %. De la télé vide-coco éclaboussée de soleil californien, ombragée par les majestueux palmiers de Beverly Hills et parfumée à l’argent comptant.

La téléréalité immobilière Selling Sunset (Du soleil à revendre, en version française doublée) de Netflix, dont la croquante deuxième saison a été mise en ligne vendredi, nous vend des maisons encore plus luxueuses et des poignards mieux aiguisés, qui s’enfoncent plus profondément dans le dos d’une robe cocktail couleur pastel.

Si vous aimez des séries comme Million Dollar Listing, The Hills et les Real Housewives de telle ou telle ville, Selling Sunset vous captivera pendant huit grosses demi-heures. Les autres, ne perdez pas votre temps avec ce « docusoap » aux effluves de Mean Girls, avec des femmes majeures, vaccinées et manucurées.

Selling Sunset suit, dans les collines de Hollywood, un groupe de magnifiques et riches courtières immobilières du groupe Oppenheim, que dirigent les effrayants jumeaux Jason et Brett Oppenheim, dont les dents blanchissent aussi rapidement que leurs muscles gonflent sous des polos trop serrés.

Bien sûr, l’impitoyable course aux commissions demeure au cœur de Selling Sunset. Ces Amazones, toujours en escarpins vertigineux à 1000 $ la paire, se battent quasiment dans la boue pour vendre des palaces à des milliardaires qui ont tous l’air de rentrer de Los Cabos.

Uniquement pour visiter ces demeures de stars, ça vaut la peine de visionner Selling Sunset. Les superbes comptoirs en marbre, les longues piscines à débordement surplombant Los Angeles, les immenses portes qui s’ouvrent sur des terrasses plus grandes que mon appartement au complet, les frigos triples, les meubles Mid-Century choisis avec soin, tout ça fait rêver.

Parlons maintenant franchement, entre initiés. L’autre aspect croustillant de Selling Sunset, ce sont les disputes et les drames de bureau, qui accaparent la moitié du temps d’antenne. C’est tellement futile, comme du niaisage d’ados au secondaire, mais on finit par être aspiré dans ce gouffre de glamour et de griffage, en sachant pertinemment que c’est arrangé avec le gars des vues.

Aussi : on veut savoir si quelqu’un dans l’agence va finir par vendre la fameuse maison à 40 millions, dont la construction est enfin achevée. L’entêtée Davina, une des rares brunes de la distribution, viendra brouiller les cartes en ajoutant à son portefeuille un manoir contemporain valant 75 millions et dont le propriétaire à l’accent slave est hyper exigeant.

Le mariage à venir entre la souriante blonde Mary et son fiancé français Romain nourrit plusieurs intrigues de Selling Sunset 2. Ce pauvre Romain, que tout le monde appelle Row-Maine à l’anglaise, ne s’exprime pas mieux et la production se résout (encore) à le sous-titrer. Il faut le dire : Romain n’est pas la laitue la plus fraîche du tiroir à légumes.

La reine Christine n’entend pas être déclassée par sa « rivalamie » Mary. Christine, qui conduit une Lamborghini jaune canari, revient de vacances fiancée à un milliardaire et organise une fête décadente avec un vrai zèbre dans le décor. Le champagne y coule à flots, déclenchant un torrent de potinage, vous aurez compris.

Dans une scène à la Sex and the City, trois courtières du groupe Oppenheim se déplacent dans l’est de la ville, jusqu’au quartier branché de Los Feliz, pour visiter une propriété franchement mignonne. Mais le dégoût se lit sur leurs visages. Comme si Carrie, Samantha, Miranda et Charlotte avaient posé leurs Manolo au New Jersey. Impensable.

La recrue de l’an dernier, la pétillante Chrishell, mariée à l’acteur Justin Hartley de This Is Us, se laisse moins écraser les orteils. Heather la végane ne sort plus avec son joueur de hockey expatrié en Europe. Elle fréquente maintenant Tarek El Moussa, un des animateurs de l’émission Flip or Flop de la chaîne HGTV.

Une nouvelle agente se joint au groupe, soit Amanza, une bonne copine de Mary. Elle aussi est grande, mince et fabuleuse. Les jumeaux ont clairement un type d’employées dans leur viseur. Ah oui, Maya a accouché et reprend le collier avec son attitude de guerrière intolérante à la « boulechite ». Elle est parfaite.

Pendant cette période économique difficile, ça peut paraître déplacé de se gaver d’une série opulente qui regorge de Ferrari, de vêtements hors de prix et de sacs à main à 4000 balles servant à transporter des chihuahuas.

Honnêtement, pourquoi pas ? C’est comme feuilleter un magazine de mode ou enchaîner les visites libres à Westmount, les dimanches après-midi. On regarde, on fantasme, mais on n’achète pas, d’accord ? Il n’y a pas de mal à se faire du bien.