À cause d'elle et de Guy A. Lepage, des musiciens ont droit à des vitrines inespérées devant plus d'un million de téléspectateurs. L'extrait joué est court, mais leur nom et le titre de leur chanson apparaissent au bas de l'écran.

Marie-France Long est recherchiste musicale et coordonnatrice de production. Elle présélectionne les extraits musicaux que l'animateur Guy A. Lepage choisit et actionne sur son clavier au retour des pauses de Tout le monde en parle. Dimanche soir dernier, les téléspectateurs ont pu découvrir des artistes comme David Giguère, Boucan Sound System et Jam & P. Dox.

À sept retours de pause par émission, cela fait beaucoup de chansons qui ont droit à une vitrine extraordinaire à chaque saison de la populaire émission du dimanche soir. Et vu que la musique pop n'a plus la place qu'elle avait dans les émissions de variétés, les maisons de disques apprécient ce coup de pouce, même si ses répercussions sur les ventes ne sont pas immédiates. «Peu de plateformes télévisuelles offrent une visibilité aux nouveautés musicales», indique Marie-Pier Létourneau des disques Indica (Les Trois Accords, Vulgaires Machins).

«Je me fais beaucoup solliciter, indique Marie-France Long. J'écoute presque tout ce que je reçois. Le seul critère est que les gens doivent avoir envie de taper des mains, car c'est le retour de pause. Il faut que ce soit upbeat

«Je propose des trucs à Guy en lui faisant deux CD par saison: un au début de l'automne et un au début de l'hiver, poursuit-elle. Ensuite, ses choix sont programmés dans son clavier et il fait jouer telle ou telle chanson dans le feu de l'action sur le plateau. On renouvelle ensuite les titres du clavier après quatre ou cinq émissions.»

La coordonnatrice de production n'a pas de quota à respecter, mais elle choisit beaucoup d'artistes canadiens (Rich Aucoin, Austra) et québécois (Monogrenade, Random Recipe, Chloé Lacasse). «Tout le monde en parle fait du très bon boulot pour promouvoir la musique québécoise et c'est tout en leur honneur. C'est une superbe vitrine: un million de personnes qui écoutent ta toune, c'est très cool», souligne Philippe Archambault, de l'étiquette Audiogram.

Marie-France Long reçoit beaucoup d'albums, mais certains outils l'aident à faire un premier tri. «Je regarde beaucoup les palmarès de CISM, de CIBL et de Bande à part. Ce sont mes sources. Je n'ai pas le temps de tout éplucher, donc c'est la base de ma recherche.»

En équipe avec Guy A. Lepage ou avec les autres recherchistes, elle doit aussi dénicher des chansons pour l'arrivée des invités et les entrevues formatées. «Je fais beaucoup de recherche par mot-clé, car il faut souvent faire un jeu de mots avec les paroles de la chanson», explique-t-elle.

Marie-France Long parle du volet musical de son métier avec passion. Dans les premières années de Tout le monde en parle, il n'y avait pas de chanson au retour des pauses publicitaires. C'est une idée qu'eue Guy A. Lepage il y a trois ou quatre ans pour faire connaître de nouveaux artistes au public. Le producteur délégué Guillaume Lespérance a ensuite confié la tâche de la recherche musicale à Marie-France. «Il ne sait pas ce que cela a changé pour ma carrière», dit-elle.

Une grande partie de son travail consiste à libérer les droits des chansons et à expliquer leur contexte d'utilisation. Elle le fait pour Tout le monde en parle, mais aussi comme pigiste, que ce soit pour le Bye Bye ou pour Les enfants de la télé.

«J'ai un budget par émission», explique-t-elle. Si l'artiste est populaire et est endossé par une major, c'est plus cher et plus compliqué à négocier.

Avec les publicités et séries télé qui ont de plus de plus recours au catalogue pop-rock et indépendant, le licensing (comme on dit en anglais) est un domaine florissant. «Un jour, j'aimerais ouvrir une boîte d'édition. Il y a une grande demande», signale Marie-France Long.