Après le gouvernement du Québec, au tour des auteurs de télévision de dévoiler leurs scénarios. Que feraient leurs personnages pendant la pandémie ? Au cours des prochains jours, découvrez comment la COVID-19 les inspire… Aujourd’hui, Rafaële Germain nous propose son épisode coronavirus d’En tout cas.

Danielle

J’imagine difficilement Danielle (Guylaine Tremblay) ne pas prendre la pandémie « personnel ». Danielle a beau répéter à qui veut l’entendre qu’elle a une maîtrise en GBS (gros bon sens) et qu’en tant qu’infirmière, elle sait comment une maladie peut se propager, elle a toujours de la misère à accepter la contrariété. Et pour Danielle, rien de plus contrariant que de ne plus pouvoir retontir chez ses enfants de bonne heure, avec des croissants et beaucoup trop de temps devant elle. Je la verrais donc d’abord s’insurger contre les restrictions (tout en les suivant quand même – Danielle est fondamentalement une bonne citoyenne), avant de les accepter, en grande partie grâce au charme d’Horacio. Une fois la pilule avalée, une chose est sûre, Danielle serait une confinée aussi exemplaire que motivée : pas une fenêtre de son appart qui ne serait ornée d’un arc-en-ciel. Elle organiserait des apéros balcons, des brunchs sur Zoom et d’innombrables rencontres sur FaceTime. Parce que comme elle le répéterait sûrement très souvent (elle ne se souvient plus où elle a lu ça, mais elle a donc trouvé ça beau) : « on est confinés, mais ensemble ». Le confinement de Danielle serait un happening social en soi.

Chloé

Chloé (Anne-Élisabeth Bossé), de son bord, serait sans doute la plus raisonnable de la gang. Elle serait aussi la plus touchée par la crise, étant restauratrice, et son chum, chiro à son compte. Un état de fait qui risque de causer certaines frictions entre elle et sa mère, pour qui la pandémie est d’abord et avant tout une attaque directe envers le « lifestyle » de Danielle Côté. J’imagine aussi que Chloé, sans trop oser le dire, finirait par graduellement apprécier le confinement : c’est une fille qui a toujours énormément travaillé dans un milieu très dynamique et collaboratif et qui a passé sa vie à carburer à la performance et à l’efficacité. La voilà qui se retrouve seule (sauf pendant les apéros FaceTime et les lunchs Skype) et obligée, pour la première fois de sa vie, de ne rien faire. Un apprentissage sans doute pas évident, mais qui finirait par faire son chemin et par séduire Chloé. Aussi (et ça, elle ne se gênera pas pour le dire) : se lever le matin sans retrouver sa mère déjà dans sa cuisine, ça a ses avantages.

Fred

Hypocondriaque et facilement angoissé, Fred (Mickaël Gouin) serait certainement le plus inquiet de la gang. Je le vois mettre en place plusieurs rituels d’hygiène un peu excessifs et pas nécessairement au point. Il serait aussi très soucieux de transmettre ses trucs à la famille, surtout à Danielle, à qui il ne cesserait de répéter qu’elle est plus à risque et pas assez prudente, au grand dam de sa mère, qui répliquerait qu’elle n’est jamais malade, elle (contrairement à ses enfants, qui sont feluettes comme leur père). J’imagine bien Fred rire avec sa mère et sa sœur des hystériques qui sont allés acheter des tonnes de papier de toilette chez Costco… avant d’aller placer quelque chose dans une dépense remplie de papier de toilette jusqu’au plafond. Si quelqu’un dans la famille devait attraper le virus (sans conséquences graves, on s’entend, on est dans la comédie joyeuse), ce serait Fred.