Paloma Luisa Marquez Hermosa porte deux chapeaux. Et quels chapeaux! Mère de famille exemplaire et protectrice de sa meute, elle est aussi une criminelle notoire et défend avec hargne son titre de «Marraine du cartel de Cali» à Montréal.

C'est le fait de marcher sur la ligne entre ces deux mondes qui fait l'unanimité chez les artisans de La marraine, la prochaine série télévisée de la chaîne Séries+ actuellement en tournage dans les rues de Montréal et qu'on verra à l'écran à l'hiver 2014.

Mettant en vedette Claudia Ferri, Patrice Godin, Évelyne Brochu, Michael Mando, David Savard, Benoit Gouin et plusieurs autres, la série est réalisée par Alain Desrochers (Musée Éden, Les Bougon) d'après un scénario de Mario Bolduc, Joanne Arseneau et Danielle Dansereau. L'histoire est librement inspirée de celle d'Ines Barbosa-Hernandez, une femme qui, dans les années 90 à Montréal, régnait sur le transit de la cocaïne colombienne et le blanchiment d'argent.

«Paloma est une femme colorée, très intéressante. Un personnage marquant, défend Claudia Ferri dans une rencontre de presse tenue hier après-midi sur le plateau installé dans Rosemont. C'est une mère de famille attachante. Elle a connu la misère et veut en sortir. C'est vraiment un scénario qui sort de l'ordinaire.»

Comme on est dans le monde du crime haut de gamme, Paloma et son cercle rapproché sont sous haute surveillance. Notamment sous celle du policier Paul Généreux (Patrice Godin) qui veut faire tomber son organisation. Un voeu pas si simple à réaliser, car son enquête se métamorphosera en affaire de corruption impliquant de hauts gradés de la police.

Évelyne Brochu, qui incarne la mystérieuse Valérie Michaud, apprécie ce chevauchement des deux mondes auquel son personnage n'est pas étranger. «On pense que je suis quelqu'un alors que je suis quelqu'un d'autre, lance-t-elle en souriant. J'avais donc deux personnalités à bâtir.»

Pas caricatural

Comme on est dans la mafia colombienne, l'histoire a une teinte latino. Mais elle ne verse jamais dans le cliché, se réjouit le comédien Victor Andrés Trelles Turgeon qui incarne Fernando, le fils de Paloma qui tente maladroitement de prendre sa place dans la famille.

«On parle des Latinos sans pour autant les traiter uniquement comme des Latinos», dit-il. «Moi, mon personnage insiste pour qu'on lui parle en français», ajoute Claudia Ferri.

Pour Alain Desrochers, une série qui se passe dans les années 90 et qui parle de la mafia hispanophone était très attirante. «Ce n'est pas un sujet dont on a souvent parlé, dit-il. Au Québec, on a davantage évoqué la mafia italienne. Et le fait que ce soit un peu basé sur une histoire réelle rend la chose encore plus intéressante.»

La productrice Sophie Deschênes (Sovimage) est quant à elle une spécialiste des affaires criminelles. «J'aime le crime», blague-t-elle en entrevue avant d'ajouter (avec sérieux) avoir tourné plusieurs documentaires sur le sujet en collaboration avec André Cédilot, ancien journaliste à La Presse spécialisé dans le monde de la mafia.

«Au fil de nos rencontres, André me parlait souvent de cette histoire d'Ines Barbosa-Hernandez, mais le timing pour le faire n'était jamais approprié.» Chez Séries+, on y a vu tous les ingrédients pour la prochaine minisérie (cinq fois une heure) à présenter aux téléspectateurs.

«Le sujet est fascinant», assure Sophie Deschênes.