«Je donnerais n'importe quoi pour redevenir paraplégique.»

Lancée par Dominic Chartier, la phrase résonne comme un coup de marteau. Rencontré à l'Institut de réadaptation Gingras-Lindsay de Montréal, l'homme de 32 ans est devenu paraplégique à la suite d'un accident en 2003. Et... quadriplégique à la suite d'un accident de voiture il y a quelques semaines.

«Paraplégique, je faisais l'amour à ma blonde, je pouvais me faire à manger, prendre soin de moi. J'étais autonome. Plus maintenant», dit-il.

Dominic et deux de ses compagnons, Raymond Hamelin et Frédérick Cossette, font partie des figurants et consultants de la minisérie Mon meilleur ami que la boîte de production Zone 3 tourne actuellement à Montréal. Mettant en vedette Claude Legault, David La Haye et Catherine Sénart, la série est réalisée par Francis Leclerc d'après un texte de Benoît Chartier.

Ce que dit Dominic donne une idée de l'étoffe de cette série dramatique qu'on verra à l'écran au cours de l'hiver 2013 sur la chaîne Séries".

«Pour moi, le sujet de la série est de voir ce que devient l'amitié lorsqu'on est victime d'un accident qui nous laisse dans un fauteuil roulant, dit Francis Leclerc (Apparences, Les rescapés). Un tel événement ne détruit pas que le corps, il brise aussi les liens d'amitié.»

Mon meilleur ami raconte l'histoire d'Alex (Claude Legault) et Simon (David La Haye), amis inséparables depuis le secondaire. Tous deux architectes, ils possèdent la firme la plus en vue en ville. Alpinistes à leurs heures perdues, ils préparent une expédition de trois jours sur la mythique paroi El Capitan. Jusqu'au jour où Alex se blesse gravement et devient tétraplégique.

«Dans la série, mon personnage est incapable de se servir de ses mains. C'est quelque chose! Tu fais tout de tes mains, insiste Claude Legault qui enchaîne les entrevues, assis dans un fauteuil roulant. Du bon gars, heureux et généreux que j'étais, je deviens très en colère et cynique.»

Simon sera quant à lui plongé dans une immense culpabilité et deviendra envahissant à force de vouloir réparer les choses.

«Avant l'accident, Simon est le gars avec de la drive. Du duo, il est le créateur très avant-gardiste. Un Robert Lepage de l'architecture, dit David La Haye. Mais l'histoire va le bouleverser. Il va se replier sur lui-même, perdre sa libido, etc. J'aime toutes ces couches dans mon personnage.»

Immersion totale

Pour s'assurer de bien comprendre cette réalité, MM. Legault et Leclerc ont passé plusieurs jours avec des patients de l'Institut avant d'amorcer le tournage. Sur 31 jours de travail, 14 se passent à l'Institut. Ce qui permet à l'équipe d'être en immersion totale au coeur du sujet.

«J'ai assisté à certaines scènes où j'ai dit à Claude que le mouvement qu'il s'apprêtait à faire était impossible, relate Raymond Hamelin. Le personnage de Claude est comme une tortue renversée sur le dos et qui doit attendre qu'on vienne la secourir.»

«Lorsque tu es incapable de te servir de tes mains, le simple fait de se brosser les dents prend une heure. Ça relève de l'exploit, indique de son côté Benoit Chartier (Dans une galaxie près de chez vous) qui signe ici sa première série dramatique.

Dans l'histoire, Alex est aussi en couple avec Maryse (Catherine Sénart). La comédienne voit un enrichissement personnel dans cette production. «Une expérience humaine, dit-elle, autant dans l'histoire que dans les contacts que nous avons avec les gens de l'établissement.»

Le tournage à l'Institut permet aussi de faire une radioscopie des sentiments intérieurs pouvant animer les gens devenus subitement handicapés. «On est dans le bout le plus dur de leur nouvelle réalité, avant la phase d'acceptation», dit Claude Legault.

Mon meilleur ami mettra aussi en vedette Mélissa Désormeaux-Poulin, Jean-Nicolas Verreault, Guy Thauvette, Louise Laparé, Louisette Dussault, Kathleen Fortin ainsi qu'Aurélia Arandi-Longpré et Mathias Roussier, ces derniers interprétant les enfants d'Alex et Maryse.