C'est le grand retour de Will and Grace, ce soir, au petit écran. Pour souligner l'événement, La Presse se penche sur ce phénomène de la télévision américaine au tournant du siècle. Et pèse son potentiel de succès futur.

Série révolutionnaire

En 1998, en lançant Will and Grace, la chaîne NBC a diffusé la première série de la télévision américaine avec deux des quatre personnages principaux ouvertement homosexuels. C'était juste un an après le coming out de la comédienne Ellen DeGeneres, dans la vie comme dans sa sitcom. Et à une époque où, après la crise du sida, la communauté gaie avait grand besoin de modèles positifs. En huit saisons, la série créée par David Kohan et Max Mutchnick a fait tomber plusieurs préjugés. Avec humour et sarcasme. Si bien qu'aujourd'hui, voir des personnages gais et lesbiens à la télé est devenu presque la norme.

La quadrature du cercle d'amis

Si le sujet était «révolutionnaire», l'écriture de Will and Grace demeure classique. Elle s'appuie sur un scénario - pour ne pas dire une formule - éprouvé: l'éternel couple dépareillé, et le groupe d'amis névrosés, mais soudés. Pensons à Friends, à Seinfeld, ou plus loin à The Odd Couple. Côté nature, un avocat homosexuel, Will (Eric McCormack), et sa meilleure amie styliste et hétéro, Grace (Debra Messing). Côté givré, les deux amis qui sont leurs exacts opposés : Karen (Megan Mullally) et Jack (Sean Hayes). Autant les premiers sont «normaux» et bienveillants, autant les seconds sont marginaux et délinquants. Le choc des personnalités est propice au comique de situation, car les conflits sont résolus dans l'amitié et la complicité.

Un pari risqué

Deux décennies après sa création, et plus de 11 ans après la fin de sa diffusion (hormis un court épisode spécial sur l'élection présidentielle, l'automne dernier), ce retour au petit écran est un gros pari pour NBC. On ne parle plus de «gays», mais de LGBT; les iPhone ont remplacé les répondeurs; l'amitié se passe davantage sur les réseaux sociaux qu'à la maison. Bref, le monde a bien changé... et les États-Unis particulièrement.

Humour et politique

Les acteurs et les créateurs ont déjà affirmé qu'ils n'auraient pas peur d'aborder des thèmes controversés: les politiques de Trump, le retour de la droite, les droits des transsexuels et des queers, etc. «Mon souhait, c'est qu'on puisse faire le tour de l'alphabet des identités sexuelles et de la question des genres», a dit l'actrice Debra Messing lors d'un panel à New York. Max Mutchnick a aussi confirmé que dans l'équipe des auteurs, il y a «au moins» un partisan du président américain. La nouvelle mouture de la série fera donc entendre la diversité des voix sociales. On sait déjà que la vilaine et richissime Karen est une «très bonne amie de Donnie». Ils ont probablement participé aux mêmes cocktails-bénéfices dans la Trump Tower... 

Retour vers le futur

Oubliez le dernier épisode de la saison 8, diffusé en mai 2006. On avait alors vieilli les quatre protagonistes de 20 ans. Will et Grace étaient en couple, chacun de leur côté. Ils avaient des enfants. Or, les créateurs de la série, David Kohan et Max Mutchnick, ont annoncé qu'on allait retrouver les quatre inséparables amis 11 ans plus tard, sans progéniture et toujours à la recherche de l'âme soeur. Si le monde a changé, les protagonistes sont restés fidèles à eux-mêmes: drôles, irrévérencieux et totalement immatures!

Will and Grace en chiffres

194 Nombre d'épisodes diffusés de 1998 à 2006

46 Nombre de pays où la série a été diffusée

16 Nombre de prix Emmy récoltés par l'équipe

17,3 millions de téléspectateurs Audience moyenne durant les meilleures saisons (3 et 4)

_______________________________________________________________________________

Will and Grace, sur NBC et Global, le jeudi à 21 h. La neuvième saison comporte 16 épisodes. Une saison 10 est déjà confirmée pour 2018.

Will and Grace