Alerte aux divulgâcheurs, cet article concerne l’épisode ultime de Game of Thrones, diffusé hier.

Après huit ans de traumatismes, de paris sur les survivants, de râlements, de hurlements, de larmes et de joies, Game of Thrones, la série la plus regardée sur la planète, a pris fin, hier. Les théories les plus folles circulaient sur le web depuis une semaine, de même qu’une pétition de mécontents voulant que la huitième saison soit entièrement réécrite. Mais, sur les réseaux sociaux, toute la journée d’hier, les admirateurs rendaient hommage à une série télé qu’ils ont suivie avec passion. Malgré les déceptions de la dernière saison, on trouvait difficile de dire adieu à Game of Thrones, qui a meublé les conversations pendant si longtemps.

Ces dernières salutations chaleureuses n’étaient probablement qu’une trêve. On ne voit pas comment cet ultime épisode calmera les fans de la série qui attendaient une finale grandiose, impossible à satisfaire. Le côté précipité de la dernière saison s’est malheureusement confirmé. Après le massacre épouvantable de Port-Réal, qui n’est plus qu’un cimetière, Daenerys n’a même pas eu le temps de s’asseoir sur le Trône de fer. Tyrion a convaincu assez facilement Jon Snow du danger que représente celle qui est devenue une espèce de fasciste exaltée par sa victoire et le pouvoir, aux visées plus grandes que Westeros. Nous avons eu droit à de grandes phrases comme : « L’amour, c’est la mort du devoir », dite par Jon Snow, ce à quoi Tyrion a répondu : « Le devoir, c’est la mort de l’amour. »

Jon Snow a donc tué Daenerys, et le dernier dragon de celle-ci, dans sa peine, a brûlé le Trône de fer, que personne ne pourra plus occuper. Ensuite, les représentants des grandes familles, fatigués de la guerre, ont convenu d’une pacification. Selon les sages conseils de Tyrion, Bran est devenu le leader des six royaumes, puisque le Nord demeurera indépendant et gouverné par Sansa. Jon retourne à la Garde de nuit, Arya vogue vers de nouvelles aventures. La famille Stark a finalement survécu, après tant de menaces et de drames, et gouverne, malgré la dispersion de ses membres.

La boucle est bouclée, mais la roue a-t-elle été brisée ? On ne dirait pas. Les scénaristes David Benioff et D.B. Weiss auront probablement des comptes à rendre à des hordes d’admirateurs insatisfaits.

Certains téléspectateurs ont grandi avec Game of Thrones pendant près d’une décennie, d’autres l’ont regardée alors qu’ils n’aimaient même pas le fantastique. C’est bien ce qu’il y a de plus étonnant avec Game of Thrones, véritable phénomène de société : ce mélange de fans « hardcore » de la première heure, lecteurs de la saga de George R. R. Martin, et de téléspectateurs tombés dans la série comme dans un téléroman, accrochés par le côté profondément machiavélique et sulfureux de Game of Thrones, peu importe s’il y a des dragons et des morts-vivants dans l’histoire. Cette série demeurera malgré tout l’un des grands rassemblements, de plus en plus rares, de la culture « mainstream » de notre époque, qui nous a donné des moments vraiment exaltants.

Selon un sondage du Workforce Institute, une grosse baisse de productivité est à prévoir, puisque 11 millions de travailleurs américains ont prévu prendre congé aujourd’hui, au lendemain de la diffusion de l’ultime épisode, tandis que 5,8 millions de téléspectateurs qui travaillent le dimanche auraient pris congé pour ne pas rater cette finale. Et il se pourrait que ceux qui sont allés travailler quand même soient de mauvaise humeur ce matin. En tout cas, l’auteur George R. R. Martin peut se frotter les mains : beaucoup se tourneront vers les deux derniers livres de sa saga pour poursuivre le rêve.