La création du spectacle Une chance qu’on s’a, diffusé dimanche dernier, a été un sprint. Le fil d’arrivée maintenant franchi, le producteur exécutif de l’émission, Jean-Philippe Dion, retrace avec fierté le travail accompli et prend des notes pour l’avenir.

« Le plus dur [dans la mise sur pied du spectacle], ç’a été de partir d’une page blanche, dit Jean-Philippe Dion. Les 12 premières heures après avoir reçu la commande étaient enivrantes, mais très épeurantes. »

C’était encore chose inédite en temps de pandémie que de voir des artistes se réunir sur un plateau de tournage. Cela faisait des semaines que les artisans et les techniciens du milieu, ainsi que la grande majorité des artistes, n’avaient pas visité un plateau de télé.

Quand l’appel est venu pour une production qui donnerait un tout nouveau mandat à l’émission de variétés, tous ceux qui ont été contactés ont répondu présent. Même s’il fallait tout mettre sur pied en moins d’un mois. Même s’il fallait « tout écrire au fur et à mesure ».

« Tout le monde était content de travailler. En studio, Les Trois Accords ont été parmi les premiers à passer et ils étaient juste heureux de se retrouver. Les artistes tout comme les équipes, en tant qu’humains, ça nous a fait du bien au moral de sortir de notre bulle. »

Et tous les efforts déployés ont payé. Quelque 2 millions de dollars ont été amassés pour les organismes Les Petits Frères et SOS violence conjugale. Les dons ont été récoltés en ligne et par téléphone.

« Je ne m’attendais pas à un chiffre aussi gros que celui-là », dit Jean-Philippe Dion. Chaque dollar est important pour aider la cause, mais la production tenait à ne pas afficher un bandeau d’appel aux dons « trop clinquant » à l’écran pendant la diffusion du spectacle. Principalement par bienveillance. « On sait qu’il y a plein de ménages qui ont de la difficulté financièrement », explique le producteur.

« En même temps, on savait que ces associations ont besoin de ces dons et de voir ce montant, maintenant, je trouve que ça montre que quelque chose de beau se dégage ce qu’on est en train de vivre. Il y a de la solidarité, des gens qui se retroussent les manches, qui veulent aider les autres. On en a eu la preuve dimanche soir. »

La liberté de créer

Avec des cotes d’écoute d’un peu plus de 2 millions à TVA et Télé-Québec, les spectateurs ont été au rendez-vous, ça ne fait aucun doute. Et la réaction générale à la suite de la diffusion est positive.

La liberté de créer pendant l’élaboration du spectacle, mais aussi d’innover, a été des plus favorables, selon Jean-Philippe Dion. Par exemple, le gouvernement du Québec, impliqué dans le spectacle, a prêté une oreille attentive à l’équipe et aidé à l’application des consignes de sécurité, sans jamais s’ingérer dans le processus.

PHOTO FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC.

Plateau d’Une chance qu’on s’a

« Ce qui a fait que le produit final a été aussi intéressant, c’est qu’on nous a laissés créer comme on le voulait dans les limites permises, avec les paramètres possibles en ce moment, relate le producteur exécutif. C’est ce qui a fait qu’on a pu se consacrer à monter une bonne émission. »

Jean-Philippe Dion carbure aux plateaux de télévision. Tout comme bien des membres de son équipe, qui brûlaient d’envie de se remettre à tourner. « Le désir venait de toute part de ressortir les caméras, les preneurs de son, et de faire de la télé, affirme Jean-Philippe Dion. Les grandes émissions produites jusqu’à maintenant, c’étaient celles qu’on a vues aux États-Unis et au Canada anglais, faites avec les moyens du bord parce qu’il n’y avait pas de tournage possible. »

Avec Une chance qu’on s’a, on a voulu dépasser ce standard. La volonté directrice était de déployer les moyens nécessaires [dans la mesure du possible] pour « ramener du beau à la télé ».

Alors que les instructions en matière de confinement et de sécurité sanitaire pourraient bien évoluer dans les prochains mois, le producteur et animateur, qui chapeaute notamment les émissions La voix et Star Académie, aura plusieurs autres casse-tête à résoudre prochainement. 

« Chaque projet va être à réévaluer, dit-il. C’est sûr que je vais réanalyser l’ensemble du processus en fonction de ce qu’on a vécu [avec Une chance qu’on s’a]. C’est le début de longues réflexions. »