En cet âge d'or des téléséries, La Presse décortique chaque semaine une série qui vaut le coup d'oeil.

L'histoire

L'histoire se déroule dans la prestigieuse (et fictive) Université de Winchester, où la majorité des étudiants sont blancs. Nous y retrouvons une organisation composée principalement d'Afro-Américains où les membres dénoncent avec ardeur le racisme ambiant qui règne dans cet établissement scolaire. Par exemple, Samantha Brown (Logan Browning), une animatrice de radio forte en gueule, montre du doigt les différentes injustices qu'elle et ses confrères subissent dans son émission quotidienne Dear White People. Lorsqu'un groupe de Blancs organise une fête dans une résidence privée où le thème de la soirée est le «blackface», c'est la goutte qui fait déborder le vase.

Les personnages

Chaque épisode tourne autour d'un personnage de ce groupe d'amis. Il y a d'abord Samantha qui crée la commotion au sein de son organisation lorsqu'elle annonce qu'elle est amoureuse d'un étudiant à la peau blanche. On retrouve son pendant masculin, Reggie (Marque Richardson), qui parle fort, ne mâche pas ses mots et joue les durs à cuire. Par contre, lorsqu'un policier pointe son fusil vers lui, sa carapace tombe et toute sa fragilité est révélée au grand jour. Il y a aussi Coco (Antoinette Robertson), un des personnages les plus attachants et les plus complexes. Cette belle grande fille a passé son adolescence dans un collège privé de Chicago où les Afro-Américains étaient rares. Encore à l'université, elle s'entoure surtout de personnes blanches et sera même une des convives de la fête «blackface». Parmi les autres personnages principaux, il y a le journaliste introverti Lionel (DeRon Horton) qui tente de sortir du placard, ainsi que son colocataire, le tombeur de ces dames et fils du doyen de l'université, Troy (Brandon P. Bell).

Le créateur

En 2014, Justin Simien avait fait sensation au festival de Sundance avec son long métrage Dear White People, où il avait d'ailleurs reçu le prix spécial du jury. Quelques années plus tard, il est de retour avec cette histoire, déclinée cette fois-ci en 10 épisodes télévisés d'une trentaine de minutes. Cette adaptation, bien meilleure que le film, permet au réalisateur de mieux camper ses personnages, notamment ceux qui sont secondaires. Quelques acteurs du long métrage reprennent leurs rôles dans la télésérie.

Le verdict

La série présente les différentes formes du racisme avec intelligence et humour. Le regard désabusé (et légèrement amusé) que posent la plupart des membres de l'organisation noire sur leurs pairs fait sourire. Parmi les scènes les plus rigolotes, il y a celles où ils regardent en groupe une tordante parodie de Scandal. Par ailleurs, les Blancs ne sont pas les grands méchants de cette série: ils sont nombreux à être tout aussi choqués de la discrimination que subissent leurs confrères. «On peut mettre le racisme à genoux», dira d'ailleurs un des étudiants blancs. Parmi les bémols de la télésérie, il y a le manque de subtilité dans quelques dialogues de Justin Simien. Des spectateurs pourraient crier aux clichés ou rouler des yeux devant le ton un peu trop pédagogue de certains personnages. Reste que Dear White People vaut amplement le détour. Amplement.

photo fournie par Lionsgate/Séville

Le réalisateur Justin Simien dirige l'actrice Tessa Thompson sur le plateau du film Dear White People, qui a précédé la série du même nom.