«Ici» n'éclipsera pas «Radio-Canada». La Société Radio-Canada rectifie le tir quant à ses efforts de redéfinition de son image de marque à la suite de critiques venant du gouvernement fédéral et même d'employés du diffuseur public.

Alors que l'appellation «Radio-Canada» devait disparaître de manière quasi complète des ondes et des communications du diffuseur, la direction change de cap.

Lundi, le PDG de CBC/Radio-Canada, Hubert Lacroix, a annoncé que le mot «Ici» n'apparaîtra jamais seul à côté du logo de Radio-Canada.

Dans un communiqué transmis tard lundi, M. Lacroix se dit désolé «de la confusion qui s'est créée dans l'esprit des gens» autour de l'introduction du terme Ici comme dénominateur commun. Il a dit avoir «bien entendu» le message que le public a envoyé depuis quelques jours.

Le président et directeur général a soutenu que l'objectif n'avait jamais été «d'évacuer Radio-Canada et tout ce qu'elle représente».

La SRC a parlé, lundi, dans sa mise au point, de trois modifications aux identifications projetées des plateformes de Radio-Canada. Ainsi, la Télévision de Radio-Canada sera désignée comme Ici Radio-Canada Télé, la Première Chaîne de la radio comme Ici Radio-Canada Première et le site internet, Ici Radio-Canada.ca.

Alex Levasseur, président du Syndicat des communications de Radio-Canada, s'est dit heureux que «le bon sens ait triomphé». Il a affirmé être satisfait que la direction ait «admis une bourde».

M. Levasseur a toutefois ajouté trouver «malheureux» que les sommes dépensées ne puissent être récupérées.

Radio-Canada n'a pas spécifié le montant total investi dans cette nouvelle signature. Un montant de 400 000 $ a été dépensé à l'externe, alors que 95 pour cent du travail aurait été accompli dans le cadre des budgets courants des communications.

La SRC disait chercher à moderniser la signature du diffuseur public.

Le syndicat affirmait désapprouver une idée qui semblait vouloir donner une allure «privée» au réseau.

Jeudi dernier, le Syndicat des communications n'avait pas caché son mécontentement devant l'initiative du diffuseur. Avec son «Ici», selon le syndicat, Radio-Canada ne ferait au contraire qu'entretenir plus de confusion chez le public. Aussi, il avait demandé l'abandon immédiat de ce qu'il voyait comme une opération coûteuse et inutile.

Alors que la société d'État fait face à des compressions budgétaires qui risquent de se traduire par des réductions de postes, le syndicat s'indignait de cette dépense de 400 000 $ pour un changement d'appellation jugé «malvenu» et «inapproprié».

En vertu du changement de cap de lundi, «Radio-Canada» retrouvera sa place dans la plupart des dénominations. Les animateurs et reporters devraient aussi pouvoir conserver le vocabulaire utilisé en ondes.

«Ici Artv» et «Ici Explora» seront désignées comme prévu, alors que l'intention initiale de la direction était de mieux unifier tous les services du réseau.

Du côté politique, le ministre du Patrimoine canadien, James Moore, s'était mêlé au dossier à la Chambre des communes, jeudi dernier, affirmant avoir discuté de la question avec le M. Lacroix.

Il faisait valoir que les Canadiens financeront leur diffuseur dans la mesure où il demeure canadien, dans les deux langues officielles.

Selon le ministre Moore, la loi encadrant le fonctionnement de la société d'État est d'ailleurs claire en ce sens, puisqu'elle indique que le diffuseur public s'appelle Société Radio-Canada en français et Canadian Broadcasting Corporation en anglais.

Le ministre d'État pour les Petites entreprises et au Tourisme, Maxime Bernier, s'était même dit «insulté et outragé» par la décision «unilatérale» de Radio-Canada.