Le premier épisode de la téléréalité Dans l’œil du dragon a lourdement insisté sur l’implication sociale des entreprises, les valeurs qui les propulsent ou la certification biologique des aliments utilisés dans des recettes de barres tendres.

Par exemple, à l’entreprise Maple 3, qui commercialise et distribue de l’eau d’érable notamment en Chine, la dragonne Marie-Josée Richer, des collations Prana, a tranché : livrer de l’eau partout dans le monde ne correspond pas du tout à ses valeurs. Et elle a passé, sans ciller.

C’est plutôt rare que ce type de remarque — limite moralisatrice — résonne dans le studio de l’émission. La nouvelle génération mise de l’avant dans cette huitième saison de Dans l’œil du dragon brasse différemment ses affaires, avec une conscience environnementale aiguë et un souci d’éthique plus aiguisé.

PHOTO FOURNIE PAR ICI RADIO-CANADA TÉLÉ

Yannick Leclerc, Stéphane Nolet et Guillaume Crouzet, de Maple 3

Aucun problème avec ça. Par contre, ce désir de promouvoir l’investissement écoresponsable a été poussé très loin, trop loin, comme si la production essayait désespérément de nettoyer le passé moins glorieux de ses anciennes têtes d’affiche Martin-Luc Archambault, Caroline Néron, Alexandre Taillefer ou Gilbert Rozon.

Visiblement, la subtilité a été remisée dans le bunker. Regardez : voici une planche de yoga pour bobos du Plateau ! Goûtez à cette barre énergétique aux éclats de chanvre, végane et sans gluten ! Achetez nos vêtements pour enfants non genrés, afin que frères et sœurs puissent se les refiler ! Oh ! et ce pain fabriqué avec de la farine moulue en Gaspésie ne se vend que 9 $ !

Sans blague, ça frôlait la caricature ou un sketch de Portlandia.  Heureusement, cette javellisation (avec des produits plus verts que verts, bien sûr) a été moins intense dans les deuxième et troisième épisodes, qui ont renoué avec l’essence de cette téléréalité, soit la négociation de partenariats et la valorisation de l’entrepreneuriat.

Et les nouveaux dragons ? Ils s’en tirent bien, mais n’ont pas encore le panache des anciens.

Le flamboyant Vincent Guzzo a volé la vedette lors de son passage. Un téléspectateur qui se branchait sur Dans l’œil du dragon pour la première fois aurait pu croire que Vincent Guzzo dirigeait le plateau tellement il multipliait les interventions et brillait davantage que ses camarades. À l’évidence, son expérience sur Dragon’s Den à la CBC l’a bien servi.

La semaine dernière, Christiane Germain a été super pertinente et divertissante, pas mal plus que lorsqu’elle occupait l’un des quatre fauteuils réguliers.

Ne jouons pas à l’autruche ici. Le rôle de dragon exige un sens du spectacle et de la formule punchée. C’est une émission de télé qui se fabrique, pas un cours universitaire magistral. Dominique Brown, des Chocolats favoris, commence à apprivoiser l’aspect plus showbiz de son deuxième emploi et l’intègre davantage dans ses interactions avec les participants.

Isabèle Chevrier, PDG de Bio-K+, pose toujours des questions pertinentes, tandis que Nicolas Duvernois, de Pur Vodka, s’intéresse beaucoup au marketing web, comme le faisait Martin-Luc Archambault. Ils demeurent trop sages, je trouve, et ne se battent pas assez pour séduire les candidats.

Les cotes d’écoute de Dans l’œil du dragon n’ont pas été touchées par les changements écologiques apportés à la formule. 

En incluant les enregistrements, la première heure a été visionnée par 763 000 personnes, en légère hausse par rapport à l’an passé.

S’il y a une chose que le Pacte initié par Dominic Champagne a démontrée dans les derniers mois, c’est que plusieurs consommateurs ont la mèche courte quand une certaine élite lui reproche de ne pas en faire assez pour sauver la planète. Les dragons doivent faire attention de ne pas basculer dans cette forme de culpabilisation, même involontaire.

C’est un peu comme ce collègue de travail qui vous démolit parce que vous buvez avec une paille en plastique, avant de vous annoncer qu’il saute le lendemain dans un Boeing 747 pour quatre jours de repos dans un complexe hôtelier du Costa Rica qui recycle son eau de pluie. Qu’est-ce qui endommage le plus Gaïa : la paille ou le billet d’avion ?

Dimanche tranquille

Les soupers de Pâques, et quelques rares rayons de soleil, ont éloigné les téléspectateurs de leurs écrans dimanche soir. La voix de TVA a chuté à 1 549 000 fidèles, tandis que Tout le monde en parle a dégringolé à 560 000 curieux. Pour Guy A. Lepage, il s’agit de sa plus petite audience de la dernière année.