Peu de temps après avoir interprété une grand-mère et sa petite-fille dans la série Prémonitions, Pascale Bussières et Jade Charbonneau ont été choisies pour jouer un tandem mère-fille aussi explosif que touchant dans L’heure bleue. Complices à l’écran comme dans la vie, les comédiennes parlent du métier qu’elles ont toutes les deux commencé au début de l’adolescence.

Trouvez-vous que vous avez des airs de famille ?

Jade : Vraiment ! Quand on joue, tout passe par nos yeux. Même si on n’a pas une couleur ou une forme d’yeux qui se ressemblent, l’énergie qui émane de nos regards est très similaire.

Pascale : Quand je l’ai vue, je me suis dit tout de suite que ce serait crédible qu’elle joue un membre de ma famille. J’ai aussi remarqué sa photogénie, son grain de peau, son intelligence et sa finesse. Ce sont des affaires qui ne s’apprennent pas.

Pour jouer avec autant de justesse la relation amour-haine entre Véronique et Audrey dans L’heure bleue, il faut plus que du talent. Comment expliquez-vous votre complicité ?

Pascale : D’abord, on est très différentes de nos personnages. Je n’ai pas une personnalité aussi explosive que celle de Véronique. Je suis plus conséquente dans mes choix et dans mes réactions envers autrui. Jade est similaire. Nous sommes deux individus assez réfléchis, posés et calmes. Donc, on entre dans un espace de jeu où on se permet de toucher des affaires assez loin de nous. L’écriture et la réalisation nous amènent aussi vers cette complicité. C’est important d’être [à l’aise] l’une avec l’autre quand on joue des personnages de ce genre. Il faut qu’on reste crédibles, en sachant comment rebondir ensemble dans le même registre.

Jade : En plus, nos journées de tournage duraient environ 12 heures. Alors, des moments pour prendre des cafés et se jaser entre les prises, on en a eu !

Jade, appréhendais-tu le travail avec une actrice accomplie comme Pascale Bussières ?

Jade : À 100 % ! J’avais eu une bonne préparation dans Nouvelle adresse et Mensonges en travaillant avec Macha Grenon, Fanny Mallette, Éric Bruneau et plusieurs autres grands noms. Mais, je trouvais ça très intimidant de savoir que j’allais jouer avec Pascale. Heureusement, j’ai vite rencontré la personne. Notre connexion fait en sorte qu’il n’y a pas de « Oh, mon Dieu, c’est Pascale Bussières ! » Aujourd’hui, c’est ma bonne chum.

Pascale, tu as amorcé ta carrière à 13 ans dans le film Sonatine. Avec le recul, que penses-tu d’avoir eu un premier rôle si tôt ?

Pascale : Ç’a été formidable pour moi ! Ça m’a très vite sortie d’une timidité excessive. Ça a forcé la porte du contact avec les autres. J’ai aussi développé une espèce d’autonomie assez jeune et une responsabilité face au travail à accomplir. Il faut être assidu, apprendre nos textes, être prêt. C’était fondateur pour moi. Jade et moi, on se ressemble là-dessus.

Jade, tu as 19 ans aujourd’hui. Comment as-tu vécu tes débuts dans Nouvelle adresse à 12 ans ?

Jade : J’étais hyper timide. J’avais de la difficulté à m’exprimer et à prendre ma place. Le métier a tellement servi mon développement humain que je n’ai pas eu le temps de développer un ego surdimensionné. J’ai concentré mon évolution sur mon ouverture aux autres et ma découverte humaine.

As-tu vécu certaines difficultés ?

Jade : Oui, dont celle de gérer mon horaire de cinglé. Ma plus grande fierté, c’est d’avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires en tournant autant de séries en même temps. J’ai aussi dû faire face très jeune au pouvoir que certaines personnes peuvent avoir sur un plateau et sur leurs acteurs. C’était difficile de ne pas me laisser écraser par ces forces-là qui ne sont pas super saines ni toujours justifiées. Je travaille encore là-dessus. J’apprends à en prendre et à en laisser.

Pascale, donnes-tu parfois des conseils à Jade sur le plateau ?

Pascale : Je n’ai pas tendance à prodiguer des conseils. Mais quand je tourne, je tiens à certains principes. On donne souvent le ton de l’humeur générale sur le plateau. Si on arrive de mauvaise humeur, l’onde de choc va se répandre très vite. Si on arrive détendu, si on sait nos textes et si on est mobilisé, ça influence la suite.

Jade : Elle n’avait pas besoin de dire quoi que ce soit… Depuis le tournage de Prémonitions, je me vois en Pascale. Elle est vraiment smooth sur un plateau. Elle parle à tout le monde. Elle salue les gens. Ce sont des petits trucs de base dans notre travail. Je les ai appris en l’observant. Durant mes premières années, j’ai eu la chance de travailler avec des femmes qui jouaient mes mères et qui étaient aussi des mères dans la vie. Je me sentais protégée comme si j’étais leur enfant pour la journée. J’ai toujours senti une bienveillance de la part de Pascale.

Pascale, quels sont les pièges à éviter dans le métier pour une jeune actrice comme Jade ?

Pascale : Il faut apprendre à composer avec les passages à vide et faire autre chose pour combler les périodes entre les tournages, ces espaces qui nous donnent parfois l’impression de tomber dans le vide. Puisqu’on est pigistes, on n’est jamais dans un état de repos. On est toujours dans l’attente de quelque chose qui viendra ou pas.

Jade : Les creux, c’est ma plus grande angoisse. C’est pour ça que je m’étais inscrite à un programme d’études en impression textile, mais j’ai dû abandonner, car je tournais L’heure bleue, 5e Rang et Toute la vie. J’essaie de tourner et de terminer des études pour avoir un plan B solide.

Pascale : La jeune génération d’acteurs est bonne là-dedans. Ils gèrent leur carrière autrement. Ils ouvrent leur palette. C’est moins fréquent dans ma génération.

Pascale, que souhaites-tu à Jade pour la suite de sa carrière ?

Pascale : Elle est très bien partie ! Je n’ai aucune inquiétude pour elle. Je ne veux pas lui souhaiter simplement de grands rôles, car il n’y a pas de petits rôles. Par contre, je nous souhaite de rejouer ensemble. Et je lui souhaite de tourner un premier film.

L’heure bleue, les mardis, 20 h, à TVA