La voix a attrapé le maudit virus et ne résonnera plus dans nos salons pendant plusieurs semaines, voire des mois. Comme Céline Dion avant une longue série de concerts, le concours de chant de TVA repose ses cordes vocales.

À quand le grand retour, pour la diffusion des premières émissions en direct ? Même Nostradumas ne le sait pas. Et normalement, ce vieux grincheux voit tout dans ses cartes de tarot désinfectées à l’eau de javel.

Dimanche soir, nous avons vu la troisième et dernière ronde des duels de La voix. Il ne reste en banque qu’un seul épisode, celui des « chants de bataille », qui a été enregistré avec la supercoach Ginette Reno avant le début de la pandémie. La chaîne de Québecor Média le conserve pour le relayer le dimanche qui précédera la réapparition des prestations en direct, à une date encore inconnue.

PHOTO FOURNIE PAR OSA IMAGES ET TVA

Alexandru Tutuianu et Josiane Comeau

Les chansons entendues pendant ces duels de La voix nous ont permis de bien cerner la personnalité et le style de chacun des coachs. Cœur de pirate a, selon moi, fait les meilleurs choix musicaux du quatuor. Éclectique, originale et surprenante, Béatrice Martin a pigé autant chez Avril Lavigne (Complicated) que Willie Lamothe (Mille après mille), en passant par Les Respectables (Amalgame) et Calum Scott (sa reprise de Dancing on My Own de Robyn), sans oublier la popstar belge Angèle (Oui ou non).

Le numéro que Cœur de pirate a orchestré sur Shake It Out de Florence + The Machine a été l’un de mes préférés. C’est Laurie Drolet qui a remporté le combat, et Cœur de pirate souhaitait sauver PETiTOM, qui a plutôt filé chez Marc Dupré, le seul n’ayant pas enfoncé son bouton rouge pour lui aux auditions à l’aveugle.

C’est probablement la décision la moins compréhensible ou logique de cette huitième saison de La voix. Quand ta coach originale désire te garder, tu ne la sacres pas là comme un vieux kleenex. Abus de confiance de la part de PETiTOM, peut-être ?

À l’opposé de Cœur de pirate, il y a Pierre Lapointe qui a fouillé dans un répertoire très pointu. L’auteur-compositeur-interprète a proposé à son équipe des pièces difficiles, moins connues comme La baie de Metronomy, traduite par Clara Luciani, qui se chante en voix de tête, ce qui est loin d’être idéal pour briller sur une scène.

Pierre Lapointe a testé – trop, je trouve – les capacités de ses troupes. La chanson de Delphine/La chanson de Maxence de Clara Luciani (encore elle ?) a été complexe à apprendre pour Catherine Laurin et William Fontaine-Jalbert. Pourquoi ajouter une aussi grosse couche de stress à ce stade-ci de la compétition ? Pas nécessaire.

Même dans un registre plus grand public, Pierre Lapointe a opté pour des trucs nichés comme Nothing Breaks Like a Heart de Mark Ronson et Miley Cyrus, de même que Lovely de Billie Eilish et Khalid. Au moins, il aura fait découvrir de nouvelles mélodies à 2 millions de téléspectateurs.

Garou s’est révélé un fan de la « vieille école ». Il a sélectionné des classiques comme Princes of the Universe de Queen, un extrait de la bande sonore du film Highlander, Né dans le bayou de Francis (adaptée d’un titre de CCR) ainsi que We’ve Got Tonight, façon Kenny Rogers et Sheena Easton.

Côté francophone, Garou a misé sur des valeurs sûres comme Vivante de France D’Amour ou Dormir dehors de Daran et les chaises. D’ailleurs, ça m’a étonné que Garou offre Alive de Sia à Suzie Villeneuve et Catherine Lydde la semaine dernière. Ça ne cadrait pas du tout avec sa sélection habituelle.

Fidèle à lui-même, et c’est pour ça qu’il demeure l’un de mes favoris avec Cœur de pirate, Marc Dupré a joué la carte pop à fond la caisse. Old Town Road de Lil Nas X, Higher Love de Kygo et Whitney Houston, Gravity de Sara Bareilles ou Respire de Jonas & The Massive Attraction, Marc Dupré sait reconnaître un succès quand il passe.

Par contre, c’est impardonnable de sa part d’avoir utilisé l’insupportable ritournelle Dance Monkey de Tones and I. Pas capable une seule seconde de l’endurer.

Cette chanson-là ou le bruit des ongles qui griffent un tableau noir, ça produit le même effet désagréable. Marc, tu nous dois des excuses collectives. Et ne recommence plus, s’il te plaît.

« Dance for me, dance for me, dance for me, oh oh oh. » Vous entendez comment c’est agressant ? Bonne journée quand même !