En 2010, plusieurs nouveaux talents ont surgi dans toutes les disciplines. Notre série Nouveaux visages vous présente neuf de ces artistes qui devraient faire parler d'eux en 2011. Voici le 5e portrait de cette série.

Qu'ont en commun Sylvain, un assistant un peu trop efficace atteint du syndrome d'Asperger, Dominic, un prêtre déchiré entre son dévouement pour l'Église et son amour pour une femme, et Billy Boy, un géniteur qui veut assumer sa paternité? Ces personnages pour le moins colorés sont tous incarnés par un seul et même acteur: Marc Paquet, révélation du petit écran en 2010.

«J'ai compris que ça me prend ça pour hier est une expression familière plaisante qui joue sur des éléments d'absurde - une chose demandée aujourd'hui ne pouvant être prête hier -, et que cette expression avait pour but de signifier de manière humoristique que la recherche était urgente.»

Voilà le genre de réplique qu'on peut entendre de la bouche de Sylvain, l'assistant «un peu trop zélé» de Mauvais karma, une nouvelle série présentée cet automne à Radio-Canada. Il y a aussi Dominic, dans La galère, prêtre torturé qui avoue son amour à Mimi (Brigitte Lafleur) en lui remettant le corps du Christ.

Ces deux rôles, incarnés par Marc Paquet, ne sont pas passés inaperçus cette année. Ils ont même fait du comédien un des visages marquants de la dernière saison télévisuelle. Pourtant, lorsqu'on lui demande s'il a l'impression que 2010 a été une année charnière pour sa carrière, le principal intéressé fait preuve d'une grande humilité.

«Je ne peux pas dire que j'ai ce genre de pensée-là», a-t-il confié au cours d'une entrevue téléphonique, alors qu'il était à Caraquet, au Nouveau-Brunswick, pour le tournage de Belle-Baie, série dans laquelle il incarne Billy Boy Noël. «Je n'ai pas assez de recul. Je suis très, très heureux de ce qui se passe. J'ai travaillé fort cette année», ajoute-t-il en précisant qu'il se pince chaque matin pour s'assurer que tout ce qu'il vit est bel et bien réel.

Originaire de Port-Cartier, sur la Côte-Nord, le comédien de 35 ans n'en est pas à ses premières armes. Sorti de l'École de théâtre du Cégep de Saint-Hyacinthe, en 1997, Marc Paquet a campé de nombreux rôles au cinéma au cours des dernières années, notamment dans La peau blanche, Elles étaient cinq et La vie secrète des gens heureux. À la télé, il a joué dans Virginie, Chabotte et Fille, Il était une fois dans le trouble et Belle-Baie.

Ce sont pourtant, ses rôles dans La Galère et Mauvais karma qui semblent avoir contribué à le faire connaître du grand public. «C'est une question de timing, dit-il. Je me suis présenté aux auditions et j'ai obtenu les rôles. Les astres étaient alignés. C'est vraiment une chance d'incarner des personnages aussi différents, aussi bien définis», ajoute celui qui a élu domicile à Saint-Augustin-de-Desmaures, en banlieue de Québec.

Un rôle difficile

Mais c'est son personnage dans Mauvais karma qui lui a donné le plus de fil à retordre. «Sylvain étant dans un univers parallèle, c'est difficile de le rattacher à une situation donnée. Le but, c'est de se rapprocher le plus possible de quelque chose de vrai. Le gros, gros défi, ç'a été de travailler à partir du syndrome et, en même temps, que ça se tienne dramatiquement.»

En incarnant une personne atteinte du syndrome d'Asperger, il craignait par-dessus tout de blesser ou d'offenser, les gens qui souffrent de cette maladie. «C'est une arme à deux tranchants», dit-il.

Son rôle de prêtre que l'on voit batifoler avec Mimi dans une église aurait également pu faire l'objet d'une controverse. «Il faudrait vraiment faire preuve d'aveuglement volontaire pour dire que les histoires d'amour entre des prêtres et des femmes n'existent pas. Ça ne choque plus grand-monde aujourd'hui, qu'on soit pratiquant ou non. Je ne pense pas que ça puisse influencer la foi de quelqu'un.»

Et que pense-t-il de l'attitude de Dominic? Au départ, ce prêtre tourmenté abandonne Mimi (celle qu'il aime) et s'isole dans un monastère en Italie, pour ensuite revenir vers elle au moment où elle accouche de l'enfant qu'ils ont conçu ensemble.

«Je ne peux pas porter de jugement moral là-dessus, répond-il d'emblée, mais je peux très bien comprendre qu'on puisse être pris entre l'accès au bonheur de la vie familiale, amoureuse, et cette volonté de vouloir changer le monde, de vouloir apporter du bien autour de soi.»

À quelques jours de la fin d'une année exceptionnelle, que peut-on souhaiter à Sylvain-Dominic-Billy pour 2011?

«Je n'ai aucune idée de ce qui m'attend... C'est l'inconnu... J'attends de voir si les projets vont être reconduits. La Galère et Mauvais karma ont eu un bon succès d'écoute, mais je ne suis pas trop au courant de ce qui se trame pour l'avenir. En fait, je suis parmi les derniers à le savoir. Souvent, c'est ma blonde qui m'appelle après avoir lu dans le journal que le projet revenait... Sinon, je souhaite toujours que les projets soient intéressants, que les auteurs soient stimulants. J'aimerais peut-être avoir un autre projet au cinéma...»

Réalisateurs, le message est lancé.