Un invité de La Presse prend position sur des sujets qui marquent son actualité. Cette semaine: Christian Bégin.

La nouvelle saison de Y'a du monde à messe est diffusée à Télé-Québec depuis vendredi. Christian Bégin (aussi comédien et dramaturge) anime cette émission où cinq personnalités sont réunies autour de la table, dans une ancienne église de Montréal. En ondes les vendredis à 21 h et en rediffusion les dimanches à 20 h.

Les journalistes qui font le saut en politique

Pour

«Les journalistes sont de bons observateurs du monde dans lequel ils vivent. Et pour aller en politique, il faut avoir des connaissances intimes de la société dans laquelle on vit. Je trouve que ce sont potentiellement de très bons candidats. Ma seule question, c'est le système politique dans lequel on vit. Quand on va en politique, est-ce une façon d'embrasser ce système-là? Et moi, c'est ce système que je conteste et que je questionne. Mais que des journalistes aient envie de faire le saut en politique, je suis totalement pour.»

Les égoportraits dans les musées

Contre

«Je suis allé à Séoul, en Corée du Sud, l'an dernier, puisque mon fils vivait là-bas. Et je suis débarqué dans une civilisation où j'ai été terrifié par l'omniprésence des selfies. Tout le monde se prend en selfie partout et dans toutes les circonstances. Je me questionne beaucoup sur ce phénomène de société, cette espèce de boulimie de vouloir se montrer constamment ou montrer qu'on est en train de vivre une expérience hors de l'ordinaire. Et en plus, on est toujours laid sur un selfie. Donc ni dans les musées, ni dans les restos, ni ailleurs. Pas de selfie

Diffuser des films d'Allen ou de Polanski

Pour et contre

«Ça, c'est un gros débat... Je suis un fan de la cinématographie de Woody Allen et, en même temps, je dois me poser la question: est-ce qu'on dissocie l'oeuvre de l'homme? Je suis un fan de l'oeuvre de Frank Sinatra. Quand tu apprends que c'était un être assez exécrable dans la vie, tu te demandes si tu vas continuer à écouter du Sinatra chez toi. Par contre, si on décide de ne plus l'écouter, je crois qu'il faut réfléchir à pourquoi on le fait personnellement. Je pense quand même qu'il faut faire attention pour éviter que ça devienne un système d'épuration. On ne va pas à se mettre à effacer de nos livres d'histoire tout le monde qui a fait des gestes répréhensibles parce que notre histoire est bâtie par bien des gens qui ne sont pas purs. Mais c'est un sujet extrêmement délicat.»

L'éternelle parodie de vous par Marc Labrèche

Pour

«C'est drôle, parce que cette semaine, j'ai reçu plein d'appels d'amis qui me demandaient si j'avais vu sa dernière parodie [de La voix] et je me disais: "Osti, pas encore!" En même temps, je sais que c'est fait avec affection. Même si nous ne sommes pas proches dans l'intimité, je crois qu'il y a un respect mutuel artistiquement. Dans le cadre des 50 ans de Télé-Québec, j'ai vu une sorte d'hommage que Marc rendait à mon travail et je ne sais jamais où se situe la frontière entre la vérité et l'ironie. Mais je suis confortable avec cette ambiguïté-là. Je me dis: "Est-ce qu'il est en train de se foutre de ma gueule et, dans le fond, il exècre ce que je fais?" Mais non, je sais que non.»

Revisiter les héros réels dans nos films

Pour

«Nous sommes un pays... non, nous sommes une province, pas un pays encore, malheureusement... mais nous sommes une province dont la devise est "Je me souviens". Malgré tout, nous avons un rapport complètement tordu à notre histoire. À l'émission de Rebecca Makonnen [On dira ce qu'on voudra] à Radio-Canada, ils invitaient l'ADISQ à créer un trophée La Bolduc, parce que - sans vouloir détrôner Félix Leclerc dans son rôle de précurseur - elle fut la première à chanter de façon populaire au Québec. Sans vouloir l'être peut-être, ce fut une des premières féministes. Elle est une figure puissante. Donc oui, si nous avons des figures de héros positifs dans notre histoire, on doit les reconvoquer.»

L'omniprésence des émissions de vedettes à la télé

Pour

«C'est vrai que nous entendons de plus en plus, dans le discours populaire, que nous voyons toujours les mêmes personnes et qu'il y a une sorte d'autocongratulation entre nous, dans notre milieu. Par contre, nous avons un rapport très amoureux, au Québec, avec les gens qui font partie de ce vedettariat. Ce qui me réjouit est qu'il y a des offres différentes. Je pense que Y'a du monde à messe est un exemple de ça. Nous ne sommes pas condamnés à vivre sous la dictature de la vedette incontournable. Nous en avons, mais il y a aussi des gens qu'on découvre ou qu'on connaît moins. Ou des gens qu'on connaît beaucoup, mais qu'on découvre sous un autre angle. Donc ce n'est pas une affaire de "pour ou contre", mais plus d'offrir une diversité dans l'offre.»