À mi-chemin de son marathon de talk-show quotidien, Julie Snyder se sent de plus en plus à l’aise derrière son bureau à roulettes de La semaine des 4 Julie, qui ressemble à un flacon d’alcool en inox.

« Reprendre le talk-show ? J’ai trouvé ça plus facile que je le pensais. Avoir su, je serais revenue en ondes pas mal plus vite », lance l’animatrice de 52 ans lors d’une longue entrevue accordée jeudi en fin d’après-midi.

Les patrons de V disent être « assis sur une petite mine d’or » grâce à la démone. Vous ne tomberez donc pas en bas de votre sofa en lisant que La semaine des 4 Julie a été renouvelée pour une deuxième saison, prévue en septembre. Il reste quelques détails financiers à ficeler, me dit-on.

Réglons maintenant le dossier des cotes d’écoute. Pendant ses quatre premières semaines en ondes, La semaine des 4 Julie a décroché une audience moyenne de 430 000 téléspectateurs, ce qui inclut les visionnements en différé (comprendre : les enregistrements).

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Julie Snyder avec Victor & Rolf sur le plateau de La semaine des 4 Julie

À titre comparatif, la saison de départ d’En mode Salvail a été suivie par 270 000 personnes à l’hiver 2014, toujours en comptabilisant les enregistrements. À l’hiver 2017, Éric Salvail a réussi à hausser sa moyenne à 320 000 téléphiles, soit 100 000 de moins que Julie Snyder.

Quant au Show de Rousseau, piloté par Stéphane Rousseau en 2018, il n’a jamais accoté les performances de ses camarades de fin de soirée. Il a débuté à 236 000 fans, selon les données de Numeris, pour terminer à 139 000, avant d’être débranché.

En ligne, les topos et entrevues de Julie Snyder ont généré 40 % de tous les visionnements sur la plateforme noovo.ca cet hiver. L’entrevue (faussement) alcoolisée de Julien Lacroix demeure son meilleur coup viral.

Il se passe toujours quelque chose sur le magnifique plateau de Julie Snyder : la roue humaine, le karaoqui, les talents de la semaine (que j’aime moins), les questions tannantes, la magie de la chimie avec Yannick Bergeron, la téléréalité de Mélissa Bédard, le jeu « Êtes-vous plus intelligent que votre téléphone ? » ou des entrevues dans le spa.

Cette variété dans les sujets et la façon de les présenter au public, Julie Snyder et son bras droit Stéphane Laporte y tiennent mordicus. « L’équilibre se trouve dans le déséquilibre. Faire un tour de magie avec Luc Langevin, puis parler avec une victime d’Harvey Weinstein, c’est bien correct de mélanger le sérieux et la folie. J’aime être dans le spa avec Pierre-Yves Lord et ensuite présenter un reportage avec Zelda La Grange, qui a été l’assistante personnelle de Nelson Mandela », plaide Julie Snyder.

Le tandem Snyder-Laporte se réjouit également d’avoir reçu des invités peu connus du grand public, comme les créateurs montréalais de Matières fécales, le militant écologiste Rob Greenfield, l’humoriste belge Laura Laune, l’entraîneur adjoint du Canadien de Montréal Luke Richardson ainsi que le zoologiste sud-africain Kevin Richardson, l’homme qui parle aux lions.

L’équipe a même « créé » sa propre influenceuse de 80 ans, l’adorable Paulette Coquette, dont le compte Instagram est suivi par 27 000 abonnés.

Le public aime découvrir de nouveaux visages. On regarde les chiffres minute par minute et les gens ne changent pas de poste.

Julie Snyder

À l’époque du Poing J, à la fin des années 90, les entrevues débordaient souvent sur deux blocs. Plus maintenant. « Le rythme s’est beaucoup accéléré. La télé d’aujourd’hui, c’est pas mal plus effréné », constate le concepteur Stéphane Laporte.

Et pour rien au monde, Julie Snyder, comme Christiane Charette, ne se passerait de travailler en direct, deux soirs par semaine. « Je préfère vivre avec mes erreurs que de proposer quelque chose qui est trop lisse », confie-t-elle. Ses maladresses, elle les assume.

Le fait d’être mère de deux ados a modernisé la façon dont Julie Snyder conçoit ses émissions. Elle a notamment préparé un topo avec les populaires Bigflo & Oli et un autre avec Gims, un rappeur français d’origine congolaise qui cartonne en Europe.

La semaine des 4 Julie nous réserve toujours des surprises. La chanson des Trois Accords nous reste dans la tête pendant des jours. Un alligator vole la vedette. Et le tapis roulant livre la prochaine collaboratrice (Rosalie Vaillancourt), qui met au défi l’animatrice de sculpter un morceau de glace au pic.

« On a un des plus beaux décors de la télé. Quand ta maison est belle, ça attire des gens », rappelle Stéphane Laporte.

Julie Snyder n’a pas non plus perdu son œil pour la mode. Elle a étrenné toute la semaine des robes haute couture des créateurs Viktor & Rolf, dont une coiffée d’une tête de mascotte.

Allumer la télé à 21h sur V, c’est ouvrir une boîte à surprises. Il y aura peut-être un bébé kangourou à l’écran, un malaise entre deux invités, Ricardo qui cuit des crêpes, des gadgets sexuels, une performance de Rufus et Martha Wainwright ou Antoni Porowski de la téléréalité Queer Eye qui montre à Julie comment cuisiner un macaroni au fromage.

Oui, c’est éclectique, mais c’est rarement ennuyeux.