Roulement de tambour, s’il vous plaît. La firme Dumas et Dumas, d’une redoutable efficacité, a compilé la liste de tous vos coups de cœur télévisuels de l’été. Et qu’est-ce que ce sondage pseudo-scientifique donne ?

Avant de dévoiler les résultats, un gros merci pour vos abondants messages de qualité. C’est tellement agréable de lire des courriels — et des commentaires sur Facebook — dénués de méchanceté et d’agressivité.

Alors, plusieurs séries américaines ont fait battre votre cœur pendant la canicule, dont l’excellente dystopie Years and Years, offerte sur HBO Canada, Super Écran et iTunes. Gros coup de cœur de mon côté aussi. Emma Thompson y est formidable.

Vous avez aussi craqué pour Euphoria (tellement !), La servante écarlate 3 (très moyen), Stranger Things 3 (charmant !) de même que La casa del Papel 3 (pas encore regardé).

Du côté québécois, trois titres ont clairement émergé : le talk-show Bonsoir bonsoir ! de Jean-Philippe Wauthier, dont vous avez salué la grande amélioration, la docusérie criminelle Le dernier soir de Monic Néron (pas fini de la visionner) ainsi que la télésérie Cerebrum de Richard Blaimert.

Avec quelques réserves, je partage entièrement votre enthousiasme pour Cerebrum, un captivant thriller psychologique en ligne sur l’Extra de Tou.TV depuis le début du mois d’août. Avant que vous ne me bombardiez de questions, sachez que Radio-Canada déposera Cerebrum dans sa grille régulière cet hiver. Comprendre : ce sera gratuit dans cinq mois.

De retour à l’intrigue de Cerebrum, ça décolle vraiment au quatrième épisode, et les multiples pistes d’enquête nous poussent à la consommation frénétique jusqu’à la finale, qui se boucle après 10 heures de rebondissements et de suspense crédibles.

Là-dessus, le scénariste Richard Blaimert (Hubert et Fanny, Nouvelle adresse) a su bien hameçonner ses fans. Ses textes sont efficaces et accrocheurs. Comme téléspectateur, on essaie de compléter le gigantesque puzzle jusque dans les dernières minutes de la télésérie. Et la résolution du crime ne déçoit pas, comme c’est trop souvent le cas dans des productions policières du type « qui a fait quoi et pourquoi ».

Comme mentionné plus haut, les premiers épisodes de Cerebrum démarrent (trop) lentement et ne mettent pas bien en valeur ses deux héros, soit le psychiatre Henri Lacombe (Claude Legault) et la policière Simone Vallier (Christine Beaulieu). Ces deux personnages pivots ont d’abord l’air éteints et s’expriment sur un ton monocorde, qui s’éclipse heureusement quand on progresse dans l’écoute.

Leur jeu en retenue tranche avec celui plus théâtral d’une Évelyne de la Chenelière, par exemple, qui incarne la psychologue Anne Beaulieu, la femme mystérieusement disparue du Dr Lacombe. Par exemple, le discours de cette psy contre les améliorations cosmétiques chez les ados sonne faux. Encore ici, ça se replace au fil des épisodes.

Parmi les grandes forces de Cerebrum, impossible de ne pas relever les nombreux rôles secondaires, qui volent quasiment la vedette. Je pense à Linda Sorgini, Sonia Vachon et Alexis Martin, qui campent des patients en psychiatrie bouleversants.

PHOTO TIRÉE DE LA PAGE FACEBOOK DE L’ÉMISSION

Sonia Vachon et Claude Legault

La comédienne Marianne Verville, qui joue la fille de 19 ans du couple principal, m’a jeté par terre. Elle est la révélation de Cerebrum. Le jeune acteur qui incarne son frère de 17 ans, Henri Picard, est tout aussi doué.

Le personnage de psychiatre défendu par Claude Legault, placide et détaché, devient plus intéressant quand il craque et se débarrasse de la retenue liée à sa profession.

L’enquêteuse incarnée par Christine Beaulieu est une femme complexe, qui se laisse apprivoiser doucement. Sauvage, tranchante et tenace, on finit par l’adorer, malgré ses défauts et son côté cassant. Christine Beaulieu lui insuffle humanité et vérité. Et ça fonctionne super bien.

Un bon Menteur

Comme des centaines de milliers de cinéphiles québécois, j’ai vu cet été le film Menteur d’Émile Gaudreault. Voilà une comédie efficace, intelligente et très drôle, qui remplit parfaitement son mandat de divertissement grand public. La recrue Catherine Chabot, qui incarne la traductrice russe, sort nettement du lot. Mention spéciale à Geneviève Schmidt (la patronne), dont le sens du comique est extrêmement bien aiguisé, tout comme celui de Louis-José Houde et d’Antoine Bertrand.

Dans un autre registre, j’ai également bien aimé La femme de mon frère, premier film de la réalisatrice Monia Chokri. Anne-Élisabeth Bossé, également de la distribution de Menteur, y démontre toute l’étendue de son talent. Cette actrice, qui a aussi animé Le retour des fantastiques à l’antenne de Rouge FM, peut tout faire et tout bien faire, ce qui est exceptionnel.