Casa Corfu, Casa Loma et Casa de papel. Avant ce week-end, je n’avais expérimenté aucune de ces trois choses mythiques de la scène gastronomico-culturelle.

Comme le buffet de la Casa Corfu est condamné pour cause de pandémie et que le cabaret de la Casa Loma a déserté ses locaux de la rue Sainte-Catherine Est depuis près de 50 ans, vous comprendrez que j’ai été emprisonné pendant deux jours complets avec la captivante télésérie La casa de papel de Netflix.

Bien oui, en retard de trois ans, le grand Dumas, je le sais. C’est pas fort. Je ne sais pas pourquoi, mais le buzz autour de cette production espagnole anxiogène ne m’avait jamais atteint.

J’offre la même résistance — pas du tout rationnelle — à l’univers du sorcier Harry Potter, que je ne connais ni des lèvres ni des dents, pour paraphraser René Homier-Roy. Jamais vu les films, jamais lu les livres, pas du tout intéressé.

Et sacrez-moi patience avec vos quiz : à quelle maison de Harry Potter appartiens-tu ? Hou ! Ce suspense à couper le « poufsouffle » me tue (pas vraiment).

Vendredi soir, un brin chaudaille après un 5 à 7 virtuel, j’ai succombé à l’algorithme de Netflix qui me proposait sans arrêt La casa de papel (La maison de papier, en version française). Verdict ? Dios mio, c’est donc bien bon cette émission-là ! Incapable d’arrêter de regarder.

Après le premier épisode, où une bande de criminels pénètre dans la Fabrique de la monnaie et du timbre de Madrid, on se demande comment cette série stylisée tiendra encore 12 épisodes sur une prémisse mince comme un billet de 50 euros.

Puis, ce hold-up à la Ocean’s Eleven devient un siège de plusieurs jours. Et ce qui s’apparente à un braquage traditionnel se transforme en suspense psychologique aux ramifications multiples.

Les huit cambrioleurs (supervisés par l’énigmatique Professeur) proviennent d’horizons divers et portent des noms de villes. Denver, Moscou, Rio, Helsinki, son cousin Oslo et le sadique Berlin. Deux femmes fortes, Tokyo (la narratrice) et Nairobi, injectent du rock’n’roll aux épisodes, qui vous garderont tendus comme une corde de violon.

Ces bandits vêtus de combinaisons à capuche rouge ne souhaitent pas seulement dérober le butin entreposé à la Fabrique de la monnaie de Madrid. Avec leurs 67 otages, dont la fille adolescente d’un ambassadeur britannique, ils espèrent imprimer, sur une période d’une semaine, l’équivalent de 2,4 milliards d’euros.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

La casa de papel, série espagnole de Netflix

C’est ici que les choses se corsent. Au fil des jours, les ravisseurs nouent des relations ambiguës avec leurs prisonniers. Le Professeur, qui prépare ce grand coup depuis des années, tisse même un lien privilégié et tordu avec la négociatrice en chef de la police. Qui souffre du syndrome de Stockholm, ici ? On ne sait plus.

La ligne entre les bons et les méchants s’embrouille. Les voleurs ont des histoires personnelles difficiles, marquées par la pauvreté, la guerre ou le manque d’éducation. Les flics sont au prise avec des problèmes de violence conjugale et de santé. Un point commun unit les deux factions rivales : pas question que cette opération finisse en bain de sang.

Cerveau derrière ce plan complexe, le personnage du Professeur est formidable. C’est lui qui a recruté, réuni et entraîné les huit membres de la bande, qui portent tous des masques de Dali. Timide et introverti, le Professeur est aussi rusé, intelligent et mystérieux, ne révélant que des parcelles de sa vie personnelle.

Netflix offre présentement quatre saisons de La casa de papel, pour un total de 38 épisodes. Il s’agit de la série non anglophone la plus populaire du service. Je comprends parfaitement pourquoi. C’est brillant et angoissant.

Maintenant, on jase, là, pensez-vous que je suis plus Gryffondor ou Serpentard ? De toute évidence, je n’ai pas le discernement ni l’intelligence d’un Serdaigle, duh.

Le chiffrier de la télé

Le confinement n’a pas dopé outre mesure les cotes d’écoute de la 10e saison des Chefs ! à Radio-Canada. Les deux premiers épisodes de la téléréalité culinaire ont été vus par une moyenne de 618 000 mordus, en comparaison avec 588 000 fans qui ont visionné les deux premières heures l’an dernier.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Élyse Marquis anime Les chefs ! à Radio-Canada.

On aurait pu s’imaginer qu’avec autant de gens à la maison, les chiffres des Chefs ! auraient pu grimper davantage, mais non.

Samedi soir, le concert One World : Together at Home a intéressé 496 000 téléspectateurs qui l’ont suivi sur une chaîne anglophone, en grande majorité chez CTV (467 000). Du côté franco, Vrak a présenté le même spectacle entre 20 h et 22 h et a récolté une audience moyenne de 218 000 personnes.