On n’oublie jamais son premier appartement, surtout quand il implique un déracinement et le début d’une « nouvelle vie » comme dans un épisode de Felicity.

Le mien logeait dans un immeuble anonyme de la rue Sherbrooke Est, au coin d’Amherst, pardon, au coin d’Atateken. C’était un petit studio semi-meublé, dont le prix ridiculement bas incluait l’accès au câble. Un luxe pour un étudiant de l’UQAM ne roulant pas sur l’or.

Sur mon lit qui servait également de sofa et de table pour manger, je dévorais Pignon sur rue à Télé-Québec, une des premières téléréalités québécoises à suivre des jeunes dans leur quotidien.

Des étudiants qui convergeaient vers Montréal pour fréquenter l’université, c’était ma vie, my life, pour paraphraser Bob Gratton. Mais sans les caméras, sans l’immense logement des cobayes et sans Kevin Parent qui chantait : « De temps en temps, j’veux mettre les choses au clair, je m’évache tout seul pis je relaxe mes nerfs. »

PHOTO FOURNIE PAR TÉLÉ-QUÉBEC

Des participants à l’émission Pignon sur rue, diffusée à Télé-Québec de 1995 à 1999

Un petit cousin germain de l’expérience Pignon sur rue naîtra bientôt sur le Club illico de Vidéotron. Cette docuréalité s’appelle L’appartement et suivra cinq colocataires de 18 à 25 ans qui débarqueront en ville pour réaliser leurs rêves. Nous verrons les 10 premiers épisodes de 30 minutes en décembre sur le Club illico, d’un seul coup, et le reste, au printemps.

« Ce sera comme Friends, mais avec de vraies personnes, qui vivront de vraies affaires, dans un vrai appartement », détaille le réalisateur et scénariste Simon Sachel, qui a probablement décroché un doctorat honorifique en téléréalité après avoir travaillé sur Un zoo pas comme les autres, Barmaids, Beachclub de même que 281 : Les dieux de la scène.

PHOTO DANNY FELD, FOURNIE PAR WARNER BROS., ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE/ASSOCIATED PRESS

La distribution de Friends lors du tournage du dernier épisode de la série, en 2004

Les participants vivront un an dans un appartement de 2000 pieds carrés payé par la production. Ils recevront un salaire, ainsi qu’une allocation pour l’épicerie.

Par contre, vous ne verrez pas d’influenceurs ou d’anciens concurrents de téléréalité qui se brossent les dents au charbon dans L’appartement. L’équipe cherche des jeunes inspirants et allumés, qui nourrissent des projets comme entrer dans une école de théâtre, entreprendre un exigeant programme de sports-études ou vivre leur homosexualité sans se cacher.

On a vu beaucoup de douchebags. On vise quelque chose de plus profond.

Simon Sachel, réalisateur

Pour la facture visuelle de L’appartement, Simon Sachel s’inspirera des docuséries Siesta Key (MTV) et Dating Around (Netflix). « Tu as l’impression de regarder une émission de fiction, mais avec du vrai monde. La valeur de production y est impressionnante. Ça me semble être le prochain courant intéressant en docuréalité », constate-t-il.

L’appartement dans L’appartement ne cachera aucune caméra dans ses murs et sa déco ressemblera à celle d’un grand loft de SoHo. « On ne veut pas quelque chose de clinquant comme XOXO et on ne veut pas que ça fasse banlieue comme à Occupation double », note le réalisateur, présentement occupé par le tournage de la deuxième saison de Ne jamais faire à la maison pour V.

Dans quelques semaines, vous verrez assurément des camions de déménagement avec, au volant, des parents venus installer leurs enfants à Montréal, comme ceux de la série du Club illico.

Je repasse souvent devant mon premier appartement de la rue Sherbrooke avec une pointe de nostalgie. C’était impersonnel et minuscule, mais c’était mon premier chez-moi, loin de chez moi.

Dans son roman Putain, l’auteure Nelly Arcan décrit le studio où elle recevait ses clients masculins au milieu des années 90. C’était dans un immeuble assez ordinaire de la rue Sherbrooke, près du parc La Fontaine, si ma mémoire est bonne. C’était petit et anonyme. Et ça ressemblait drôlement à l’endroit où j’ai vécu.

L’autofiction étant ce qu’elle est, probablement que Nelly Arcan et moi n’avons jamais arpenté les mêmes corridors sinistres, à la même époque. J’aime quand même m’imaginer que j’ai peut-être croisé cette brillante écrivaine venue réaliser ses rêves à Montréal – et partie beaucoup trop vite, malheureusement.

P.S. : J'ai finalement retrouvé l’extrait de Putain dans lequel Nelly Arcan décrit le « meublé » où elle accueillait ses réguliers. Il se trouvait avenue du Doctor-Penfield, donc assez loin de mon logis. J’aurais pourtant juré que nous avions été voisins, elle et moi.

Un nouveau curé à Sainte-Adèle

Ce n’est plus un divulgâcheur : le curé Labelle (Antoine Bertrand) a rendu l’âme dans la dernière saison des Pays d’en haut à Radio-Canada. Qui lui succédera à Sainte-Adèle ? Le curé Caron, joué par David La Haye. Ce curé, un allié du vilain Mgr Fabre (Pascal Rollin), tiendra un discours beaucoup moins progressiste que celui de son prédécesseur et tentera d’abolir l’alcool dans le Nord. Ça risque de barder à l’hôtel de Délima Poudrier (Julie Le Breton).

Derrière la caméra, Radio-Canada a également annoncé hier que Yan England succédera à Yan Lanouette-Turgeon pour le cinquième chapitre. En plus de son film 1:54, Yan England a réalisé plusieurs épisodes de L’échappée (TVA) et de Jérémie (Vrak).