Tous les propriétaires de chiens connaissent Cesar Millan, celui qui réhabilite les canins et éduque leurs maîtres. De passage pour la première fois à Montréal dans le cadre de la promotion de son spectacle Cesar Millan Live qu'il présentera le 4 novembre au Centre Bell, « l'homme qui parle aux chiens» est resté fidèle à lui-même en utilisant notre amour des toutous pour nous donner une leçon d'humanité.

Parfaitement détendu lors de sa conférence de presse au Centre Bell jeudi, ce qui est typique de son attitude «chef de meute», Cesar Millan a charmé les journalistes à qui il présentait le concept de son show live: un mélange de Broadway et de séminaire, dit-il, pendant lequel nous plongerons dans la psyché canine. Les pro-chiens parmi eux qui regardent son émission à Canal Vie -dont je suis- mangeaient dans sa main.

Assez pour qu'une journaliste lui demande d'expliquer l'adulation dont il est l'objet, puisque des milliers de gens iront voir son spectacle sans pourtant pouvoir amener leurs chiens avec eux. «Je crois que j'apporte de l'espoir, et les gens aiment l'espoir», a-t-il répondu.

Vrai qu'il a quelque chose d'un gourou, Cesar Millan. Il parle sans cesse d'énergie pour expliquer notre rapport aux chiens, qui ressentent et non intellectualisent les choses comme nous le faisons. Selon lui, apprendre à être le chef de meute à la maison peut servir dans tous les autres aspects de notre vie.

En privé, lorsque j'ai introduit Franz, mon yorkshire-terrier de 2 ans, je lui ai demandé s'il était parfois fatigué que chacun veuille lui présenter son chien. «Vous savez, tous les gens aiment leur chien, et lorsqu'ils en parlent, ils donnent de l'amour en même temps. Une personne qui, comme moi, comprend et ressent l'énergie, si elle se fatigue de l'amour, je pense que c'est stupide!»

Un débrouillard

Le parcours de Cesar Millan est une épopée. Né à Culiacán au Mexique, il a grandi dans une humble ferme avant de réussir péniblement à traverser en 1990 la frontière américaine pour se rendre en Californie. Il avait 21 ans, ne connaissait personne, n'avait pas un sou en poche, ne parlait pas anglais, et a dû vivre un mois dans la rue, avant de trouver un emploi comme toiletteur pour chiens.

Sa maîtrise étonnante des cabots agressifs l'a fait connaître, entre autres, de Jada Pinkett Smith (femme de Will Smith), qui l'a recommandé à d'autres stars aux prises avec des toutous récalcitrants. La carrière de Cesar Millan était lancée. Il a ouvert son centre de psychologie canine, créé sa fondation, décroché une émission de télé sur National Geographic (The Dog Whisperer, diffusée dans 105 pays), et tous ses livres sont devenus des best-sellers.

Vingt ans plus tard, que pense-t-il du chemin parcouru? «Je suis un être très discipliné et j'aime m'entourer par ce que je nomme «ma super meute», des personnes qui croient comme moi qu'on peut faire une différence. Je suis fier de la façon dont je me débrouille. Comment j'ai pu gérer les sacrifices, la douleur. Savoir que je vais manger, c'est bien, mais ne pas savoir que je vais manger, et survivre, c'est cool. Il faut surtout savoir se débrouiller dans les creux plus que dans les sommets. C'est dans les creux qu'on apprend à se battre, qu'on découvre à quel point on est fort et brave, et combien on a la foi. Nous devons traverser la douleur pour grandir, c'est de là que vient la sagesse, et je suis vraiment fier, à 41 ans, de n'avoir jamais abandonné mes rêves.»

Bref, a-t-il vécu le rêve américain? «S'il existe une chose pareille, je préfère dire que je vis le rêve humain. Il faut se voir comme un visionnaire, un explorateur, il ne faut pas créer de frontières dans notre esprit et notre coeur.»

Avec ce parcours du combattant, il doit être très étrange d'atterrir dans la névrose américaine, là où les gens aiment parfois plus les chiens que les êtres humains. Posons carrément la question: sommes-nous fous avec nos toutous? «C'est plutôt un manque de compréhension, dit-il. On est fou lorsqu'on sait ce qu'on doit faire avec eux et qu'on ne le fait pas! Quant aux gens qui préfèrent les chiens aux êtres humains, je pense qu'ils fuient quelque chose. Cela me rappelle cette phrase d'un philosophe: «Plus je connais les hommes, plus j'aime mon chien». Une personne qui pense cela ne veut pas en savoir plus sur elle-même. Nous sommes des êtres humains, c'est notre espèce, il faut apprendre sur nous. Ces gens fuient quelque chose et ils pensent que le chien va les aider à repousser ce qu'ils fuient. C'est comme l'alcool et la cigarette, c'est une façon de s'abrutir. Les gens qui n'aiment pas les autres pensent que le chien va combler leurs besoins. Mais pourquoi ne pas se sentir complet dans sa propre espèce et utiliser cette complétude dans tout le reste? C'est une belle façon d'être, non?»

- Wouf! Heu... Oui, en effet.

Cesar Millan Live, le 4 novembre au Centre Bell à 20h.