Peu après avoir annoncé son intention de quitter la direction artistique du Théâtre d'Aujourd'hui, Marie-Thérèse Fortin a reçu une offre alléchante: jouer Claire Hamelin, radio-oncologue posée au centre de Mémoires vives, nouveau téléroman de Chantal Cadieux (Providence) et Patrick Lowe (Toute la vérité). Un rôle sur mesure pour cette comédienne lumineuse au charisme aussi puissant que zen.

«Je n'ai pas quitté le Théâtre d'Aujourd'hui pour Mémoires vives, les choses se sont enchaînées», précise d'emblée Marie-Thérèse Fortin, attrapée entre un tournage et une rencontre de presse à quelques jours des vacances de Noël. Les choses se sont enchaînées... à un rythme précipité.

La série qui était encore en développement au printemps, semble-t-il, arrive déjà au petit écran lundi soir, à Radio-Canada. La comédienne a dû mener de front deux tournages (la série Tactik, en plus de Mémoires vives), la tournée du spectacle musical Belles-soeurs et assurer la transition au théâtre qu'elle a dirigé pendant sept ans. «Ç'a été un bon automne!»

Mémoires vives est le nom d'une association d'aide pour les proches de personnes disparues fondée par Jacques Berthier (Gilles Renaud), qui a perdu une fillette avant son union avec le personnage interprété par Marie-Thérèse Fortin. Claire Hamelin apparaît d'emblée comme un point d'ancrage dans cette série empreinte de secrets de famille.

«Claire n'est pas une caractérielle, reconnaît la comédienne. C'est une bonne personne, mais qui a un secret qui lui échappe. Elle va être obligée de confronter des choses du passé qu'elle avait peut-être rapidement mis sous le tapis. Parce que la vie continue...

«Je trouve que la série parle de ça, poursuit-elle: comment continuer à vivre quand ton histoire personnelle est marquée par un événement aussi dramatique qu'un enfant qui disparaît, une conjointe qui disparaît, quelqu'un qui meurt ou qui va peut-être mourir d'un cancer?»

Marie-Thérèse Fortin raconte que, pour construire un personnage, elle part souvent du métier qu'il pratique. «Claire est radio-oncologue et spécialiste des tumeurs au cerveau. Or, j'ai appris qu'il est très rare qu'un radio-oncologue se spécialise dans les tumeurs cérébrales parce que le taux de réussite est très bas», précise la comédienne. Elle en a déduit que cette médecin est une femme hyper-exigeante envers elle-même, une espèce de «première de classe pathologique».

Le sens du suspense

L'univers de Mémoires vives a happé la comédienne dès sa première lecture. «Chantal Cadieux a le sens du suspense», souligne Marie-Thérèse Fortin. Elle ne connaît d'ailleurs pas encore toute la trajectoire de son personnage. «C'est ça qui est intéressant dans les téléromans, assure-t-elle. Ce que j'aime, c'est d'arriver à établir un personnage qui porte tout ce qui a été écrit, mais qui ouvre aussi sur des possibles pour l'auteure.

«Il y a des choses qui ne sont pas encore tout à fait déterminées dans l'écriture, ajoute-t-elle. Dans le jeu, je suis encline à amener une couleur ou une piste qui, je l'espère, pourrait inspirer quelque chose à l'auteure. Jouer les scènes avec ce qui m'est donné tout en laissant des portes ouvertes est un travail captivant.»

Les 12 premiers épisodes de Mémoires vives sont déjà en boîte et le tournage de la prochaine saison commencera en mars. D'ici là, Marie-Thérèse Fortin retournera sur les planches du Théâtre d'Aujourd'hui (voir autre texte) et devra de nouveau faire de la gymnastique avec son horaire puisque la tournée de Belles-soeurs se poursuit encore en 2013. «Belles-soeurs est une aventure humaine qui ne ressemble à rien d'autre», dit la comédienne, qui croit que le spectacle tournera encore longtemps.

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De retour au Théâtre d'Aujourd'hui

Très bien entourée au petit écran dans Mémoires Vives, Marie-Thérèse Fortin le sera aussi sur les planches. Elle partagera en effet la scène avec Maxim Gaudette, Émilie Bibeau, Pascale Montpetit et plusieurs autres comédiens aguerris dans la nouvelle création du dramaturge et metteur en scène Olivier Kemeid (Moi, dans les ruines rouges du siècle, Lettres arabes, etc.), à qui elle a ouvert les portes du Théâtre d'Aujourd'hui avant d'en quitter la direction artistique.

Furieux et désespérés s'inspire d'un séjour en Égypte au cours duquel Olivier Kemeid a renoué avec la famille de son père, qui a fui Le Caire après le renversement du roi Farouk, en 1952. Sa pièce parle de ceux qui sont restés, malgré la révolution: sa tante Béatrice (Marie-Thérèse Fortin) et la fille de celle-ci, interprétée par Émilie Bibeau.

Olivier Kemeid explore les responsabilités et les sentiments de «ceux qui partent» et de «ceux qui restent», ainsi que la paradoxale connexion identitaire entre ces deux clans. Marie-Thérèse Fortin évoque un projet artistique rattrapé par la réalité - c'est-à-dire la révolution égyptienne de 2011 - où les figures féminines sont importantes.

«Et c'est du Kemeid: il y a des choses terribles, dramatiques et de l'humour. Les personnages sont flyés», raconte Marie-Thérèse Fortin. La femme de théâtre se réjouit par ailleurs de voir émerger des dramaturges aux racines lointaines et multiples. «On a beaucoup tardé à témoigner de cette réalité-là au théâtre», juge-t-elle.