La dernière comédie québécoise inspirée par la politique remonte à Si la tendance se maintient en octobre 2001. Ça ne vous dit rien ? C’est bien normal. Cette minisérie de TVA avait été un flop.

Michel Côté y jouait un ancien gérant de banque moustachu, vraiment niais, qui accédait par accident au poste de premier ministre du Québec. Tous. Aux. Abris.

Le genre « politicomique », exploité avec acidité et intelligence par Veep sur HBO et Super Écran, ne plaît pas tant chez nous. Le super trio formé par Louis Morissette, Ricardo Trogi et François Avard réussira-t-il à intéresser les téléspectateurs d’ici à une satire politique ?

Leur série, coécrite avec Daniel Savoie (alias Patrice Lemieux), s’appellera La maison bleue, clin d’œil local à la résidence du président des États-Unis. L’Extra de Tou.TV libérera les dix demi-heures de cette émission en mars 2020.

La prémisse ? Le Oui a gagné le référendum de 1995 et le Québec vit son indépendance depuis près de 25 ans.

Le président du Québec, Jacques Hamelin (Guy Nadon), vogue sur une mer agitée. Un mouvement populaire réclame le retour de l’ancienne province au sein de la confédération canadienne. Aussi, les États-Unis, en pénurie de ressources naturelles, offrent au Québec d’échanger le Nunavik contre le morceau de la Floride compris entre Hallandale et Jupiter.

PHOTO FOURNIE PAR RADIO-CANADA

Une partie de l’équipe de La maison bleue

Et pourquoi un président — et non un premier ministre — gouverne-t-il le Québec dans La maison bleue ? Pour établir clairement qu’on ne se prononce pas d’un côté ni de l’autre, glisse la patronne de la télé de Radio-Canada, Dominique Chaloult.

« Le but n’est pas de prendre position dans le débat. Il n’y a rien d’éditorial dans notre processus », ajoute le producteur Louis Morissette, de KOTV.

Il y aura donc un bureau ovale dans la Maison-Bleue, qui s’élèvera à Sillery, un quartier cossu de Québec. Une rivalité s’installera entre le président Hamelin et le vice-président Bernard Boudreau (Claude Despins). Et des débats pimenteront l’émission Coude à coude, un croisement entre La joute de LCN et Les ex de RDI.

La première dame du Québec, Mireille Turcotte (Anne-Marie Cadieux), s’annonce truculente. C’est une femme intense et groupie, qui ne parle pas bien anglais, mais qui s’imagine le contraire.

Parmi les autres personnages principaux, il y a le chef des Forces armées québécoises (Roger Léger), la directrice des communications de la Maison-Bleue (Geneviève Schmidt) ainsi que le chauffeur du président (Dominic Paquet).

Les intrigues ne concerneront pas des votes au Congrès ou la nomination de juges à la Cour suprême, mais bien tout ce qui entoure les protagonistes. « Quelqu’un qui ne s’intéresse pas à la politique va quand même trouver ça drôle », précise Ricardo Trogi, qui réalisera les dix épisodes de La maison bleue.

Pour ne pas effrayer son public potentiel, Radio-Canada parle de La maison bleue comme d’une comédie de bureau plutôt que d’une comédie politique. Par le passé, Les Bougon ont souvent abordé des sujets liés à la politique, mais toujours par la bande.

Le président fictif du Québec ne sera ni un grand intellectuel ni un nigaud. Louis Morissette parle d’un homme près du peuple, se rapprochant plus de François Legault que de Jacques Parizeau.

Et au lieu des démocrates et des républicains, les deux principaux partis du jeune pays s’appelleront Nation Québec et le Bloc canadien.

Aux États-Unis, Veep récolte des critiques élogieuses et des cotes d’écoute très modestes. L’humour politique passe mieux dans les talk-shows de fin de soirée ou dans les émissions à sketchs comme Saturday Night Live que dans les fictions.

Pour le moment, Radio-Canada n’a pas prévu d’inclure La maison bleue dans sa grille de programmation régulière. Si l’on se fie aux décisions du passé, pratiquement toutes les primeurs de l’Extra finissent par traverser à la télé traditionnelle.

Parlant de nouvelles séries sur des plateformes numériques, le Club illico de Vidéotron a annoncé la mise en chantier d’une nouvelle minisérie dramatique par les auteurs de L’heure bleue, Anne Boyer et Michel d’Astous.

L’émission s’appelle Mon fils et c’est Élise Guilbault qui en a décroché le rôle principal. Les scénaristes raconteront la vie d’une mère divorcée (Guilbault), dont le fils de 18 ans reçoit un diagnostic de schizophrénie.

Mariloup Wolfe (Ruptures, Hubert et Fanny) réalisera les six épisodes d’une heure de Mon fils. Aucune date de mise en ligne n’a été annoncée.

La voix reprend du galon

En l’absence d’une édition originale de Tout le monde en parle, qui fait relâche jusqu’en septembre, La voix de TVA a remonté jusqu’à 1 827 000 téléspectateurs dimanche soir. Le dernier épisode à vie de Tout le monde aime — l’émission de Sonia Benezra n’a pas été renouvelée par TVA — a intéressé 769 000 personnes. Radio-Canada a connu un dimanche tranquille avec Découverte (357 000), de même que les meilleurs moments d’Ici Laflaque (278 000) et ceux de Tout le monde en parle (429 000).