À la veille de la présentation de la série On Becoming a God in Central Florida, qui met en vedette Kirsten Dunst et dans laquelle il tient le premier rôle masculin, Théodore Pellerin revient sur son expérience de tournage. Et de vie.

Pour la première fois de sa vie, Théodore Pellerin a passé cinq mois en immersion totale aux États-Unis. L’acteur québécois a tourné là-bas les dix épisodes de la toute première saison d’On Becoming a God in Central Florida, série qu’il espère voir bientôt renouvelée. 

Il y incarne une espèce de jeune gourou du rêve américain, dont le talent est de faire miroiter auprès de ses disciples la perspective de gains faciles en les entraînant dans un système de vente pyramidale. Face à lui, Kirsten Dunst. Qui incarne une femme tentant de prendre sa revanche sur un système qui lui a tout fait perdre.

PHOTO FOURNIE PAR SHOWTIME

Théodore Pellerin et Kirsten Dunst dans une scène tirée de la série

« Sur le plan professionnel, cette série m’a évidemment permis de faire des rencontres marquantes, sur les plans tant artistique que personnel », fait remarquer l’acteur. 

Mais au-delà de ça, le fait de vivre en anglais chez les Américains pendant tout ce temps m’a permis d’avoir un autre regard sur la culture américaine. J’ai maintenant l’impression de comprendre cette société de façon plus viscérale. Ce qui ressort surtout, c’est l’obsession de l’argent.

Théodore Pellerin

Un phénomène culturel bien ancré

Le rêve américain, le fantasme de « partir de rien » pour faire fortune et devenir multimillionnaire, est justement ce qui motive le personnage qu’il incarne dans cette série créée par Robert Funke et Matt Lutsky. Le trait est un peu grossi par des éléments satiriques, mais il appert, selon l’acteur, qu’on fait ici écho à un phénomène culturel toujours solidement ancré dans l’imaginaire du peuple américain.

« Je me suis rendu compte très rapidement que dans les rapports avec les autres, le discours quotidien tourne très souvent autour de ça. Parler d’argent n’est pas du tout un tabou, mais en même temps, les gens n’ont pas tellement de sous dans leurs poches parce qu’ils ont toujours d’énormes dépenses à faire, même ceux qui gagnent bien leur vie. On dirait que tout le monde veut l’argent de tout le monde. Je trouve ça terrifiant et troublant. Bien sûr, je savais tout ça avant, mais quand on est plongé dans cette réalité, c’est très frappant. »

Charlie McDowell (The Discovery) signe la réalisation du premier et du dernier épisode, et il a supervisé les huit autres, lesquels ont tous la particularité d’avoir été réalisés par une personne différente. C’est dire que l’équipe a dû s’ajuster à la vision de neuf réalisateurs et réalisatrices.

« Forcément, il y en a avec qui tu t’entends mieux que d’autres, précise Théodore Pellerin. Mais Charlie [McDowell] était là pour assurer l’unité de ton. Un plateau d’une série américaine est différent d’un plateau de cinéma, dans la mesure où tu sens que la machine est plus imposante, plus lourde. Le temps de tournage est aussi plus rapide parfois, mais je ne me suis jamais senti bousculé. »

Au moment de cette rencontre, l’acteur n’avait pas encore eu l’occasion de voir un seul épisode de la série, mais il a évoqué le plaisir qu’il a retiré de ce tournage, là où, à ses yeux, la valeur personnelle d’un projet réside. 

À la lecture du scénario du premier épisode, très bien écrit, j’ai trouvé une parenté avec l’univers des frères Coen, dans le rythme, dans l’humour, malgré l’aspect sombre de l’histoire. Ça m’a beaucoup séduit.

Théodore Pellerin 

« Le fait que Kirsten Dunst est liée au projet a aussi pesé dans la balance, ajoute-t-il. Kirsten est une actrice géniale, dont j’aime les choix. Je l’admire encore plus depuis que j’ai travaillé avec elle. »

Une relation cyclique

Depuis On Becoming a God in Central Florida, série à laquelle il est contractuellement lié pour six saisons (dans l’éventualité où elle se rendrait jusque-là !), Théodore Pellerin a tourné Never, Rarely, Sometimes, Always, le nouveau film d’Eliza Hittman (Beach Rats), ainsi que Souterrain, le deuxième long métrage de Sophie Dupuis (Chien de garde). L’acteur a aussi un rôle de soutien dans My Salinger Year, de Philippe Falardeau.

« J’ai parfois l’impression que ça va vite, confie-t-il. Mais je vis bien avec ça. Je me sens privilégié. Il est vrai que, des fois, après avoir vécu passionnément des moments intenses, je me demande si c’est vraiment ce que je veux. J’ai 22 ans. Plus je vieillis, plus je me découvre aussi des intérêts pour d’autres choses. L’histoire, la littérature. J’aimerais parfois avoir le temps de faire des études. Cela dit, j’adore jouer. Dès que je vois une grande performance, ça me trouble et je me dis alors que c’est la plus belle chose au monde. Je ressens ça aussi quand je vois de grands films. Donc, c’est toujours une espèce de relation cyclique : j’adore ça, ça ne me tente plus, j’adore ça, ça ne me tente plus. Je pense que c’est normal et quand même sain, mais il faut apprendre à vivre avec ça ! »

Les deux premiers épisodes d’On Becoming a God in Central Florida seront diffusés sur Crave demain à 22 h. Et plus tard cet hiver en français, à Super Écran.