Télé-Québec se dit satisfaite des 80 000 visites et des 300 000 branchements obtenus depuis le 12 janvier pour sa websérie Juliette en direct. Du côté de V, on se réjouissait, en novembre dernier, d'avoir attiré 60 000 visiteurs et enregistré 2,1 millions visionnements de segments vidéo sur vtele.ca.

Dans les deux cas, s'agit-il de succès? Difficile à dire.

Pages vues, nombre de clics, visiteurs uniques, branchements, visites... Toutes ces unités de mesure de l'auditoire en ligne peuvent porter à confusion quand vient le temps d'évaluer le succès d'une production destinée à l'internet. Contrairement aux cotes d'écoute BBM en télévision ou aux PPM en radio, il n'existe pas de méthode uniforme pour analyser le succès d'une émission sur le web.

Pourtant, les mesures d'achalandage seront bientôt prises en considération par le Fonds des médias du Canada (FMC) - qui subventionne la télévision et les projets web - pour l'obtention d'une subvention, au même titre que le succès d'écoute en télévision. Producteurs et diffuseurs devront donc se résoudre à parler le même langage.

«Ma plus grande difficulté, c'est d'obtenir des statistiques d'écoute», lance sans détour Claire Dion, directrice adjointe du Fonds indépendant de production (FIP), un organisme privé qui subventionne la webtélé au pays. «En ce moment, tout le monde essaie de préserver son modèle.»

«Il va pourtant falloir trouver une méthodologie pour mesurer le succès de ces contenus», ajoute Stéphane Cardin, vice-président industrie et affaires publiques pour le FMC, qui reconnaît qu'il n'y a pas d'uniformité dans la façon de mesurer l'auditoire en ligne. «C'est l'une de nos priorités, dit-il. Dans l'année qui vient, on va devoir trouver des pistes de solution. On va essayer, dans la mesure du possible, d'obtenir un consensus.»

Bien au fait des intentions du FMC de récompenser la performance, plusieurs plateformes de diffusion se disent ouvertes à l'idée. «À Télé-Québec, notre site internet a un très bon positionnement», affirme Maurice Boucher, porte-parole de la chaîne publique. «Il est encore trop tôt pour être inquiet ou enjoué.»

Du côté de radio-canada.ca, Jérôme Hellio, directeur des contenus originaux pour le secteur des services numériques de la SRC, souligne que les choix de programmation sur le web se font déjà en fonction de l'idée de rallier le plus de gens possible. Mais Isabel Dréan, cofondatrice du site kebweb.tv, ne voit pas les choses du même oeil. «Je pense que cette mesure peut nuire aux indépendants. On n'a pas les mêmes moyens pour promouvoir nos productions.» À suivre, donc.