L'écrivaine canadienne Margaret Atwood s'est réjouie lundi soir de voir ses personnages de fiction repris en étendard par des mouvements de protestation politique aux États-Unis, après le succès de l'adaptation en série de son livre The Handmaid's Tale.

Plus de trente ans après la publication de ce roman d'anticipation, les capes rouges portées par les femmes transformées en esclaves sexuelles dans une Amérique tombée au mains d'une secte chrétienne fondamentaliste sont devenues «un symbole immédiatement reconnaissable» dans les combats féministes, selon Atwood.

«Je suis très heureuse que des gens puissent l'utiliser, et que ça puisse avoir un impact», a-t-elle expliqué dans le cadre d'une soirée du festival littéraire de Londres.

La sortie en 1985 de The Handmaid's Tale (La servante écarlate) avait été couronnée de succès. Son adaptation en série, diffusée par la plateforme de streaming américaine Hulu depuis avril dernier, lui a permis de rencontrer un nouveau public, notamment dans le contexte d'agitation politique qui a suivi l'arrivée au pouvoir de Donald Trump aux États-Unis.

Le symbole vestimentaire a ainsi été utilisé par des femmes dans des rassemblements devant le Capitole, à Washington, pour protester contre les réformes du système de santé portées par les Républicains. Il a également été repris par des militantes pro-IVG en Irlande.

«Dans la série, une scène montre une poignée d'hommes voulant légiférer sur les droits des femmes, sans qu'aucune femme ne soit impliquée dans le processus de décision», a expliqué l'écrivaine de 77 ans. «C'est un bel objet de protestation: vous ne dites rien, mais tout le monde sait ce que vous défendez», a-t-elle estimé.

Mais si la dystopie décrite par Margaret Atwood a parfois été rattrapée par la réalité, elle assure que le tournage de la série n'a pas été perturbée par l'élection de Donald Trump.

L'équipe de tournage «s'est réveillée le 9 novembre et s'est dit "Ça va être une toute autre histoire désormais". Bien que rien n'avait changé dans la narration, ça allait être perçu différemment».

Dans ce contexte, la série a été saluée par la critique. Lors de la cérémonie des Emmy Award, le mois dernier, elle a remporté cinq prix, dont celui de la meilleure série dramatique, et celui de la meilleure actrice pour Elisabeth Moss.

Et la reconnaissance portée à son oeuvre ne s'arrête pas là. Son roman Alias Grace, publié en 1996, a également fait l'objet d'une adaptation, en mini-série, par Netflix, dont la diffusion a commencé en septembre. Et Margaret Atwood figure parmi les lauréats potentiels au prix Nobel de littérature, qui sera décerné jeudi.