Lancez ici une musique médiévale avec ocarina et vielle. Merci. Oyez, oyez, damoiselles en détresse et lancelots du mont Royal. Jonathan et Marie-Ève de Si on s’aimait vous convient au récit fantastique de leur plus récent séjour en « Malaisie », un endroit magique où inconfort amical rime avec rot guttural.

Sans blague, toutes les séquences de Si on s’aimait captées au jeu de grandeur nature, en plein air, ont été délicieuses. J’en aurais pris une portion plus généreuse, à déguster à mains nues avec une chope d’hydromel et un morceau de pain arraché avec les dents.

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Jonathan et Marie-Ève dans Si on s’aimait, à TVA

Pauvres Marie-Ève et Jonathan, pris dans un Game of Thrones du pauvre ou une mauvaise pièce de théâtre, dit la coanimatrice Émily Bégin. Même la longue robe de Marie-Ève, taillée dans une étoffe noble, n’arrivait pas à cacher la tension et les silences qui plombaient cette épopée de l’Ordre de la lance.

Comme nous tous à la maison, Guillaume Lemay-Thivierge l’a relevé – et non adressé, seigneur : « C’tu moi ou c’est un peu malaisant ? » On s’entend tous ici que Marie-Ève et Jonathan ne célébreront pas leurs noces au son du luth d’un gentil ménestrel.

Ce couple est kaput, malgré les efforts louables de la thérapeute Louise Sigouin pour en empêcher la dislocation.

Toujours au chapitre des voyages, Jennifer et Rémi s’envolent pour l’Italie, Fanny et Anyck se poussent au Mexique, tandis que Marie-Ève et Jonathan passeront une semaine en camping… au Saguenay, moustiques inclus. Voyons donc. Il n’y a aucune justice au royaume du barde barbu !

Est-ce une ultime punition que leur inflige Louise Sigouin ? La production aurait-elle manqué d’argent en cours de route ? Tant de questions qui pourraient être posées sur le canapé devant une thérapeute dévouée.

D’ailleurs, Jennifer retire beaucoup d’enseignements pertinents de ses séances avec Louise Sigouin, mais elle passe à côté du but de Si on s’aimait : vivre une expérience relationnelle. Pas une colocation éphémère avec Rémi, qui recherche une connexion charnelle avec une femme et non une « chimie Rona » pour poser des cadres dans la chambre d’ami.

Ce non-couple était kaput dès le départ et Rémi, l’homme à femmes au chômage, selon ses propres mots, exprime à répétition en thérapie qu’il a besoin de passion et de sexualité. Pourquoi alors poursuivre tout ce processus avec Jennifer si la formation d’une union avec elle s’avère impossible ?

C’est du côté de Fanny et Anyck que ça se passe le mieux, malgré l’insistance de Fanny à tester la patience d’Anyck à la moindre occasion.

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Anyck et Fanny dans Si on s’aimait, à TVA

Et après une incursion dans une seigneurie du style village d’antan de Drummondville, nous avons posé le pied en territoire sorcier chez Fanny, une amoureuse des anges et des énergies invisibles.

Sérieusement, des combats d’épées devant un castelet, des pentacles aux pouvoirs mystérieux et l’évocation d’un FaceTime avec Casper le chien fantôme… Si on s’aimait s’est surpassée cette semaine. Ce niveau d’étrangeté sera pas mal plus dur à battre qu’un bataillon de vassaux en cottes de mailles cheap.

Attention, série brûlante !

Les deux premiers épisodes (sur huit) de Little Fires Everywhere ne cassent pas la baraque, je vous avertis tout de suite. C’est offert sur Amazon Prime Video, avec sous-titres en français.

La mère artiste monoparentale jouée par Kerry Washington n’est pas particulièrement aimable. La mère journaliste parfaite incarnée par Reese Witherspoon ressemble à une caricature sortie de Papa a raison.

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Kerry Washington et Reese Witherspoon dans Little Fires Everywhere

Puis, cette télésérie qui dérive du roman à succès de Celeste Ng prend une teinte très sombre. Ce qui s’apparente à un regard incisif et savonesque sur la maternité devient une histoire oppressante sur le poids que portent les enfants de ces mères inadéquates.

Le dernier épisode est un bijou de rage réprimée qui explose. Autant je n’étais pas convaincu au départ, autant je recommande maintenant le visionnement de Little Fires Everywhere. C’est le genre de télésérie qui vous remue et vous habite longtemps.

Nous sommes en 1997 dans le quartier huppé et mixte (c’est important) de Shaker Heights, en banlieue de Cleveland. Mia (Kerry Washington) et sa fille adolescente, qui vivent dans une Chevette déglinguée, décident de s’installer dans ce paradis preppy, où règne la blonde Elena (Reese Witherspoon), son riche mari avocat et leurs quatre beaux enfants.

Sans rien divulgâcher, disons que les vies de Mia et d’Elena s’entremêlent et que ces deux femmes fortes s’affrontent sur une tonne de sujets délicats, dont la parentalité, les privilèges, les choix de vie et le racisme.

Vous allez voir, l’histoire de Little Fires Everywhere est plus complexe, nuancée et tordue qu’il n’y paraît. Plus on progresse dans les épisodes, plus on sent la chaleur nous étouffer. En plus du choc entre les deux mères, leurs enfants adolescents vivent une succession de petits drames qui, en s’accumulant, finissent par donner un feu de camp qui n’a rien de joyeux.