Jean-Charles Lajoie, la supervedette de TVA Sports, est un chic type. Vous le contactez, il répond et ne se défile pas, malgré les conflits d’empire qui grondent. Il nous faudrait plus de gens comme Jean-Charles Lajoie dans le showbiz québécois.

Depuis la mi-janvier, l’animateur à barbichette tient les guides du magazine sportif quotidien qui porte son surnom, JiC, que TVA Sports a logé directement contre Le 5 à 7 du concurrent RDS.

En recrutant Jean-Charles Lajoie du 91,9 FM, TVA Sports s’attendait à aplatir son rival et n’a pas lésiné sur les publicités et autopromotions tonitruantes.

On le sait, c’est la guerre ouverte entre TVA Sports et RDS, de même qu’entre leurs propriétaires, Québecor et Bell Média. Les gants tombent autant sur Twitter que devant le CRTC.

Malheureusement pour TVA Sports, sa star Jean-Charles Lajoie n’a pas propulsé son équipe au sommet. Selon des chiffres de la firme Numeris, l’émission JiC a intéressé une moyenne de 25 000 téléspectateurs, entre le 14 janvier et le 28 avril. Pendant la même période chez RDS, Le 5 à 7 copiloté par Yanick Bouchard et Frédéric Plante a décroché une moyenne d’audience de 36 000 amateurs, soit 44 % de plus que TVA Sports.

À l’automne 2018, quelques mois avant le saut sur la glace de Jean-Charles Lajoie, Le 5 à 7 de RDS attirait environ 37 000 personnes. La nouvelle programmation de TVA Sports entre 17 h et 19 h n’a donc pratiquement eu aucun impact négatif sur celle de RDS. Pour étoffer davantage ce chapitre statistique, sachez que RDS a obtenu 3,3 % de parts de marché cet hiver, contre 2,8 % pour TVA Sports.

« Honnêtement, c’est bien au-delà de ce à quoi je m’attendais. C’est très prometteur et de bon augure pour la suite. Le 5 à 7 de RDS est implanté depuis 10 ans. Et les habitudes des gens en télé, c’est très important », m’explique Jean-Charles Lajoie en entrevue.

Voilà une réaction posée, nuancée, qui insuffle de la fraîcheur dans ce climat télévisuel de plus en plus toxique.

« Et depuis quelques semaines, on est nez à nez avec RDS. On est là, on est dans la course », affirme Jean-Charles Lajoie, qui a quitté son émission radiophonique au 91,9 Sports le 23 novembre 2018.

TVA Sports n’a pas répondu à une demande d’entrevue hier. La station a été plongée dans la tourmente, au début du mois d’avril, quand Pierre Karl Péladeau a coupé son signal aux abonnés de Bell pour protester contre le système actuel de redevances, qu’il juge inéquitable. Rapidement, le CRTC a rappelé Québecor Média à l’ordre et l’a forcé à redonner TVA Sports aux clients de Bell.

Pour la petite histoire, TVA Sports, lancée en 2011, a perdu plus de 150 millions pendant ses six premières années d’exploitation. Les actionnaires ne sautent pas de joie présentement. Pierre Karl Péladeau a même évoqué la fermeture de TVA Sports devant le CRTC.

« Moi, je demeure insensible et étranger à tout ça. Ça se passe au-dessus de ma tête. Je contrôle ce que je peux contrôler », philosophe Jean-Charles Lajoie.

Les difficiles fins de mois

Après sa touchante série Face à la rue, Jean-Marie Lapointe explore le thème de la pauvreté dite « ordinaire » dans son excellente docuréalité Fin de mois, qui a débuté mardi à 21 h sur les ondes de la chaîne Moi et Cie.

Sans les juger ni les victimiser, l’animateur suit des familles québécoises qui bouclent difficilement leur budget à quelques jours de tourner la page du calendrier. C’est une idée toute simple, mais très efficace.

La première famille, celle de la mère seule Karine, a dévoilé l’état précis de ses finances personnelles, sans gêne, comme on le voit rarement à la télé. Malgré les chèques d’allocation familiale, l’aide sociale et la pension alimentaire, il ne reste même pas 100 $ dans les poches de Karine après avoir payé les dépenses mensuelles courantes.

Fin de mois comporte 10 épisodes de 30 minutes, qui nous plongent dans le quotidien, pas toujours facile, de 10 familles différentes. 

Et non, Jean-Marie Lapointe ne couvre pas les participants de cadeaux après les tournages, ce qui aurait été gênant, je trouve. Il observe, écoute et fait preuve d’énormément d’empathie.

Le virage « histoires vraies » négocié par Moi et Cie a été payant. La chaîne de Québecor Média aligne des émissions intéressantes comme Où es-tu ? de Marie-Claude Barrette, Pot inc. et Les croque-morts. À découvrir, si ce n’est pas déjà fait.