La bonne recette d'un jeu télé: une mécanique, une atmosphère, un animateur, et une chaîne qui achète. Un cocktail très difficile à réussir.

L'idée de départ peut venir d'un créatif d'une société de production, tout comme d'un amateur passionné, comme cet ancien candidat qui a imaginé le jeu de France 3 Harry, explique Alexandra Crucq, directrice du développement de Newen, l'une des plus grosses sociétés de production française.

«Peu de gens savent développer un jeu. Il faut un savoir-faire très spécifique de mécanicien de jeu. Il faut savoir créer des accidents de parcours, pour éviter qu'un candidat gagne dès le début et que le dernier puisse redevenir le premier, etc.», explique-t-elle, sur son stand au MIPTV de Cannes.

«Une bonne mécanique ne suffit pas: il faut des décors, des bascules lumières, une musique, une atmosphère. Et enfin, un animateur», poursuit-elle. «Il doit être garant de la mécanique du jeu, savoir réagir aux scores en rajoutant de l'humeur, c'est-à-dire non pas de l'humour mais la capacité à être dans l'empathie, à faire rire les candidats et le public».

La société de production fait ensuite développer un programme informatique qui sera utilisé en plateau pour calculer les points, valider les réponses, etc.

Elle invite alors des diffuseurs pour assister à une simulation dans une salle, avec de vrais candidats, qui jouent dans un décor installé. c'est l'instant clé pour vendre: si les chaînes de télé aiment, elles financeront un pilote filmé, en versant entre 50.000 euros, le tarif basique, et jusqu'à 200 000 euros dans les meilleurs cas.

Pour en arriver là, il aura fallu six mois à un an. Ce pilote est alors montré à un panel de téléspectateurs... qui souvent le refusent. Et le projet reste au placard. Si la chaîne achète, elle versera par exemple 100 000 euros puis des royalties.

Newen, présente cette année au MIPTV un jeu mélangeant magie et comédie, Gone Up in Smoke, et vient de vendre à une chaîne vietnamienne son jeu Sensational, qui fait appel aux cinq sens, codéveloppé avec le japonais Fuji.

«Cette transaction est encore un exemple de la difficulté à vendre un jeu en France», souligne Alexandra Crucq, qui rappelle que les chaînes françaises préfèrent souvent acheter des formats étrangers éprouvés plutôt que de prendre des risques avec de nouveaux concepts français.