Frédéric Lavigne est le directeur artistique de Séries Mania. Depuis ses débuts, le festival est friand de créations québécoises. La nouvelle série Le Clan de Joanne Arseneau (l'auteure de Série noire) est au programme, tout comme Nouvelle Adresse, La théorie du K.O. ou Schitt's Creek (une série anglophone de la CBC), qui seront présentées au «showcase» pour les professionnels de l'industrie. Frédéric Lavigne a répondu à nos questions.

Vous avez un programme avec des séries américaines, françaises, mais aussi des séries venues de l'Europe et du Québec.

C'est vrai. Nous avons un petit tropisme québécois. Depuis le début de Séries Mania, nous avons programmé des séries formidables comme 19-2, Unité 9, Série noire... Nous avons aussi des séries québécoises dans la vitrine professionnelle: Au Secours de Béatrice, Nouvelle adresse et La théorie du K.O. Ce sont des séries où on a le sentiment qu'il y a des possibilités d'adaptation de formats.

Comment expliquez-vous l'appétit grandissant des diffuseurs et du public pour les séries?

Il n'y a pas de réponse simple. Bien sûr, cela a été initié par les chaînes câblées américaines, qui ont des ambitions de séries d'auteur, ce qui a commencé à «challenger» le cinéma d'auteur. Il y a énormément de talent, aux États-Unis, qui passe du cinéma à la télé. Depuis 10 ans, on vit une petite révolution avec une hausse des séries produites, une hausse des chaînes et l'explosion de séries sur internet avec Amazon, Netflix et même le web.

Par nature, les séries sont faites pour être vues sur de petits écrans. Quels sont l'intérêt et l'effet, selon vous, de les voir au grand écran?

Il y a vraiment une joie de se retrouver ensemble pour regarder des séries, pendant 10 jours. [...] C'est un défi, une transgression de la normale.

Qui vient à Séries Mania: les cinéphiles purs et durs ou un public plus jeune?

C'est un mélange. On a des gens qui ne viennent jamais au Forum des images, et aussi notre public cinéphile. Au début, ce public regardait ça de haut, mais maintenant, ils voient des talents du cinéma qui vont dans les séries télé: c'est le cas de Matthieu Kassovitz, par exemple, avec la série Le Bureau des Légendes (série française prochainement diffusée sur la chaîne Canal+).

Oui, les séries et le cinéma n'ont pas le même mode de narration. Le cinéma reste sur une narration esthétique, alors que la série, elle, est plus sur des attaches émotionnelles. En télévision, le scénario précède la mise en scène, mais la production artistique arrive bien souvent maintenant au niveau de celle du cinéma.