France Beaudoin a lancé, samedi soir, un week-end chargé en serrements de cœur avec une édition spéciale d’En direct de l’univers de qualité exceptionnelle. TVA et Télé-Québec ont suivi, dimanche soir, en offrant Une chance qu’on s’a, une émission de 90 minutes sans publicité emballée avec beaucoup de soins et où Céline Dion est passée en coup de vent.

Difficile de ne pas comparer les deux productions, qui ont sollicité le même bassin d’artistes, dont Gildor Roy, Mélissa Bédard, Brigitte Boisjoli, Marc Labrèche, Ginette Reno, Marc Hervieux, 2 Frères, Fred Pellerin et Ariane Moffatt.

C’est une question de goût, mais j’ai nettement préféré En direct de l’univers à Une chance qu’on s’a. Ça ne signifie pas que TVA a présenté un produit bas de gamme. Au contraire. L’aspect technique d’Une chance qu’on s’a a été impeccable. Un tour de force qu’impose maintenant la distanciation physique.

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Plateau d’Une chance qu’on s’a 

Reste que le côté téléthon de la soirée préenregistrée de TVA forçait les (trop) nombreux animateurs à lire des introductions qui manquaient de naturel. C’était plus froid qu’à Radio-Canada, mettons.

Côté musique, il y a eu d’excellents numéros, dont Pour une histoire d’un soir revisitée par un trio de femmes fortes (Marie-Denise Pelletier, Marie Carmen et Joe Bocan). Je pense aussi au duo de Gilles Vigneault et Fred Pellerin sur Gens du pays, à la rencontre de Louis-Jean Cormier et Lara Fabian sur S’il suffisait d’aimer de même qu’au mélange des voix de Marie-Pierre Arthur et Charlotte Cardin. Su-perbe, pour paraphraser Serge Vleminckx au mini-putt à RDS.

TVA a opté pour une ambiance festive en alignant Les Trois Accords, Radio Radio, Bleu Jeans Bleu, Salebarbes et Koriass. Remède anti-déprime garanti. Et la chaîne de Québecor a misé à 100 % sur la musique francophone, un geste à saluer alors que les auteurs-compositeurs-interprètes d’ici en arrachent.

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Plateau d’Une chance qu’on s’a 

Parmi les bonnes idées d’Une chance qu’on s’a, notons le conte de Simon Boulerice, l’apparition des comédiens de Passe-Partout (et le clin d’œil à la fée des dents) ainsi que les messages livrés par Nicolas Laliberté de L’amour est dans le pré, François Marquis de la docuréalité De garde 24/7 et Maxime Poirier de La course folle.

Ginette Reno a profité de cet évènement caritatif pour lancer son nouvel extrait intitulé Ça va bien aller. Honnêtement, j’aurais préféré que cette grande dame pige dans son vaste répertoire rempli de classiques pas mal plus intéressants.

Quant à Céline Dion, on l’a vue 11 grosses secondes à la toute fin. Elle a chanté deux lignes de la chanson-titre de Jean-Pierre Ferland, et bye-bye. On s’attendait à plus de générosité de la diva de Charlemagne. En même temps, c’était déjà un exploit d’avoir réussi à la mettre en ondes.

Samedi soir, France Beaudoin et sa vaillante équipe ont offert une émission sobre, émouvante, pas paresseuse et zéro racoleuse, construite, elle aussi, avec une tonne de restrictions d’ordre sanitaire.

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France Beaudoin

Malgré les plexiglas qui isolaient les choristes et malgré les deux mètres qui séparaient les invités, jamais on ne s’est sentis aussi proches les uns des autres, chacun encabané chez soi.

Pendant les 90 minutes de cette émission spéciale d’En direct de l’univers pour la fête des Mères, nous avons rigolé, pleuré, chanté, dansé et célébré ce qui ressemblait le plus à la vie normale, la vie d’avant.

Et comme Véronic DiCaire pendant l’Hallelujah de Leonard Cohen, nous avons épongé nos yeux à quelques reprises, il n’y a pas de honte à ça.

Ce spectacle a été bien meilleur que celui orchestré par Lady Gaga aux États-Unis ou le Stronger Together du Canada anglais, qui essayaient trop de nous tirer les larmes. Dans le contexte actuel, mieux vaut opter pour la finesse et le dépouillement.

C’est bien beau Skype et Zoom, mais rien ne remplace les prestations en studio, avec des musiciens, des éclairages et une sonorisation professionnelle. Le recours au direct pour France Beaudoin ajoutait à ce sentiment de communion collective, à cette impression de vibrer à l’unisson comme à l’époque où c’était permis d’assister à des concerts, tous ensemble.

Il y a eu tellement de beaux moments à En direct de l’univers que c’est difficile d’en choisir des préférés. La maman d’Ingrid St-Pierre, Guylaine Laplante, a été charmante avec sa guitare et sa relecture de L’amitié. Ingrid St-Pierre et les 10 mamans centenaires sur C’est beau la vie, c’était aussi très joli.

Luce Dufault a manqué de mots après le passage de sa fille Lunou Zucchini. Autres temps forts : Stéphanie Lapointe qui interprète Smile avec son bébé de 17 jours dans les bras, la grand-maman d’Antoine Gratton sur son balcon, le chœur du chez-eux des artistes et les 2 Frères qui jouent leur pièce Tout en blanc dans le ciné-parc d’Orford pour un 40e anniversaire de mariage.

Puis, cet hommage à tous ceux qui sont disparus sur Le ciel est backorder de Tire le coyote. Quelqu’un a un mouchoir ? Ou deux ?

Pour nous remonter le moral, En direct de l’univers a également groové sur J’aime ta grand-mère, Footloose, La machine à danser, The Best et Can’t Stop The Feeling, sans oublier ce délicieux passage de Marc Labrèche en Luis Mariano.

Nous avons eu droit cette fin de semaine à deux belles démonstrations de télé-réconfort. Oui, c’est extrêmement compliqué de construire ce type d’émission en temps de pandémie. Mais c’est possible. Et quand c’est bien fait, ça réchauffe le cœur en tabarouette.