À leur quatrième émission de la saison, Pénélope McQuade et Jean-Luc Mongrain ont doublé leurs cotes d'écoute lors du passage de Joël Legendre, dimanche soir à Radio-Canada.

Pour cette première entrevue au sujet du « geste indécent » que l'animateur a fait l'automne dernier au parc Marie-Victorin, 1 048 000 auditeurs ont regardé l'émission en direct, comparativement à près de 500 000 personnes la semaine précédente. Ce nombre est appelé à grimper, compte tenu des personnes qui regarderont le talk-show en rediffusion ou sur l'internet.

« Ils ont choisi le format qui donnait le plus d'impact, juge Bernard Motulsky, président de la Société québécoise des professionnels en relations publiques (SQPRP) et professeur à l'UQAM. L'entrevue a été diffusée à une heure de grande écoute, un dimanche soir, où les gens sont massés devant leur téléviseur. À 21 h, c'est aussi une heure où les enfants sont moins présents. On s'adresse à une clientèle adulte. »

Une gestion de crise en étapes

Lorsque Joël Legendre a été abordé pour la première fois par Le Journal de Montréal dans le stationnement de Rouge fm, l'hiver dernier, il a d'abord affirmé ne pas savoir de quoi la journaliste parlait, avant de changer sa version des faits quelques heures, puis quelques jours plus tard.

« Au départ, ça a complètement dérapé. Le fait de nier, de rester silencieux, d'attendre avant de commencer à admettre, c'est le pire choix que l'on puisse faire. », affirme Bernard Motulsky.

Après quelques jours de crise, l'animateur s'est finalement retiré de la vie publique. Entouré de sa famille, il a entrepris une psychothérapie, puis a fait appel à une firme de relations publiques pour préparer son retour.

« La plupart des gens qui travaillent dans ce domaine s'entendent pour dire que le travail [de relations publiques] a été bien fait. [...] Au cours des prochaines semaines, son équipe et lui vont attendre, évaluer la situation et corriger le tir au besoin », estime M. Motulsky.

Des réactions mitigées

Sur le plateau de l'émission de Pénélope McQuade et Jean-Luc Mongrain, dimanche, la réaction du public a été positive. L'invité a même reçu une ovation à la fin de son témoignage. Or, sur les réseaux sociaux, l'opinion publique était plutôt divisée, tout comme à l'antenne de certaines radios et dans plusieurs médias, hier.

« Quand tu fais de ta vie privée un élément de ton plan de marketing et de mise en marché, quand tu tapisses les revues et les magazines de photos de tes enfants, quand ça te pète dans la face, il ne faut pas que tu sois surpris. [...] Quand tu fais une connerie et que ça dérape, c'est évident que ça te pète dans la face », a commenté l'animateur du matin au 98,5 fm, Paul Arcand.

D'autres, dont des chroniqueurs du Journal de Montréal, ont écrit sur leur blogue que les animateurs de Radio-Canada n'avaient pas posé toutes les questions pertinentes et que Joël Legendre s'était présenté en « victime ».

Mais pour Bernard Motulsky, la seule anicroche, dimanche, a été le bref commentaire de Legendre selon lequel il ne comprenait pas pourquoi Rouge fm l'avait retiré des ondes et ne lui avait pas permis de faire ses adieux au public qui l'écoutait depuis huit ans.

Retour possible à la radio?

Jointe par La Presse, la directrice principale pour le marketing et les communications chez Bell Média, Joanne Lamoureux, a affirmé par courriel qu'il n'y avait aucune discussion en cours avec Joël Legendre pour qu'il retourne à la radio. Nous lui avons ensuite demandé si l'entreprise considérait une telle éventualité, mais Mme Lamoureux n'a pas répondu à cette question.

Radio-Canada et les productions KOTV, qui gèrent le prochain Bye Bye, se sont faits avares de commentaires, hier.

« S'il n'en tenait qu'à moi, Joël serait de l'équipe [du Bye Bye] », a affirmé à La Presse l'humoriste Louis Morissette, qui coproduit l'émission. « Le casting n'est pas encore déterminé. Tout est à discuter », a pour sa part répondu Marc Pichette, directeur des relations publiques de Radio-Canada.

La Presse a fait une nouvelle demande d'entrevue auprès de Joël Legendre et de ses proches, hier. Notre requête est restée sans réponse.