Après le gouvernement du Québec, au tour des auteurs de télévision de dévoiler leurs scénarios. Que feraient leurs personnages pendant la pandémie ? Au cours des prochains jours, découvrez comment la COVID-19 les inspire… Pour lancer la série, Luc Dionne nous propose « Le parasite », un épisode spécial de District 31.

Nous sommes dans le bureau de Daniel Chiasson. Le directeur du SPGM, Carl Saint-Denis, est au téléphone. Le ton posé et poli nous indique que son interlocuteur est sûrement quelqu’un d’important. Laurent Cloutier l’observe. Le commandant Chiasson, lui, hoche la tête; c’est qu’il en fait bouger des choses, ce cher Laurent. Le directeur raccroche et, d’un signe de tête, il donne l’aval à l’agent des Services secrets qui bondit de sa chaise pour aller rejoindre les sergents-détectives du 31 qui s’impatientent dans la salle de conférence.

Le directeur Saint-Denis prend la parole. Une importante livraison de stupéfiants doit se faire dans la région de Montréal. Les SD du 31 sont invités à suivre les directives de Cloutier sans poser de questions. Bruno Gagné roule les yeux, Patrick Bissonnette pousse un long soupir, Stéphane Pouliot, lui, y va d’un blasphème à peine voilé. Recevoir des ordres de Cloutier, c’est en demander beaucoup aux gens du 31.

On monte dans les voitures banalisées et on file en direction de l’aéroport Pierre-Elliott-Trudeau. Arrivé au quai d’embarquement, le pilote d’un avion-cargo coupe les moteurs et se prépare à sortir avec son équipage. La porte de l’appareil s’ouvre. Le sergent Pouliot attend l’homme de pied ferme. Il lui remet un mandat de perquisition en lui indiquant que son appareil fera l’objet d’une fouille complète.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L'ÉMISSION

Florence Guindon

Les sergents Saint-Hilaire et Guindon placent l’équipage en détention dans une petite salle adjacente au quai de débarquement. Les enquêteurs en profitent pour leur faire part de leurs soupçons. Les autorités ont eu vent qu’une importante quantité de stupéfiants se trouverait à bord. Évidemment, l’équipage nie avec véhémence. Cloutier cherche avant tout à gagner du temps.

Le Groupe tactique d’intervention s’amène et encercle l’appareil qui est cloué au sol. Les chiens renifleurs sont appelés en renfort. L’affaire est sérieuse. Les enquêteurs Bissonnette, Gagné et Pouliot se dirigent à l’intérieur de l’avion où Laurent Cloutier identifie les conteneurs suspects. L’agent des Services secrets ordonne qu’on vide l’appareil de son contenu. Téléphone en main, il confirme à son supérieur que l’équipement attendu est bel et bien en sa possession.

Laurent retourne ensuite auprès du pilote. L’agent des Services secrets lui explique qu’une opération d’écoute électronique de haut niveau a permis au gouvernement canadien d’intercepter des conversations entre un des principaux fournisseurs de matériel médical en Chine et un dirigeant américain. Sachant qu’il répond aux ordres du gouvernement chinois, il soupçonne le pilote de vouloir détourner la cargaison sur le territoire américain. Le pilote s’en défend; il y a eu erreur dans l’attribution de ces équipements et il promet qu’un deuxième avion doit en principe quitter la Chine le lendemain pour le Canada. L’arrêt à Montréal n’est qu’une escale.

Cloutier n’est pas dupe. Comme le matériel a déjà été payé, le gouvernement canadien considère qu’il s’agit d’un acte de piraterie. Laurent répète que le matériel médical, les masques, les équipements de protection et les respirateurs sont maintenant la propriété des Canadiens. On accepte finalement de libérer l’équipage. Le pilote reçoit l’ordre de quitter le Canada le plus rapidement possible.

Les règles du jeu ont changé. On vole de l’équipement déjà promis; on saisit des cargaisons aux douanes, on détourne du matériel médical. L’entraide internationale est chose du passé. C’est maintenant chacun pour soi. Dans ce domaine, Laurent Cloutier excelle. Il est un atout certain pour le gouvernement canadien.

— Propros recueillis par Nathalie Collard, La Presse