Huit ans après avoir lancé l'émission Toc Toc Toc, Radio-Canada refait équipe avec Télé-Québec pour diffuser une nouvelle série télé destinée aux enfants: Salmigondis. La Presse a visité le plateau de tournage de cette quotidienne imaginée par Lucie Veillet, qui réunira entre autres Ève Landry, Danny Gilmore, Jeff Boudreault et Marilyn Castonguay.

Nous sommes dans le village de Salmigondis, lieu imaginaire où ont échoué des jouets abandonnés. Une ballerine, un cow-boy, un monstre, une poupée-sorcière, un sauveteur, deux pirates et une superhéroïne de jeu vidéo avec son robot. Autant de jouets vivants disparates, qui se porteront au secours de leurs camarades menacés d'oubli.

Voilà la prémisse de cette nouvelle série conçue par Lucie Veillet, de Téléfiction, qui n'est pas sans rappeler les populaires films d'animation Toy Story. Radio-Canada, qui diffusera le premier des 65 épisodes le 7 septembre prochain à 7 h 30, est tellement emballée par le projet qu'elle a déjà commandé aux auteurs une deuxième saison.

La nouvelle directrice générale de la télévision de Radio-Canada, Dominique Chaloult, parle d'un véritable coup de coeur, elle qui a entamé les pourparlers avec la maison de production Téléfiction lorsqu'elle travaillait encore pour Télé-Québec. Salmigondis y sera d'ailleurs diffusée du lundi au vendredi à 17 h 30 (à partir du 14 septembre), en remplacement de Toc Toc Toc.

« On a voulu faire une série déstressante, nous dit Lucie Veillet, qui a notamment produit les séries Cornemuse, Toc Toc Toc et 1,2, 3... Géant !. On a voulu raconter des histoires pour amuser les enfants, mais aussi pour que les parents qui regardent l'émission passent du bon temps. »

La conceptrice de la série admet que cet univers de jouets est proche de celui de Toy Story, « les jouets vivants, c'est un fantasme de l'enfant », dit-elle, mais elle a travaillé fort pour que sa série s'en distancie. 

« Oui, il y a des archétypes, mais la mission de nos personnages est de réparer les jouets en détresse et de leur donner une deuxième vie, c'est différent. »

Les médias ont pu visiter hier l'immense plateau de tournage de 14 000 pieds carrés aménagé dans un studio de LaSalle où plus d'une cinquantaine d'épisodes ont déjà été tournés. Outre le décor magnifique conçu par Marc Ricard et les costumes inventifs de Mireille Vachon, on retient surtout la qualité de jeu des neuf interprètes.

Neuf interprètes parmi 900 acteurs qui ont postulé pour ces rôles de jouets-vivants ! Parmi eux, quelques vétérans des émissions jeunesse comme Caroline Lavigne (Musette dans Toc Toc Toc) et Marilyn Castonguay (Mouline dans 1,2, 3... Géant !), mais aussi de nouveaux venus comme Ève Landry, Jeff Boudreault et Danny Gilmore.

Les méchants !

Les personnages de vilains sont évidemment essentiels pour un public âgé de 4 à 7 ans. Dans Salmigondis, ils seront entre autres incarnés par deux pirates : capitaine Math et son moussaillon Filou, interprétés par Jeff Boudreault et Victor Andrés Trelles Turgeon, qui volent, mentent et bien franchement ne sont pas toujours très gentils.

« C'est un beau nigaud, un peu voleur et manipulateur, nous dit Jeff Boudreault, que l'on peut voir dans les séries Mémoires vives et O'. L'objectif du capitaine Math est de faire grossir son trésor, précise-t-il. Son seul ami, c'est Filou. Quand j'ai lu le texte pour la première fois, ça m'a fait penser aux personnages de Maman, j'ai raté l'avion. »

La poupée-sorcière Liliwatt, interprétée par Ève Landry est l'autre personnage, disons, inquiétant de la série. « C'est une poupée un peu bizarre que personne n'a voulu acheter dans une vente-débarras, nous dit la comédienne. Elle veut se faire des amis, mais c'est une sorcière, donc elle veut jouer des mauvais tours, jeter des sorts ! »

La Jeanne d'Unité 9 avoue être aux anges dans cet univers enfantin. « Ça me permet de réaliser que c'est une job. Je n'ai pas de difficulté à décrocher, mais l'énergie de Jeanne, que je joue aussi en ce moment, je la sens. On dirait que je mets beaucoup moins de robes ces jours-ci... Honnêtement, ça fait du bien de changer d'univers ! »

Ève Landry, qu'on a également vue au théâtre dans J'accuse et La république du bonheur, admet qu'elle ne pourra plus consacrer autant de temps à la scène. 

« J'ai l'impression que je vais devoir délaisser le théâtre. Cette année, j'ai jumelé les deux et ç'a été difficile. J'y reviendrai, mais pour l'instant je vais me concentrer sur Salmigondis et Unité 9. »

À l'autre bout du spectre, le personnage de Végane, rescapée d'un jeu vidéo, est la superhéroïne qui a conçu la « salmitronique », capable de détecter les jouets en détresse afin de les récupérer, de les réparer et de les redistribuer à des enfants. « C'est celle qui dirige un peu les opérations », nous dit Caroline Lavigne, qui fait équipe avec son robot Pixelle dans ce qui pourrait évoquer une relation mère-fille.

« On peut se permettre plein de folies, nous dit Marilyn Castonguay (Pixelle). La chimie opère vraiment bien, on a l'impression de former une famille, indique la comédienne qui revient d'une tournée de la pièce Moi, dans les ruines rouges du siècle. Le but ici est d'être bien préparé, mais de s'amuser et de ne pas se prendre trop au sérieux. »

PHOTO MARTIN CHAMBERLAND, LA PRESSE

Jeff Boudreault incarne le pirate capitaine Math. De son bateau échoué, il cherche à faire fructifier son trésor avec son ami Filou (Victor Andrés Trelles Turgeon).