Je ne m’attendais à rien de vertigineux avec La tour de Patrick Huard, dont personne, ni même l’animateur, n’arrivait à définir clairement le concept ou à le résumer en une phrase courte.

Surprise, j’ai bien aimé ce que j’ai vu de La tour jusqu’à présent, en grande partie grâce à l’aisance de Patrick Huard. Ça paraît que l’animateur adore recevoir dans la vraie vie. Il remplit les verres de ses invités et s’assure de la fluidité des conversations. Patrick Huard est naturel, curieux, allumé et informé. Un hôte presque parfait.

Contrairement à quelques-uns de ses camarades qui s’exercent au même genre télévisuel, Huard ne siphonne pas tout l’air ambiant, il se mouille sur des enjeux délicats (genre : l’argent) et sait comment rendre ses convives à l’aise, sans jamais forcer la note. Sachez que l’humour au Québec, c’est trrrès payant, dixit Huard.

Pour ceux qui n’ont pas encore grimpé dans La tour de TVA, qui s’élève du lundi au jeudi à 19 h 30, ce projet ressemble à La vraie nature, mais dans un superbe loft contemporain et avec des influences de Mais pourquoi ? de Maripier Morin, où elle ouvrait les portes de son condo du Plateau Mont-Royal.

PHOTO FRANÇOIS ROY, LA PRESSE

Patrick Huard

Étonnamment, les personnages fictifs de La tour s’intègrent bien à ce « talk-show » nouveau genre. En fait, le concierge ou le barista offrent un point de vue extérieur sur les vedettes du showbiz, exactement comme les deux commères de l’émission radiophonique L’autre midi à la table d’à côté d’ICI Première.

Cet aspect sitcom annule l’impression d’assister à un party de stars privilégiées, qui placotent entre elles, flottant au-dessus de la plèbe dans un appartement de 4000 pi2 hors de prix. Les personnages, joués par des acteurs moins connus, n’en ratent pas une pour ramener, par exemple, un Guillaume Lemay-Thivierge sur le plancher des vaches.

Les segments où Patrick Huard parle directement à la caméra, un excellent ajout, permettent de ne pas casser le rythme de la discussion. Le propriétaire des lieux donne alors les infos manquantes, commente le déroulement de la soirée ou pousse un gag rempli d’autodérision. Ça marche. On se sent inclus dans la fête.

Par contre, si La tour souhaite se coller à l’actualité brûlante, il faudra rapprocher les dates d’enregistrement et de diffusion. Lundi soir, Patrick Huard, Jean-Charles Lajoie, Mariana Mazza et Normand Brathwaite se désolaient de ne rien comprendre du code de couleurs d’alerte à la COVID-19, alors que le premier ministre François Legault avait clarifié tout ça, deux heures plus tôt, dans un point de presse vu par 2,5 millions de personnes.

Mettons que le décalage entre notre réalité et celle de La tour frappait fort. En même temps, ce type de situation exceptionnelle ne risque pas de se produire toutes les semaines, on s’entend.

SAISIE D’ÉCRAN

Patrick Huard près du piano de la « fausse » maison de La tour

L’utilisation de l’espace est intéressante dans La tour. Débats autour de l’îlot de cuisine, on passe au salon pour un verre de rouge, Normand Brathwaite s’installe au piano, les lieux changent selon le degré d’intensité des propos. Normand Brathwaite a notamment raconté s’être battu avec un Gerry Boulet passablement éméché, et c’était super rigolo.

Le fait de ne pas être sur un « vrai » plateau de télévision, mais dans une « fausse » maison, facilite les confessions. Dans le deuxième épisode, Patrick Huard et son cocktail s’harmonisaient joyeusement avec le générique rétro de La tour, d’inspiration Mad Men, comme le décor, d’ailleurs.

Pour le moment, La tour ne trône pas au sommet des cotes d’écoute, mais s’en sort bien. Le premier épisode a été vu en direct par 752 000 téléspectateurs, contre 916 000 qui ont préféré Discussions avec mes parents à Radio-Canada. Le deuxième, qui affrontait La facture et ses 804 000 adeptes, a rivé 729 000 curieux à leur poste.

C’est loin d’être une catastrophe. Ce type d’émission laboratoire met souvent plusieurs semaines avant d’atteindre sa vitesse de croisière.

Toujours mardi soir, Toute la vie (845 000) a supplanté Le bon docteur (651 000). Le téléroman 5e Rang (745 000) a battu le spectacle de Simon Leblanc à TVA (446 000). Et District 31 (1 577 000) n’a pas bougé de la première place.

À propos du débat chaotique entre Donald Trump et Joe Biden, l’émission spéciale de LCN consacrée à cet évènement a été regardée par une moyenne de 128 000 mordus, entre 20 h 30 et 23 h. Sur RDI, l’affrontement Biden-Trump a intéressé 184 000 curieux entre 20 h et 23 h 30.