Elles sont environ 120 nouvelles séries à jouer des coudes en cette rentrée télévisée d'automne aux États-Unis, usant de tous les outils marketing possibles pour se démarquer avant même les premières diffusions.

Cette saison, plusieurs nouveautés sont attendues, mais aucune ne s'impose encore comme incontournable.

La nouvelle série de Netflix, Narcos, se penche sur la lutte contre le trafic de drogue entre Colombie et États-Unis durant les années 1980. Très bien documentée, complexe, elle a déjà été saluée par la critique.

Sur le câble, sera suivie, sur la chaîne AMC, la série Fear the Walking Dead, déclinaison du phénomène The Walking Dead censée se passer avant l'original.

Côté grandes chaînes gratuites, l'attention est notamment tournée vers The Catch sur ABC, produite par l'équipe de Shonda Rhimes, qui a déjà sorti de sa manche trois réussites ces dernières années, Grey's AnatomyScandal et How to Get Away with Murder, qui bénéficient encore toutes d'audiences soutenues.

«Pour devenir un succès, une série doit être très bonne dans son créneau», explique Robert Thompson, professeur à l'Université de Syracuse.

Succès surprise de l'année 2015, la série de la chaîne Fox, Empire, a séduit car «c'est du bon vieux soap opéra», mâtiné «d'un peu de Shakespeare», un programme «vraiment agréable à regarder», selon lui.

Cette saga bling bling, qui met en scène le patron d'une maison de disques et sa famille, sur fond de succession, a réussi à damer assez nettement le pion à la référence, The Walking Dead, en fin d'exercice, et sa deuxième saison est très attendue.

Du sang et des noms connus

Pour M. Thompson, quelle que soit la série, les deux éléments importants pour un nouveau venu sont «une écriture de très bonne qualité» et des personnages «auxquels on s'attache». Importants, mais pas suffisants, tempère l'universitaire: «Il n'existe pas de formule mathématique».

Pour se démarquer, en cette rentrée d'automne, plusieurs nouvelles séries jouent la carte de la violence et du sang.

De Narcos à Scream Queens (Fox), sur une série de meurtres non élucidés sur un campus, en passant par l'épopée médiévale attendue The Bastard Executioner (FX) ou Wicked City (ABC), qui suit les pérégrinations d'un tueur en série dans le Los Angeles des années 1980, la mort rôde.

Au moment où des dizaines de nouveaux shows vont prendre le départ, il s'agit d'attirer les téléspectateurs avant même la première diffusion. Car sur une saison, il n'est pas rare que plus de la moitié des nouveaux programmes ne soient pas reconduits l'année suivante.

Outre les images spectaculaires ou violentes dans les bandes-annonces, beaucoup de chaînes ont recours à une identité forte, un nom déjà connu du public.

La chaîne câblée AMC a ainsi lancé Fear the Walking Dead, quand ABC redonne vie aux marionnettes du Muppet Show, dans une version plus adulte.

Minority Report (Fox) ou Limitless (CBS) cherchent, eux, à capitaliser sur les films du même nom.

«Ce n'est pas nouveau», considère M. Thompson. «Quand quelque chose est déjà une marque établie, cela fait sens de vouloir s'appuyer là-dessus».

Cela ne garantit pas pour autant le succès. Joey, la série qui succéda à Friends, le remake de Melrose Place ou des Drôles de dames furent tous des échecs.

«On parle de showbusiness, pas de science», résume M. Thompson.

Paradoxalement, selon lui, il est plus facile que par le passé, malgré la concurrence, de donner à une série le temps de trouver son public. La technologie offre maintenant, en effet, le choix du support et du créneau horaire.

Il cite l'exemple de la série Mr. Robot, consacrée à un jeune programmeur informatique menant double vie. Diffusée cet été par la chaîne USA Networks, elle a pris le milieu de cours par sa qualité et ses audiences.

«Les gens en ont parlé, ça a fait du buzz», notamment grâce aux réseaux sociaux, décrypte M. Thompson. «Avant, si votre série ne prenait pas assez vite, elle était annulée».