S'il y a un sentiment unanime qui règne sur le plateau de la série Mirador, c'est le mélange de satisfaction et de soulagement chez les artisans à pouvoir boucler la boucle.

Et il y en a au moins deux autres. Sentiment de soulagement à voir que le scénariste Jacques Savoie, prenant le relais des auteurs d'origine, Daniel Thibault et Isabelle Pelletier, a su parfaitement entrer dans la psychologie des personnages. Et sentiment de satisfaction à constater que cette troisième et ultime saison est centrée sur Richard, Philippe et Luc Racine, le père et ses deux fils à la tête du cabinet de relations publiques.

Un cabinet qui, tout en continuant à gérer des crises externes, doit surtout composer avec le dossier le plus explosif de son existence: sa propre situation interne!

Parce que ça bout à l'intérieur des murs de Mirador. La tension est forte. La pression entre les employés aussi. Il y a des risques de débordements. Il y a des risques de brûlures très graves. Il y a des risques que tout explose!

Les représentants des médias en ont eu une bonne idée, vendredi dernier, sur le plateau de tournage installé au 28e étage du 1000, rue De La Gauchetière. Un échange d'arguments entre Philippe Racine (Patrick Labbé) et Chantal Boutin (Catherine Trudeau) laissait voir que l'orage gronde dans le bureau. Et la présence de la très ambitieuse avocate Salomé Lemestre (Bianca Gervais) ne fait rien pour améliorer les choses.

«Salomé est un nouveau personnage, dit la comédienne. Elle est déterminée, elle est carriériste. Elle ne s'entend avec personne au bureau. Elle est en confrontation avec une de ses collègues; elle est en séduction avec un autre. Bref, elle dérange. Mais, alors que les fondations de Mirador sont fortement secouées, on va beaucoup avoir besoin d'elle sur le plan légal. Notamment Philippe, qui se met dans de beaux draps.»

Cette troisième saison verra en effet le grand patron Philippe sombrer, alors que son frère Luc (David La Haye) migrera vers la lumière. Le tout sous le regard du paternel Richard (Gilles Renaud), pas encore remis de son accident.

«Mirador, c'est encore l'archétype de Caïn et Abel», suggère Jacques Savoie en faisant le lien entre Mirador et les personnages bibliques.

L'auteur soulève par ailleurs le fait qu'il est rare de se faire suggérer de terminer un travail que d'autres ont commencé. Mais, après avoir entendu le romancier Michel Tremblay parler des plaisirs de la traduction parce qu'on s'y frotte aux personnages d'un autre auteur, Savoie s'est laissé tenter. Et il y a trouvé son bonheur. Notamment celui de dénouer les intrigues passées pour nous amener vers une grande finale.

«Les scénaristes d'origine ne savaient pas comment terminer leur histoire. Ils n'étaient pas arrivés là, dit M. Savoie. J'ai regardé les deux premières saisons et j'ai trouvé toutes sortes de petits fils que je pouvais utiliser. Comme j'écris aussi des romans policiers, j'ai voulu que cette dernière saison s'articule ainsi sur des choses qu'on va comprendre à la dernière minute. Et, nous sommes tous d'accord là-dessus, elle porte beaucoup sur les personnages. On ne voulait pas nécessairement faire d'autres cas de relations publiques (même s'il y en a), mais savoir comment nos personnages s'extraient des situations dans lesquelles ils sont plongés.»

Père et fils

Qu'en disent Gilles Renaud, Patrick Labbé et David La Haye?

«Richard est dans le même état d'esprit qu'à la fin de la deuxième saison, alors qu'il était encore en réadaptation, dit M. Renaud. Mais dès le premier épisode de la troisième saison, on le verra commettre une gaffe dans une commission d'enquête sur le financement des partis politiques. Cette gaffe va le suivre et le poursuivre.»

Patrick Labbé, lui, explique que son personnage de Philippe se dévoilera sous un autre jour.

«On a laissé Philippe [à la fin de la deuxième saison] sur une détermination à poursuivre sa quête de vérité et d'éthique, dit-il. Au début de la saison 3, il est au sommet de la montagne et s'en pète drôlement les bretelles. On va cependant pouvoir se questionner sur les façons qui l'ont amené à cette réussite. À partir de là, on pourra commencer à faire certains liens avec son père. Entre eux, il y a des ressemblances. Chassez le naturel et il revient au galop!»

Enfin, David La Haye se réjouit de constater que cette troisième saison permettra d'explorer les profondeurs de son très cassant Luc. «Il était superficiel, arrogant et baveux dans la première saison, dit-il. Mais il a une très grande blessure imputable à la mort de sa mère et au fait qu'il est l'incompétent de la famille. Alors qu'ici, avec Mirador qui connaît des problèmes, on va faire appel à lui parce qu'il est doué d'une grande humanité et d'une grande fidélité filiale. Luc va se rendre compte que la famille est plus importante que l'ambition.»

Chez tout un chacun, on est on ne peut plus heureux de voir cette série reprise et bouclée, quatre ans après le dernier épisode présenté à Radio-Canada.

«Le retour de Mirador me permet de mettre un point sur quelque chose que j'avais trouvé difficile, dit Patrick Labbé. J'ai amorcé le deuil de la série de façon un peu trop amère. Et y revenir de cette façon-là, avec la même équipe, me permettra de dormir en paix.»

Produit par Corus Média, la troisième saison de Mirador sera présentée à l'automne 2016 sur les ondes de Séries+. Outre les comédiens déjà nommés, on y retrouvera Normand Daneau, Steve Laplante, Geneviève Rochette, Nathalie Coupal, Madeleine Péloquin, Mylène St-Sauveur, Tony Robinow, Antoine Pilon, Serge Postigo, Alexandre Goyette et Tetchena Bellange.