C’est la télésérie sulfureuse et sombre dont tout le monde parle présentement : Euphoria. Le rappeur torontois Drake la coproduit. La pop star Zendaya, ancienne égérie de Disney à la Miley Cyrus, y campe une ado de 17 ans défoncée à toutes les drogues imaginables, même le fentanyl.

Euphoria contient plusieurs scènes de sexe explicites, montre des pénis en érection et dépeint brutalement une réalité que les parents d’ados préféreraient ne pas voir sur leur nouveau téléviseur intelligent 4K de 59 po, payable en 12 versements égaux.

Partys autant arrosés que poudrés, comprimés écrasés et sniffés, vapoteuses Juul à volonté, relations pas toujours protégées, agressions non dénoncées, hameçonnages sur les réseaux sociaux, sextos et sextorsions, c’est ça, Euphoria. Une plongée super explicite, limite pornographique, dans le quotidien d’une bande d’amis du secondaire qui évoque l’excellent film Kids de Larry Clark, mais aussi la très bonne série britannique Skins, pionnière dans ce genre d’histoires crues.

Euphoria vous choquera-t-elle ? Ça dépend. Le côté sensationnaliste fortement appuyé de cette production, qui décolle le lundi 8 juillet à 21 h sur Super Écran, catapultera certains parents dans une zone de paranoïa extrême. Vite, il faut confisquer iPhone et iMac, qui connectent nos enfants à de la porno dégradante et à des sites de rencontre louches !

Les plus zen verront dans Euphoria, déjà offerte sur Crave et HBO Canada, une mise en garde extrêmement bien stylisée sur les périls de l’ennui adolescent de la génération Z, filmé de façon magistrale.

À peine sortie de désintox, l’anxieuse Rue (Zendaya), le personnage principal, se précipite chez son revendeur pour acheter des opioïdes, des anxiolytiques, n’importe quoi pour ne pas ressentir les effets de la dépression.

La brune Rue se lie rapidement avec la nouvelle de l’école, la blonde Jules, une trans jouée par une actrice trans (Hunter Schafer). Les deux copines combattent de puissants démons. Rue se gèle la face pour les oublier, tandis que Jules s’étourdit dans des rencontres anonymes de motel avec des hommes mariés.

Contrairement à Sex Education de Netflix, qui abordait les mêmes thèmes sans le côté glauque, on ne rigole pas beaucoup devant Euphoria.

Des scènes hyper violentes — physiquement et psychologiquement — ponctuent chacun des épisodes. Et le capitaine de l’équipe de football, tout comme son père (le McSteamy de Grey’s Anatomy), réprime des pulsions qui le conduiront dans des zones lugubres.

Cette série audacieuse, que j’ai beaucoup aimée, dégage un lourd parfum de désespoir, qui semble coller à cette cohorte née après les attentats du 11 septembre 2001 et qui a tout vu sur l’internet. On se croirait en permanence dans un vidéoclip de Billie Eilish.

Certaines intrigues empruntent (malheureusement) la route savonneuse et invraisemblable de Riverdale, d’autres surprennent par leur originalité. Qui aurait cru qu’un scandale de sextape se transformerait en leçon d’acceptation corporelle pour une des protagonistes ?

Bien sûr, tous les membres de la génération Z ne carburent pas à la MDMA et n’exhibent pas leurs organes génitaux devant une webcam. C’est évident. Par contre, Euphoria révèle une détresse bien réelle, comme celle ressentie dans 13 Reasons Why. Seigneur que je suis content d’avoir traversé mon secondaire avant l’invention des médias sociaux.

Des bagatelles d’un ennui mortel

À l’autre bout du spectre des séries centrées sur des ados se trouve la nouvelle série Trinkets de Netflix, Bagatelles dans sa version française. Mon Dieu que c’est ennuyeux. Ne la regardez pas. Je l’ai fait pour vous — quel sens du sacrifice, quand même — et je me suis royalement emmerdé.

PHOTO FOURNIE PAR NETFLIX

Quintessa Swindell dans la série Trinkets

Et pourquoi ai-je enduré 10 mauvais épisodes de 30 minutes de Trinkets ? Pour savoir comment ça finit, duh. Cette mauvaise habitude va finir par m’avoir à l’usure. En plus, Trinkets se conclut de façon invraisemblable, dangereuse et non satisfaisante.

L’idée de départ était pourtant prometteuse. Trois adolescentes de Portland (une populaire, une rebelle, une queer) se croisent dans des réunions de cleptomanes anonymes, où elles apprivoisent leurs différences et se confient sur leurs passés traumatisants respectifs.

Hélas, Trinkets s’éparpille et peine à résoudre les péripéties en développement. La réalisation est fade et molle, sans aucun rythme. Comme si quelqu’un s’était endormi en salle de montage, laissant de longues séquences inutiles.

Ça paraît que Netflix a bâclé cette comédie dramatique, en espérant que la puissance de son algorithme l’impose dans nos salons. Erreur 404. Il y a encore quelqu’un à l’écoute (c’est moi, ça) !