Inspiré d'une série britannique à succès, House of Cards ravit les fans de séries télévisées par son mode de diffusion: en mettant tous les épisodes en ligne en une fois, Netflix s'est adapté à eux, parfois prêts à engloutir une saison entière d'une traite.

Le groupe américain de location de vidéos en ligne s'est lancé dans la programmation originale, révolutionnant par la même occasion la façon dont on regarde la télévision en diffusant aux abonnés de son service en streaming les 13 épisodes, d'un seul coup, de cette série suivant les manoeuvres machiavéliques d'un homme politique, campé par Kevin Spacey.

«Netflix a bien fait de diffuser House of Cards en une seule fois», explique à l'AFP Paul Levinson, professeur spécialisé dans les médias à la Fordham University de New York, pour qui la série est l'une des meilleures de l'année.

«Permettre aux téléspectateurs de voir autant d'épisodes qu'ils le veulent, selon leur propre programme et non pas celui de Netflix, cela va parfaitement bien avec la révolution qui est en train de se passer dans la télévision», estime-t-il.

Inspiré d'une série britannique à succès de la BBC des années 1990, House of Cards suit un grand manitou du Congrès américain, cherchant à se venger du président qui ne lui a pas accordé le poste ministériel promis.

Les deux premiers épisodes ont été tournés par David Fincher, réalisateur de The Social Network et Fight Club.

«C'est West Wing (À la Maison-Blanche) chez les loups-garou. Les gens vont passer la nuit devant leur poste», a pronostiqué dans une interview à la BBC Michael Dobbs, scénariste de la série originale et producteur du remake.

2 saisons à 100 millions

Netflix n'a pas donné de chiffre d'audience pour la série, sortie le 1er février dans une quarantaine de pays, en affirmant que les méthodes traditionnelles pour la calculer ne pouvaient s'appliquer à un programme en ligne, sans publicité.

Mais il a laissé entendre que House of Cards était son programme le plus demandé, tout en encourageant à s'abonner à son service à 7,99 dollars mensuel, qui donne accès à un large catalogue de films et de séries.

«C'est un début excellent, un succès extraordinaire pour nous», a affirmé le PDG de Netflix Reed Hastings devant des investisseurs cette semaine à San Francisco.

Netflix, qui entend tripler le nombre de ses abonnés à 90 millions, aurait payé 100 millions de dollars pour produire deux saisons de 13 épisodes.

Ce n'est pas la première fois que Netflix se lance dans la programmation originale. La société américaine avait déjà produit et diffusé en une seule fois, il y a un an en Amérique du Nord, les huit épisodes de Lilyhammer, une série sur un mafieux américain en Norvège.

Aucune chaîne ou service en streaming n'a pour l'instant suivi le mouvement, mais pour les experts en médias, House of Cards montre combien la technologie a changé la façon de voir la télévision.

«Cela montre comment nous consommons les médias, à notre convenance, quand on le veut et par paquets entiers», dit à l'AFP Elizabeth Marsh, professeur à la Florida International University de Miami.

«Demandez à vos amis, notamment les plus jeunes, combien ils ont été accros à The Walking Dead», dit-elle, en référence à une série d'horreur de la chaîne AMC: «Beaucoup ont vu la première saison en une ou deux très longues nuits sur Netflix».

«C'est prenant de pouvoir voir tous les épisodes à la fois, j'ai pu les voir selon mon programme, pas celui d'une chaîne», reconnaît Kerry Lutz, avocat à New York et présentateur d'une émission. «Et c'était sans pub, et ça, c'est extra».