« De mes deux maudites mains, j’ai fait quatre petits saints ». « Fais tes prières mon petit pour tu ailles au ciel ».

Le monstre de Pont-Rouge s’adresse directement aux téléspectateurs dans la fascinante docusérie Léo-Paul Dion : confessions d’un tueur, que lui consacre la chaîne Investigation à partir du mardi 10 novembre à 22 h. C’est glaçant et dérangeant d’entrer dans la tête d’un psychopathe aussi connu, à la façon de Mindhunter sur Netflix.

Et comment ce détraqué, assassiné en prison en 1972, réussit-il à nous communiquer ses pensées les plus horribles ? Par ses journaux intimes inédits, que Léo-Paul Dion a légués à son avocat de l’époque, Guy Bertrand, le célèbre criminaliste de Québec.

IMAGE FOURNIE PAR LA CHAÎNE INVESTIGATION

Léo-Paul Dion, surnommé le monstre de Pont-Rouge, a agressé et assassiné au moins quatre garçons avant d’être arrêté. Il a lui-même été tué en prison par un codétenu en 1972.

En prison, où il écrivait de façon compulsive pour « sublimer » ses pulsions déviantes, Léo-Paul Dion a noirci des milliers de pages sur une pléthore de sujets. Il a parlé de la NASA et du mouvement souverainiste, mais aussi de son enfance affreuse et des quatre garçons qu’il a agressés sexuellement, étranglés puis enterrés au printemps 1963. Les écrits du détraqué, d’une calligraphie soignée, n’avaient jamais été rendus publics jusqu’à maintenant.

Pour ajouter au trouble, c’est Gildor Roy qui lit ces extraits des mémoires de Léo-Paul Dion, comme en 1994, où l’acteur avait campé le meurtrier de Pont-Rouge dans la minisérie Les grands procès.

Si les émissions de « true crime » à la Meurtriers en série vous fascinent, Léo-Paul Dion : confessions d’un tueur ne vous décevra pas. Par contre, comme cette affaire a été ultra médiatisée, les revirements ne s’enchaînent pas à un rythme fou dans les quatre épisodes d’une heure que compte la docusérie. C’est plutôt l’accès à la psyché du prédateur qui nous scotche à l’écran.

De forme classique, le premier épisode rétablit la chronologie des terribles évènements qui ont secoué cette banlieue de Québec, grâce aux témoignages de journalistes judiciaires comme Isabelle Mathieu du Soleil, Daniel Paquet du Journal de Québec et David Santerre de La Presse. Au deuxième épisode, changement de ton et d’approche. La nièce de Léo-Paul Dion, Julie Dion, se souvient de la grande souffrance de son oncle et de son « esprit malade ». Comme si elle essayait d’excuser ou de minimiser les gestes de son « mononcle » sociopathe.

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Extrait de la retranscription du journal de Léo-Paul Dion

Une confession d’autant plus surprenante que le frère de Julie Dion, Réal Dion, admet lui aussi avoir été agressé par Léo-Paul Dion alors qu’il n’avait pas encore 5 ans.

Heureusement, le réalisateur Jean-François Poisson, lui-même originaire de Pont-Rouge, a évité le piège de la réhabilitation de ce criminel récidiviste. Oui, il expose le parcours épouvantable de Léo-Paul Dion, battu par son père militaire, violé par des religieux à l’orphelinat, violé par des prisonniers, loué à d’autres détenus et encore violé par des gardiens censés le protéger. Jusqu’à ses 2 ans, la mère de Léo-Paul Dion l’a habillé en fille et appelé Pauline.

« J’étais à peine entré à la prison de Québec pour ma sentence de quatre mois que partout, on se donnait le mot qu’un jeune serin de 17 ans arrivait », confie Léo-Paul Dion dans ses carnets personnels.

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Léo-Paul Dion a légué ses journaux intimes à son avocat de l’époque, Guy Bertrand, qui les rend ici publics.

Mais ce qui ressort le plus des épisodes, c’est la douleur que portent depuis 57 ans les familles des victimes. La grande sœur du premier garçon tué par Dion, Madeleine Luckeniuk, est bouleversante à la caméra. Elle a conservé une boîte remplie de souvenirs de son frère et quand elle l’ouvre, on ressent l’immense peine qui l’habite encore.

Doté d’un quotient intellectuel de 140 et imposant physiquement, Léo-Paul Dion leurrait ses proies en se faisant passer pour un photographe professionnel. Avant de s’attaquer à de jeunes garçons, il avait violé et poignardé, avec son demi-frère Roland Dion, une adolescente du village, Marie-Marthe Jobin. C’était en 1940.

« Elle nous cria de la laisser aller. Je lui donnai deux ou trois coups de poing, je lui ai enlevé son manteau et sa robe. Quand j’eus fini, mon frère vint prendre ma place », se souvient Léo-Paul Dion dans le récit de sa vie.

À voir si la déprime de novembre ne vous a pas encore vidé de toute forme de joie de vivre.

L’ADISQ au sommet

Malgré une baisse de son audience (1 230 000 téléspectateurs en 2019), le 42e Gala de l’ADISQ a été l’émission la plus regardée du dimanche soir avec ses 1 015 000 curieux. Le TVA 18 h se classe au deuxième rang grâce à sa cote d’écoute évaluée à 810 000 personnes.

Pour un dimanche froid et pluvieux d’automne, les chiffres ont été relativement bas. Les deux nouvelles émissions de TVA ont perdu des plumes, soit En studio (677 000) et Bijoux de famille (592 000). Vlog (772 000) et Le gros laboratoire (719 000) ont fait une bonne performance, tandis qu’Occupation double (634 000) a quasiment été à égalité avec LOL (657 000). Le scandale de la tricherie d’Éloïse a été payant, au bout du compte.

La concurrente autoéliminée n’a pas utilisé de tablette pour se connecter à YouTube, mais bien un téléviseur équipé d’un Roku, soit un petit lecteur de diffusion en continu.