Chaque semaine, un invité de La Presse+ prend position sur des sujets de son actualité.

L'interprète de Kevin dans Lâcher prise (qui aura une troisième saison à ICI Radio-Canada Télé) est aussi codirecteur artistique du Théâtre de la banquette arrière, qui présente Amour et information ces jours-ci à La Licorne. La troupe tiendra une soirée-bénéfice festive le 1er juin au Livart. Sa prochaine production, Souveraines de Rose-Maïté Erkoreka, sera à l'affiche du Quat'Sous en novembre. Éric Paulhus fait aussi partie de la distribution de la série de Super Écran Madame Lebrun.

> Consultez le site du Théâtre de la banquette arrière

PLUS D'AUDITIONS POUR LES RÔLES À LA TÉLÉ

Pour

« Sinon, je n'aurais pas été dans Lâcher prise. Ils avaient fait une première vague d'auditions, et ils ne trouvaient pas ce qu'ils voulaient. J'ai eu la chance qu'ils élargissent le cercle. [...] Si on pense un peu plus loin, c'est une affaire de sous aussi. Avant, on auditionnait beaucoup, beaucoup. Et là, à un moment donné, ça réduit et ils font : "Bien, on a le temps et l'argent pour auditionner cinq personnes." Et sur cinq, ils veulent des vedettes. [...] D'élargir le cercle, je trouve que tout le monde y gagne : les acteurs et les producteurs, mais aussi le public, car je crois qu'il veut ça. On l'a vu avec Ève Landry et Debbie Lynch-White dans Unité 9. »

L'ÉROSION DE LA TÉLÉ JEUNESSE

Contre

« J'en ai même déjà fait mention quand j'ai gagné le troisième Gémeaux pour Les Argonautes  [série qui a été diffusée à Télé-Québec de 2013 à 2016]. Parce que les diffuseurs ont commencé un peu à délaisser la télé jeunesse ‒ encore une fois, j'imagine, pour des soucis de rentabilité. Ils se sont mis à acheter des séries américaines, des trucs doublés, parfois même en France. Mais les séries jeunesse sont tellement importantes. Elles forgent l'imaginaire, et tu veux aussi que ce qu'on te présente, ce soit la réalité d'ici jusqu'à un certain point. [...] Effectivement, on sent que ça peut s'éroder, que les gens ont le goût de la délaisser et c'est une grosse, grosse erreur. »

L'ENSEIGNEMENT DU THÉÂTRE À LA DURE

[Éric Paulhus a étudié au Conservatoire d'art dramatique, qui a congédié le professeur Gilbert Sicotte en début d'année.]

Pour

« Ça dépend de ce qu'on entend par "à la dure". À la base, comme comédien, on a tous des plis et des gênes qu'on doit outrepasser. Je suis arrivé au Conservatoire avec une carapace que je m'étais bâtie à l'adolescence ; la première année, c'était beaucoup de comprendre ce que je dégageais. Et oui, je me suis fait "shaker". Mais moi, j'avais les outils personnels pour l'absorber. Donc, c'est du cas par cas et ça dépend des sensibilités personnelles. »

Contre

« Mais dans l'absolu, je suis contre. Moi, je donne de meilleurs résultats dans le travail si je me sens en confiance, si je me sens apprécié. [...] Dans le dénigrement, ce n'est pas bon. »

LE MÉCÉNAT POUR LES COMPAGNIES DE THÉÂTRE

Pour

« Même que c'est vital et nécessaire. Sans le privé, vu la façon dont le système est construit ‒ le prix des billets, le niveau des subventions dont on dispose ‒, on n'y arriverait juste pas. Nous, notre compagnie La Banquette arrière serait déjà fermée depuis des années. Parce qu'on ne veut pas vendre nos billets à 50 $, mais qu'on ne veut pas non plus faire 300 heures de travail pour [un cachet global de] 50 $. [...] Pour offrir quelque chose d'artistique au public, ça prend l'apport à la fois du privé, du gouvernement et des gens dans la salle. »

DEVENIR « IMMORTEL » À 36 ANS

[Le comédien a remporté un troisième Gémeaux pour le rôle de Ro-Main dans Les Argonautes en 2015, ce qui lui a valu le titre d'« Immortel ».]

Pour

« Ça a vraiment été une super soirée. Gagner des prix, ça ne change rien dans l'absolu, mais là, c'était une conjoncture de plusieurs choses : je savais que si je gagnais pour la troisième fois, je devenais un Immortel et c'était un peu un one-time deal ; c'était aussi le soir, au gros gala télévisé et pas en après-midi. Je me revoyais, jeune, regarder les Gémeaux dans le sous-sol avec mes parents et là, je me disais : "OK, c'est moi qui monte sur scène dans le gala de soir." En même temps, c'est une tape dans le dos qui me dit : "Oui, ce que tu fais, on est plusieurs à penser que tu es sur ton X. Continue." »

UNE BANQUETTE ARRIÈRE DANS 17 ANS ENCORE

Pour

« Mais le défi va être de voir ce qu'une gang de 50-ish ans ensemble a à dire. Les sujets vont changer. Peut-être qu'on devra faire plus de créations pour que ce soit adapté. Est-ce qu'il faudra penser à inclure d'autres acteurs ? Mais on y croit. On a déjà deux, trois ans de projets devant nous, confirmés ou flous. Justement, dans le mécénat, il y a un programme Placements Culture ‒ on va chercher de l'argent au privé, que le gouvernement "accote" ‒ et il doit être placé pour 10 ans. Et on l'a fait ! Donc il faut croire qu'on se dit que dans 10 ans, on va être encore là. »