Pierre Karl Péladeau (PKP) renonce à poursuivre Sylvain Lafrance qui l'a traité de «voyou». Les patrons de Quebecor et de Radio-Canada ont annoncé jeudi qu'ils ont conclu une entente à l'amiable qui met fin à leur litige en diffamation.



Même s'il se dit «désolé si ces propos ont offensé M. Péladeau et sa famille», M. Lafrance ne va pas jusqu'à présenter des excuses formelles à l'homme d'affaires. Il a toutefois exprimé des regrets quant à son choix de mots.

«La Société Radio-Canada et M. Lafrance tiennent à préciser qu'ils n'ont jamais, par ces propos, eu l'intention de laisser sous-entendre que le comportement de M. Péladeau ou celui des compagnies impliquées était illégal, ni de qualifier de façon négative les moeurs ou la moralité de M. Péladeau», peut-on lire dans le communiqué publié par le diffuseur public.

«En ce sens, il est regrettable et malheureux qu'une référence au mot «voyou» ait été utilisée», ajoute la SRC.

Le patron de Quebecor ne recevra aucun dédommagement de la part de la SRC et de son vice-président. Les parties ont simplement convenu de payer chacune leurs frais d'avocats et de mettre fin au litige par leur déclaration commune.

Procès haut en couleur

L'affaire a commencé en 2007 lorsque Quebecor a suspendu ses contributions mensuelles au Fonds canadien de télévision. L'entreprise lui reprochait de réserver une partie de son enveloppe financière à Radio-Canada, laquelle est déjà financée par l'État.

En entrevue au Devoir, M. Lafrance a dénoncé avec virulence la décision de M. Péladeau. «C'est une action inacceptable, a-t-il déclaré au quotidien. Ce gars-là se promène comme un voyou, et il est en train de faire dérailler un des systèmes télévisuels qui ont le plus de succès dans le monde.»

L'homme d'affaires a répliqué avec une poursuite en diffamation. Il a réclamé 700 000$ à M. Lafrance pour atteinte à sa réputation. Le procès s'est déroulé l'automne dernier au centre d'un véritable cirque médiatique.

On a fait appel à des linguistes pour discuter du sens du mot «voyou». Des célébrités telles que Julie Snyder, la conjointe de M. Péladeau, et l'acteur Raymond Legault ont été appelés à la barre des témoins. Mais, au final, le procès ne s'est jamais soldé par un verdict. À la demande des avocats de l'homme d'affaires, la Cour d'appel a ordonné la récusation du juge Claude Larouche pour cause d'apparente partialité. Il faisait preuve d'une «hostilité à peine voilée» à l'égard des représentants de Quebecor, selon la décision du tribunal.

Le dossier a été renvoyé au juge en chef de la Cour supérieure afin qu'il désigne un nouveau juge, mais l'entente annoncée jeudi met fin aux procédures.