Si vous jugez votre situation familiale compliquée en période de confinement, ayez donc une pensée pour les familles nombreuses cloîtrées avec une dizaine d’enfants. On pourra même découvrir comment elles se débrouillent, puisqu’une série d’émissions spéciales sur Canal Vie proposera une incursion dans ces foyers très peuplés.

Dans Nombreux et heureux en confinement, qui sera diffusé du 5 au 7 mai, trois familles enfermées avec leur ribambelle d’enfants nous dévoileront leur quotidien et leurs stratégies pour s’en sortir durant l’épidémie. Du suivi scolaire à la monstrueuse épicerie, en passant par la mise en application des consignes d’hygiène, bien des défis se sont invités dans ces maisonnées. Heureusement, parents et enfants peuvent compter sur une organisation déjà éprouvée au fil des années.

PHOTO LACHANCEPHOTO, FOURNIE PAR CANAL VIE

La famille de Mélanie Bergeron et de Steve Dupuis

« Ce qui aide, c’est de toujours devancer un peu les enfants. Quand j’ai vu que la crise devenait vraiment sérieuse, j’ai tout de suite organisé et collé au mur un horaire, avec des activités », indique Mélanie Bergeron, mère de 9 enfants, âgés de 5 mois à 18 ans, dont la famille participe à l’émission.

Quant à Pascale Baker et son conjoint Philippe Lacroix, parents de 11 enfants âgés de 6 à 21 ans, ils disent miser sur la constance.

PHOTO FOURNIE PAR CANAL VIE

La famille de Pascale Baker et Philippe Lacroix

On a changé nos habitudes, certes, mais il faut une routine et mettre de l’eau dans son vin. En étant constants en tant que parents, en donnant des règlements, on garde un certain niveau de contrôle et c’est plus facile.

Pascale Baker

Pour évacuer la vapeur accumulée, les deux familles ont recours à la même soupape : les activités, extérieures autant que possible ; sans contact avec d’autres enfants, il va de soi, mais les fratries ont l’habitude de passer du temps ensemble. Les Bergeron-Dupuis mettent d’ailleurs à profit leur grand terrain pour ce faire. Et chez les Baker-Lacroix, quand la moutarde commence à monter, on préconise le recul et le respect de l’intimité de l’autre.

PHOTO FOURNIE PAR CANAL VIE

Les Bergeron-Dupuis occupent leurs journées avec toutes sortes d’activités, dont l’incontournable dessin d’arc-en-ciel. 

Apprendre à apprendre

Cette base posée, il faut toutefois relever d’autres casse-tête, comme le suivi scolaire à la maison. Pour Pascale Baker, même si le confinement se déroule bien en général, c’est là que le bât blesse. « C’est complexe. Je reçois facilement entre 20 et 25 messages par jour de l’école. C’est un travail sans fin de gérer tout le monde », confesse-t-elle, reconnaissante de l’aide offerte par les établissements. Si Mélanie Bergeron peut compter sur son statut d’enseignante au primaire, elle doit tout de même chercher des solutions, par exemple pour pallier le nombre insuffisant d’ordinateurs. Avec la complicité des professeurs, elle se procure des exercices faciles à imprimer.

Avant d’entrer dans les foyers, le matériel vidéo a été désinfecté deux fois plutôt qu’une. 

L’approvisionnement alimentaire se trouve aussi au rayon des potentielles difficultés, en raison des restrictions quantitatives imposées par certains commerces. « Certaines familles sont restreintes à deux pains tranchés par épicerie. Nous, il nous en faut minimum 14 par semaine », lance Mme Baker, qui s’applique dorénavant à désinfecter la montagne de produits acquis. « On a voulu faire nos provisions davantage dans la région, mais on a frappé un mur : une seule personne par famille était autorisée à entrer, alors qu’habituellement, on remplit deux paniers à ras bord », s’est quant à elle inquiétée Mme Bergeron. Mais dans les deux cas, le personnel commercial a fait preuve de souplesse et de compréhension face à la réalité de ces familles élargies, pour qui Costco reste souvent le maître-mot.

Tournage et lavage

PHOTO FOURNIE PAR CANAL VIE

Ce sont souvent les aînés de la famille qui ont pris en main le tournage et la manipulation des caméras. Certains se sont même découvert une passion pour la prise d’images. 

Ces microsociétés familiales parviennent à tirer leur épingle du jeu sur certains plans, notamment celui de l’hygiène. Celles-ci étant constamment menacées par les épidémies de gastro, le rituel du lavage des mains était déjà bien implanté dans le quotidien. Mais on garde l’œil ouvert, rivé surtout sur les plus âgés qui travaillent à l’extérieur, sachant que si le moindre virus se pointe, l’effet domino sera dévastateur. « Chez nous, quand un virus rentre, ça peut être long à faire sortir », rappelle Pascale Baker.

C’est d’ailleurs pourquoi le matériel de tournage qui a été introduit au sein des familles fut minutieusement désinfecté et redésinfecté. Car — ah oui ! — les participants à l’émission furent chargés, confinement oblige, de se filmer eux-mêmes, tâche qui a généralement incombé aux aînés ; ces derniers s’étant même découvert une passion, voire une vocation. Les images furent par la suite transmises aux équipes de production d'Anémone Films restées en tout temps à distance. Mais s’imposer la contrainte d’un tournage dans un contexte déjà compliqué, n’est-ce pas rajouter de l’huile sur le feu ?

PHOTO FOURNIE PAR CANAL VIE

Les Bergeron-Dupuis ont tourné les conditions de l’émission à leur avantage : plutôt que d’y voir une tâche supplémentaire, ils en ont fait une activité d’occupation pour la famille. 

Pas du tout, c’était du bonheur, on s’est bien amusés et cela a fait passer la semaine plus rapidement !

Mélanie Bergeron

Familles (a)grandies

Les deux mères de famille se rejoignent sur les enseignements tirés sur le confinement et l’importance des valeurs qu’elles chérissent. Entraide, partage, tolérance, gratitude : autant d’emblèmes traditionnels qu’elles tentent de polir pendant la crise. Aux adolescent(e)s privés de leur ami(e) de cœur, on explique pourquoi le bien-être collectif passe au premier plan.

PHOTO FOURNIE PAR CANAL VIE

Les images tournées par les membres des familles sont envoyées à l’équipe de production pour réaliser les montages. 

Mmes Baker et Bergeron insistent en chœur sur les bienfaits du ralentissement. « On vit davantage le moment présent, on se rend compte à quel point on était motivés par la performance », dit l’une. « On est sur pause, c’est vraiment le temps de donner de l’attention et apprendre à jouer avec nos enfants. Ce confinement, j’espère qu’il va changer le peuple québécois, et que les parents apprennent à apprécier leurs enfants », conclut l’autre.

Une émission spéciale confinement mettant en scène la famille Groulx et ses 13 enfants sera également diffusée, le 4 mai à 20 h, sur Canal Vie.