Je sais, vous êtes submergés de bonne télé. C’est difficile de ne pas se noyer dans le rhum épicé d’Alerte Amber ou de surnager adéquatement avec les bras momifiés de Cécile (Anne Casabonne) dans L’échappée.

Mais vous devez absolument conserver quelques heures dans les prochaines semaines pour visionner Unbelievable de Netflix, offert en français sous le titre d’Incroyable. C’est une série aussi remuante, enrageante et révoltante que When They See Us (Dans leur regard).

C’est True Detective au féminin, mais basé sur une enquête journalistique approfondie qui a remporté un prestigieux prix Pulitzer en 2016. Bref, c’est un dérivé de true crime à son meilleur.

Unbelievable se déploie en deux temps – et en huit épisodes d’une heure. L’histoire s’amorce en 2008, dans l’État de Washington. Une ado de 18 ans, Marie Adler, raconte à des enquêteurs peu empathiques le viol qu’elle a subi en pleine nuit, dans sa propre chambre à coucher.

Une porte-fenêtre non verrouillée, un homme portant une cagoule, une arme, du ligotage, des heures de terreur, un sac à dos et une photo prise après l’assaut. Son agresseur portait des gants et a obligé Marie à prendre une douche après le rapport sexuel forcé, question d’effacer la moindre parcelle de son ADN.

Voyons, ça ressemble drôlement à un scénario de film, ça, remarquent, dubitatifs, les deux enquêteurs assignés au dossier de Marie, une enfant de la DPJ au passé mouvementé. Du mieux qu’elle le peut, la fragile adolescente réexplique sa nuit d’horreur, mais les deux policiers butent sur des détails insignifiants, qui ne concordent pas.

Ils ne croient pas Marie et l’accusent — dans le sens le plus littéral du terme — d’avoir tout inventé. C’est normal. Marie cause des problèmes depuis des années. Elle aime ça, l’attention, non ?

Trois ans plus tard, en 2011, des attaques similaires se produisent au Colorado, toujours à l’endroit de femmes vivant seules. Porte ou fenêtre mal verrouillée, homme masqué, fusil, sac à dos, photo, gants, douche. Exactement le modus operandi du récit de Marie.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

La série Unbelievable est divisée en huit épisodes d’une heure.

Deux détectives, une plus carrée (Toni Collette) et l’autre plus douce (Merritt Wever), s’investissent corps et âme pour coincer le coupable. Leur enquête est longue, complexe et laborieuse. Elles se trompent. Se fâchent. Mais ne lâchent pas. La suite ne divulgâche rien : le travail rigoureux des deux femmes les conduit jusqu’au dossier bâclé de Marie Adler.

Ça ne paraît pas au premier contact, mais Unbelievable est une télésérie nuancée, qui ne dépeint pas les hommes comme des pourris et les femmes comme des saintes qui se battent pour la justice.

La première victime, la fameuse Marie, fait des gestes stupides qui nous font sacrer en ta… Une partie de nous se demande, honteusement, si Marie ne court effectivement pas après les problèmes.

En même temps, comment réagirions-nous si, comme Marie, nous avions été exclu ou rejeté par le « système » depuis notre naissance ? C’est la portion la plus difficile à regarder d’Unbelievable : la descente aux enfers d’une ado pauvre, isolée et suicidaire. Même ses deux mères d’accueil, pourtant des femmes bienveillantes, doutent de la véracité de son calvaire.

En plus de se pencher sur les biais qui contaminent les enquêtes, Unbelievable raconte une captivante chasse à l’homme où le moindre indice s’avère utile. Qui est donc ce violeur au masque noir, hyper méthodique, qui se montre parfois doux envers ses proies ?

Le chiffrier du lundi

Énormément d’action lundi soir dans le tableau des cotes d’écoute. Eh oui, District 31, qui a accueilli hier la sergente-détective Florence Guindon (Catherine Proulx-Lemay), conserve la première place du palmarès avec ses 1 460 000 accros. À 18 h 30, la quotidienne d’Occupation double de V a généré une audience de 463 000 fans, ce qui a donné un coup de pouce à l’émission suivante dans la grille horaire, À table avec mon ex, qui a grimpé à 179 000 curieux.

À 19 h 30, c’est toujours très serré entre Discussions avec mes parents (944 000) et Boomerang (820 000), qui s’échangent régulièrement la position de tête. À 20 h, L’échappée (923 000) domine Une autre histoire (656 000). Puis, à 21 h, Alerte Amber se maintient autour du million (980 000), tandis que Ruptures stagne de façon inexplicable à 547 000 accros.