Pas de limbo un peu chaudaille à Noël cette année, entre deux gorgées de punch aux fruits. En guise de distraction, chacun chez soi, il y aura la Nintendo Switch, la PS5 et la bonne vieille télévision, eh oui. Pour ceux qui souhaitent rattraper les séries qui ont fait le buzz en 2020, voici une liste qui, je l’espère, adoucira votre confinement hivernal.
La princesse prise au piège
Pauvre Diana (Emma Corrin). Si jeune, si naïve et prisonnière d’un mariage arrangé qui la rend profondément malheureuse. Le prince Charles (Josh O’Connor) n’a pas le beau rôle dans cette quatrième saison de The Crown, la meilleure jusqu’à présent. Attendez de voir les rencontres remplies de colère contenue entre Margaret Thatcher (étonnante Gillian Anderson) et la reine Élisabeth II (Olivia Colman). C’est fantastique. Avec sa trame sonore plus pop, The Crown nous entraîne dans les années 80, teintées de marasme économique et de Camilla Parker Bowles (Emerald Fennell). De la télé intelligente et captivante.
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Fermont, mon amour !
Si ce n’est pas encore fait, précipitez-vous sur La faille du Club illico, une des meilleures séries policières produites ici. Ça se passe à Fermont, ville minière isolée où l’activité économique quotidienne se concentre dans l’immense mur-écran qui protège les habitants d’un vent glacial. À l’intérieur du fameux mur, la police locale découvre le cadavre d’une danseuse nue dont le visage a été recouvert d’un masque chinois. Une enquêteuse bourrue (Isabel Richer, excellente) débarque de Québec pour résoudre cette affaire aux ramifications complexes et surprenantes. Fans de « noir nordique », ne perdez plus une seconde, c’est comme feuilleter un polar scandinave.
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Des gens normaux, mais spéciaux
Quelle magnifique série sur l’histoire d’amour tortueuse entre deux camarades d’école secondaire, que l’on suit jusqu’à l’université, à Dublin. Normal People dérive d’un joli roman de Sally Rooney, qui raconte le destin de Marianne, une bourgeoise peu populaire, et Connell, un athlète introverti issu d’une famille modeste. Au contact l’un de l’autre, les deux protagonistes s’émanciperont. Marianne sortira de sa coquille, tandis que Connell embrassera son côté intellectuel qu’il a toujours caché. Leur relation est loin d’être simple. Mais elle est vraie, touchante et remuante.
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Une amitié cachée
Il s’agit de ma série québécoise chouchoute de 2020. J’ai tout aimé de Fragile. La réalisation inspirée de Claude Desrosiers, les textes sensibles de Serge Boucher et l’ensemble de la distribution, où aucun acteur/actrice n’a détonné. Comme dans La faille, maudit que ça fait du bien de voir l’hiver au petit écran, un hiver rude et rugueux. Cette histoire de secrets de famille aurait le potentiel d’attirer des téléspectateurs du monde entier si elle était déposée sur Netflix, par exemple. Du gros calibre.
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Mise en échec cérébrale
Sortie de nulle part, la ravissante série The Queen’s Gambit (Le jeu de la dame) nous a tous charmés par surprise. Qui aurait pu croire qu’une télésérie d’époque mettant en vedette une jeune joueuse d’échecs accro aux pilules remporterait autant de succès ? C’est phénoménal. Nous sommes dans les années 50 et 60, dans le Kentucky. Une orpheline, Beth Harmon (Anya Taylor-Joy), apprend les bases de ce jeu complexe au sous-sol avec le concierge. Rapidement, Beth écrase les meilleurs joueurs au monde, tout en se battant avec ses propres dépendances. J’ai adoré.
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L’œil de la tigresse
Il y a tellement de beaux personnages dans cette dernière offrande de François Létourneau (textes) et Jean-François Rivard (réalisation). Il y a le caïd (René-Richard Cyr) en bobettes, sa femme (Chantal Fontaine) qui capote sur Les tannants, sans oublier Huguette (Marilyn Castonguay) et son œil du tigre, ainsi que la militante (Sophie Desmarais) lesbienne communiste. C’est comme ça que je t’aime, c’est du bonbon. Les répliques savoureuses, les superbes accessoires des années 70, la musique d’époque, l’histoire abracadabrante de ces quatre faux caïds de Sainte-Foy, leur ennui domestique, le tourne-disque à cocaïne, on se croirait dans un film de Tarantino et des frères Coen.
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Chicane dans la cabane
Mon plaisir assumé de confiné en 2020 ? Visiter un paquet de maisons hors de prix dans les collines de Hollywood avec les agentes amazones de la docuréalité Selling Sunset. Voilà de l’évasion superficielle à petit prix, avec un montage aussi efficace que celui d’Occupation double. En plus de la pression immobilière, Selling Sunset nous entraîne dans les petits drames de chacune des protagonistes, dont le divorce de la pauvre Chrishell et le mariage noir diabolique de la vilaine Christine. Les jumeaux Jason et Brett Oppenheim sont toujours aussi épeurants. Romain n’a toujours pas gagné de prix Nobel de physique, mais Seigneur que c’est divertissant.
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Voyage au bout de la nuit
Fans de true crime, celui-ci reste difficile à battre. I’ll Be Gone in the Dark (Et je disparaîtrai dans la nuit) raconte l’intérêt malsain de la regrettée auteure et blogueuse Michelle McNamara pour le Golden State Killer, un psychopathe qui a assassiné au moins 13 jeunes femmes dans les années 70 et 80, en Californie. Michelle McNamara fait une affaire personnelle de la traque de cet homme toujours vivant, quitte à sacrifier sa propre santé mentale. La façon dont les obsessions de la journaliste et celles du tueur s’entrelacent glace le sang. Et attendez d’entendre la voix de ce maniaque.
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Arme d’autodestruction massive
Il y a eu Girls, il y a eu Fleabag et il y a maintenant I May Destroy You pour raconter la vie moderne des jeunes femmes en cette époque de dénonciations. La brillante Michaela Coel écrit et coréalise cette série (en plus d’y jouer), qui raconte un peu sa vie dans un Londres multiethnique. Son alter ego, l’écrivaine Arabella, subit une agression sexuelle, dont elle ne se souvient plus. Elle avait bu et consommé de la cocaïne cette soirée-là. Lentement, les détails lui reviennent et l’ébranlent plus qu’elle ne le voudrait. C’est sexe, drogue dure et consentement, avec les nuances nécessaires.
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Les premières fois
J’ai craqué pour cette comédie super intelligente et rafraîchissante. Un gros coup de cœur. Never Have I Ever (Mes premières fois) nous entraîne dans la vie de la pétillante Devi, 15 ans, une Indo-Américaine vive d’esprit, sarcastique et douée. Avec ses deux meilleures amies Fabiola et Eleanor, Devi espère vivre une année scolaire comme dans les films américains, avec un petit ami et plein de fêtes déchaînées. Divulgâcheur : rien ne se passera comme prévu pour Devi. Le joueur de tennis John McEnroe assure la narration de cette série réjouissante.
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En visite chez les hassidim
Comment vivent les juifs hassidiques à l’abri des regards ? Comment se déroulent leurs mariages ou leurs soupers de famille ? Et leur sexualité ? La minisérie Unorthodox (Non orthodoxe), basée sur une histoire vraie, aborde ces sujets quasi tabous avec son héroïne de 19 ans, Esther Shapiro (Shira Haas), qui s’affranchit de sa communauté ultra-orthodoxe au premier épisode. Mariée à un ami de la famille, elle fuit Brooklyn pour s’installer à Berlin, où elle apprend à vivre sans codes ni rituels religieux. C’est à la fois fascinant et « confrontant ».
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Révolution industrielle et sexuelle
Ma dernière obsession télévisuelle : Industry (L’industrie), comme si l’univers psychédélique d’Euphoria fusionnait avec celui, très sérieux, de la série Billions. Imaginez les médecins résidents de Grey’s Anatomy, mais dans une banque londonienne, où ils se battraient les uns contre les autres pour décrocher un emploi permanent. Industry, c’est ça. Avec beaucoup de nudité, de scènes de sexe, de rails de cocaïne, mais aussi d’inconduites sexuelles et de notion de privilège. D’un épisode à l’autre, on déteste puis on aime ses personnages imparfaits.
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