Disney l'avait tenté, les héritiers de l'écrivain-aviateur français Saint-Exupéry y sont enfin parvenus: 65 ans après sa parution, Le Petit Prince a été adapté à la télévision pour une série animée qui prolonge les aventures du héros blond en une odyssée dans l'espace.

L'épopée de 26 épisodes, qui sera diffusée à partir de Noël sur la chaîne publique France 3 et dans plus de 80 pays, raconte les aventures du Petit Prince en voyage à travers les planètes pour sauver l'univers du serpent.

«Écrivez-moi vite qu'il est revenu». Les auteurs de la série se sont appuyés sur la dernière phrase du livre pour adapter le court chef d'oeuvre.

Ce conte poétique et philosophique, édité chez Gallimard, a été vendu à 134 millions d'exemplaires dans le monde depuis sa parution à New York en 1943, et a été traduit en 220 langues et dialectes.

«Adapter Le Petit Prince a été très difficile, car c'est à la fois un petit livre et une boîte de Pandore, d'une grande simplicité et d'une grande profondeur», témoigne Alexandre de la Patellière, coauteur de l'adaptation.

Pas question de photocopier l'oeuvre mais plutôt de faire «s'échapper» le personnage du livre, de prolonger ses aventures avec un univers graphique qui parle davantage à la jeunesse d'aujourd'hui.

Et pour se placer à hauteur d'enfant, au lieu de prendre le point de vue du narrateur adulte, la série fait du Petit Prince le conteur.

Les héritiers d'Antoine de Saint-Exupéry ont souhaité, avec cette libre adaptation, «apporter le message du Petit Prince aux enfants du XXIe siècle en passant par les nouveaux médias, avec un langage différent», explique le producteur, Aton Soumache. «Franchir le pas a été douloureux», confie-t-il.

«C'était un souhait difficile car l'oeuvre est intangible», renchérit François d'Agay, président de la Succession Saint-Exupéry, qui groupe les héritiers du pilote écrivain.

Walt Disney, raconte le neveu de l'auteur, avait fait une tentative mais le résultat était «plat, sans relief».

«Il fallait une solution: sortir le Petit Prince de son livre en gardant l'esprit», ajoute François d'Agay, que les premières images de la série ont «convaincu».

Le héros a été modélisé en trois dimensions, ses yeux ont été ouverts et colorisés en bleu. Le renard est devenu le compagnon drôle et râleur cher aux dessins animés contemporains, le serpent est secondé par des «idées noires» et un visage féminin a été mis au coeur de la rose.

Le personnage est romantique et moderne. Sa proximité avec la nature a été développée, pour en faire un «ambassadeur du développement durable». En 1946, rappelle le producteur, les baobabs du livre étaient censés représenter le totalitarisme...

Et surtout, les téléspectateurs découvriront un splendide univers de 24 planètes imaginé par les studios Method Animation, sur lequel pas moins de 450 personnes ont planché pendant trois ans, pour un budget global de 18,6 millions d'euros.

«C'est un Petit Prince fidèle transformé en héros pour les 6-10 ans», résume Thomas Dartige, responsable éditorial chez Gallimard Jeunesse, éditeur historique de l'écrivain.

Certains pourront reprocher aux concepteurs d'avoir dénaturé l'oeuvre originelle en «japonisant» le petit garçon au costume vert. «Je n'ai pas peur que l'oeuvre se perde car elle est inoxydable. Elle nous dépasse. Ça ne va pas forcément plaire aux adultes mais l'important c'est que ça parle aux enfants», répond Olivier d'Agay, directeur de la Succession.