Drôle, irrévérencieuse et futée, la série web Yidlife Crisis est désormais offerte en français. Au menu: bagel, souvlaki, smoked meat et poutine!

Restaurant La Banquise. Intérieur jour. Deux Juifs mangent de la poutine, sauce on the side. Sacrilège, c'est jour de Yom Kippour!

Le premier de quatre épisodes de la série web Yidlife Crisis donne le ton. On est dans l'irrévérence, le presque vulgaire et le toujours drôle, avec une pointe de satire sociale. Pour du 100% kasher, faudra repasser.

«Sexe, drogues, lait et viande», dit d'ailleurs la publicité. L'avertissement du premier épisode en remet: «Ce contenu comprend des scènes et des paroles choquantes. En yiddish. Une discussion juive est donc inévitable.»

Chaimie est beau gosse et baveux, son ami Leizer, plus sérieux et attaché aux traditions. On les voit manger au Lester's Deli, des souvlakis ailleurs, du smoked meat très gras et de maigres bagels de l'avenue Fairmount en croisant des juifs hassidiques...

«En écrivant la série, on s'est dit que la bouffe était un sujet universel, raconte Jamie Elman, l'un des deux auteurs-acteurs de la série avec Eli Batalion. Mais on parle beaucoup, nous les Juifs. Et de tout: des femmes, des traditions et de la ville de Montréal.»

C'est une histoire de poutine yiddish, si tant qu'une telle chose existe. Très bavards, les épisodes durent en moyenne cinq minutes et les dialogues vont dans toutes les directions.

«Le secret est dans la sauce, note Eli Batalion. C'est un peu tout ça, Montréal: la diversité, la bouffe et les Juifs!»

Montréalais dans l'âme

Jamie Elman et Eli Batalion ont étudié à l'école secondaire Bialik dans le quartier Côte-Saint-Luc, mais ils ne s'étaient jamais rencontrés avant qu'un ami commun ne les présente, pensant que leur humour les réunirait.

«Ça a marché. On a les mêmes préoccupations, les mêmes intérêts et le même humour qui ressemble à celui de Larry David ou de Jerry Seinfeld», dit d'ailleurs Jamie Elman

La série est offerte avec sous-titres anglais depuis l'automne, la version française depuis jeudi, gracieuseté de la comédienne et désormais traductrice Léanne Labrèche-Dor, que l'on peut voir dans le premier épisode.

«On veut continuer de travailler avec elle et avec d'autres aussi. L'idée, c'est de montrer toutes les facettes de Montréal dans tous les types de restaurants. J'ai hâte de manger du porc», fait Jamie Elman.

En français, biteh!

Pour l'instant, la série ne comprend que quatre épisodes, mais les deux complices espèrent trouver du financement pour continuer les tournages l'été prochain.

«Nous avons eu la chance d'être appuyés financièrement par deux institutions juives, mais nous croyons qu'il y a un attrait pour les Conseils des arts. Après tout, le sujet, c'est Montréal», laisse entendre Eli Batalion, avant de poursuivre:

«Les Québécois associent généralement les Juifs aux longues barbes et aux costumes noirs. La série devrait leur permettre de nous comprendre un peu mieux. Ils savent ce que c'est de se battre pour conserver sa langue.»

Les deux artistes font souvent la navette entre la métropole et Los Angeles (Jamie Elman a notamment joué dans la série télévisée Curb Your Enthusiasm) ou Toronto (Eli Batalion était au cinéma récemment dans la comédie d'horreur Stage Fright).

Et pourquoi ne pas imiter leur pote Jay Baruchel et vivre ici? «Go Habs, go! lance Jamie Elman en jetant un coup d'oeil par la fenêtre à la première tempête de l'hiver, mais je déteste la blotteh (sloche en yiddish)!»

Les quatre premiers épisodes peuvent être visionnés à: yidlifecrisis.com/fr.