Le journaliste bientôt retraité Bob Schieffer croit que les jeunes journalistes peuvent apprendre de sa longue expérience même s'ils ne travaillent pas tout à fait dans le même contexte.

L'animateur de Face The Nation tirera sa révérence dimanche, après avoir tenu l'antenne pendant plus de 24 ans au réseau américain CBS. À 78 ans, M. Schieffer met un terme à une carrière de près de 60 ans dans le milieu du journalisme. Il a commencé à 20 ans dans une radio du Texas et après plusieurs années, il a réussi à obtenir un poste à Washington pour CBS News.

Bien qu'il n'ait pas vécu la même réalité que les jeunes d'aujourd'hui, M. Schieffer assure que le journalisme et l'art du reportage de son temps vont persister à travers les années, même si les plateformes sont appelées à changer.

Il dit avoir appris les rudiments de son métier à l'aide des enseignements rigoureux de ses rédacteurs en chef. Il s'inquiète d'ailleurs que les jeunes soient appelés à développer ces connaissances sans les repères de ces personnes-ressources.

Son histoire sur l'assassinat de John F. Kennedy témoigne de l'importance de se rabattre sur les vieux enseignements - même de nos jours avec les nouvelles technologies. En 1963, simplement en répondant au téléphone, il avait pu être en contact avec la mère de Lee Harvey Oswald, l'assassin présumé du président Kennedy et la rencontrer en personne.

Les courriels, bien qu'ils soient plus faciles et plus courants de nos jours, n'auront jamais la valeur d'une conversation par téléphone ou en personne, a-t-il souligné.

«Comment poses-tu une sous-question? Comment peux-tu écouter la personne et le ton de sa voix pour déceler s'il te ment? La meilleure façon d'interviewer quelqu'un est en face à face et je crois que nous devrions le faire le plus possible», a-t-il expliqué.

L'ancien correspondant à la Maison-Blanche, qui a passé plusieurs années à Washington, est d'ailleurs agacé des changements survenus dans la capitale au cours dernières années. Selon lui, les politiciens s'entraident moins notamment parce qu'ils passent moins de temps à Washington pour se concentrer sur leur région afin d'assurer leur réélection.

Dans son temps, dit-il, les élus de toutes les allégeances se connaissaient davantage et ils pouvaient ainsi atteindre plus facilement des compromis, ce qui n'est plus le cas aujourd'hui.

«Les gens qui se présentent aux élections ont changé. Je ne dis pas que ce sont de mauvaises personnes, mais elles sont différentes. Ils ont à amasser tellement d'argent, ils doivent s'impliquer avec plusieurs groupes d'intérêt et quand ils font cela, ils ne peuvent plus faire de compromis. Leurs opinions sont coulées dans le béton», a-t-il analysé.

«Je crois toujours que la majorité des gens au gouvernement sont bons, mais il y a certaines exceptions», a-t-il ajouté. Des exceptions qu'il n'est pas prêt de révéler, même en tant que retraité.