Ceux qui rêvaient secrètement de voir Rémi-Pierre Paquin en maillot de lutteur verront bientôt leur fantasme se réaliser. Dès le mois de septembre, le comédien qui a incarné le détective Rajotte dans la série Mauvais karma interprétera le rôle du lutteur amateur Carl Hébert. La Presse a visité le plateau de tournage de cette comédie réalisée par Stéphane Lapointe.

Nous sommes dans un immense entrepôt de Montréal-Nord transformé pour l'occasion en arène de lutte. Rémi-Pierre Paquin (Vengeance Hébert) et Alexandre Goyette (Sugar Chris), qui se sont visiblement entraînés depuis quelques mois, se lancent dans les câbles, s'assènent des coups et multiplient les prises et les mises à terre...

Des scènes de combats comme celles-là, nous en verrons à chaque épisode de La théorie du K.O., nous assure la productrice Denise Robert. La série de 12 épisodes de 30 minutes sera diffusée à l'automne à la télé de Radio-Canada, les mercredis soir, juste après Les pêcheurs.

De vrais lutteurs professionnels serviront de «doublures» aux comédiens pour les cascades les plus dangereuses. Certains d'entre eux font également partie de la distribution. Le tournage, qui a débuté au mois de mai dernier, doit se terminer la semaine prochaine.

Si ce petit commis de bureau anonyme a décidé d'entrer dans le monde de la lutte amateur, c'est que son père, Carol (Michel Côté), le provoque. Peut-être une façon de fouetter son fils, un jeune veuf qui désormais élève seul ses deux enfants. Ce sera aussi pour Carl, issu d'un milieu modeste, l'occasion «d'arrondir ses fins de mois».

Métaphore de la vie

L'auteur Martin Forget, qui a notamment écrit sept épisodes de 19-2, une dizaine d'épisodes de la série Bienvenue aux dames et au moins autant de la série jeunesse Une grenade avec ça? a confié qu'il s'est intéressé à l'univers de la lutte comme «métaphore de la vie».

«L'idée m'est venue au cours de la dernière crise économique, indique Martin Forget. Je voyais des gens dont le niveau social diminuait et qui étaient incapables de rebondir. D'où ce personnage «dans la marde» qui essaie de s'en sortir. À travers ses luttes, on verra la chenille se transformer en papillon...»

La productrice Denise Robert a vanté l'univers visuel inspirant du réalisateur Stéphane Lapointe (Tout sur moi) ainsi que sa direction d'acteurs. Celui qui a coréalisé Infoman ainsi que le Bye Bye de RBO en 2006 a manifestement pris plaisir à réaliser cette série.

«C'est une comédie dans un univers edgy, a-t-il indiqué. Il y a quelque chose d'esthétique, de fantaisiste, de beau. Il y a une poésie là-dedans, même si c'est aussi une série avec des poings sur la gueule et du sang au ralenti. Au-delà des combats de Carl, il y a ses rapports familiaux, notamment avec son père.»

Le rôle du père

Son père, justement, sera interprété par Michel Côté, que Stéphane Lapointe a dirigé dans son dernier film Les maîtres du suspense, qui sortira à l'automne. Le comédien, habitué à jouer les rôles de pères, fera plutôt figure de grand-père dans cette série.

«Il recoupe un peu le père de C.R.A.Z.Y. parce qu'il est dans la lignée de ces personnages de pères qui ont de bonnes valeurs, mais qui n'ont pas toujours la bonne façon de les présenter, a précisé Michel Côté. Il est bourru, il est raide. J'ai travaillé fort pour le rendre sympathique, on verra ce que ça va donner...»

De nombreux personnages graviteront autour de Carl, dont un promoteur de lutte (Gildor Roy), une fille de qui il tombera amoureux (Marie-Soleil Dion) et un copain lutteur surnommé Eddy «Amin Dada».

«C'est un Blanc de Pointe-aux-Trembles déguisé en Noir. Le maquillage est exceptionnel, lance à la blague Michel Côté à propos de ce personnage de lutteur incarné par Kwasi Songui: un mastodonte dont le personnage s'intéresse dans ses temps libres à l'oeuvre de Marcel Proust...

«Au fond, cette série parle des relations humaines, estime Michel Côté, mais c'est fait d'une façon vraiment originale. Ce n'est pas du tout racoleur. Les gars font semblant de se frapper, mais ils se font vraiment mal et ils ont une vraie quête de vedettariat. Je peux vous dire que c'est un rôle marquant pour Rémi-Pierre Paquin.»