En cet âge d'or des téléséries, La Presse décortique chaque semaine une série qui vaut le coup d'oeil. Aujourd'hui: American Vandal.

Un «mockumentary»

Pour qu'il y ait une parodie, il doit d'abord y avoir un phénomène. Et on peut dire que les séries documentaires judiciaires ont la cote depuis quelques années. On adore se taper des heures d'enquête pour dénicher un coupable ou innocenter quelqu'un accusé à tort. Netflix verse pas mal là-dedans depuis le succès de Making a Murderer, auquel on peut ajouter récemment The Keepers. Les balados sont aussi devenus très populaires avec des projets comme Serial. C'est sur cet engouement que surfe American Vandal, série parodique en huit épisodes qui reprend tous les codes de ces émissions, mais sur une prémisse particulièrement stupide, soit de découvrir qui a dessiné 27 pénis sur les voitures du personnel d'une école secondaire américaine.

Graine de criminel

Qui a bien pu taguer de bites à l'encre rouge les voitures des profs dans le stationnement de l'école? Tous les regards se tournent vers Dylan Maxwell (Jimmy Tatro), qui a un lourd passé de dessinateur de pénis. Dylan est un vrai douchebag, cauchemar des profs, un peu cancre, qui passe son temps à fumer des joints avec sa petite bande de potes et à tourner des vidéos «virales» très stupides (comme péter sur les enfants dans les parcs). Il est le suspect idéal, et c'est ce que Peter Maldonado (Tyler Alvarez) trouve justement suspect. Membre (comme Dylan) du club de production vidéo de l'école, il se lance dans un documentaire pour faire la lumière sur les événements. Il déterrera surtout beaucoup de choses gênantes.

Déconstruction du genre

Les deux créateurs d'American Vandal, Tony Yacenda et Dan Perrault, ont apporté un soin maniaque à leur réalisation, afin de recopier et détourner tous les tics et codes du genre. Interview, tableaux, reconstitution de la scène de crime, analyses des mobiles et alibis, détails des activités sur les réseaux sociaux, caméras cachées: le jeune Peter est totalement dévoué à son enquête et cela dérange beaucoup la direction, puisqu'il fouille la vie de tout le monde, et que tout le monde a évidemment quelque chose à cacher. C'est aussi l'occasion de dire le mot «pénis» sans arrêt, quand on découvre par exemple que ceux dessinés par Dylan ont toujours des poils aux couilles et pas ceux du crime.

Portrait d'une école ordinaire

Parallèlement à l'enquête, ce qu'offre American Vandal est aussi un portrait assez réaliste de la vie dans une école secondaire américaine, avec les archétypes que tout le monde a connus. La fille populaire, le rejet, la nerd, le poteux, le prof trop cool qui ne veut pas vieillir, et notre suspect, Dylan, qu'on finit par trouver touchant malgré son imbécillité évidente - on a même de la difficulté à croire que c'est un comédien qui l'incarne, tellement Jimmy Tatro joue bien le crétin. Le cocréateur Dan Perrault, dans une interview à Indiewire, a confié qu'au départ, American Vandal devait être une websérie dont les épisodes auraient duré 10 minutes. «Mais plus on creusait les personnages, plus on réalisait qu'il y avait beaucoup de choses à raconter, et nous ne voulions pas que ce ne soit qu'une assommante blague de bite, alors nous avons développé d'autres histoires parallèles.»

Se faire couillonner

Même si on sait qu'on se fait rouler dans la farine dès le premier épisode, difficile de résister à American Vandal (offerte aussi en version française). Au début, on se demande comment on peut étirer une blague idiote sur huit épisodes de 30 minutes, mais c'est tellement bien fait qu'on finit par être obsédé par une question: QUI a dessiné ces foutus pénis? C'est ainsi que le mot-clic #whodrewthedick?, qui a lancé la campagne de promotion de la série, est devenu viral sur le web, car la série American Vandal a été très bien reçue par la critique et les téléspectateurs, certains disant même qu'elle est plus réaliste que 13 Reasons Why! On trouve d'ailleurs assez cool que Netflix, grand fournisseur de séries criminelles, ait accepté ce projet de parodie. Bref, si vous aimez vous faire niaiser, American Vandal est pour vous.

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American Vandal. Une série de 8 épisodes. Mettant en vedette: Tyler Alvarez, Griffin Gluck, Jimmy Tatro. Créateurs: Tony Yacenda, Dan Perrault. Offerte sur Netflix.

Photo fournie par Netflix

American Vandal brosse un portrait assez réaliste de la vie dans une école secondaire américaine.